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Liban - Crise

Quand il n’y a plus que la violence pour défendre Assad...

Des avocats syriens ont agressé hier la délégation libanaise lors du Congrès des avocats au Caire. Le ministre de la Justice Achraf Rifi a appelé au boycott du régime syrien aux niveaux juridique et judiciaire.

Ouverture du Congrès des avocats arabes au Caire. Photo Sana

S'il existe encore dans le monde des personnes qui s'offusquent de voir la religion tournée en dérision de manière caricaturale au nom de la liberté d'expression, et qui défendent leurs convictions religieuses à coups de feu et par le sang, certains en sont encore à déifier des chefs politiques qu'ils sacralisent et sont prêts à les défendre de manière tout aussi barbare. C'est pour ces « intouchables » qu'il est nécessaire au quotidien de rappeler l'importance de la liberté d'expression qui n'a malheureusement jamais figuré dans leur credo fasciste, qu'ils soient en habit, en complet-veston ou même en robe d'avocat censé réfuter toute apologie de la violence comme moyen de résolution de conflits.

C'est d'ailleurs ce qu'ont prouvé une nouvelle fois hier les sympathisants du régime syrien de Bachar el-Assad, lors du Congrès des avocats arabes au Caire. Désespérés au point de ne plus supporter toute critique, les « avocats » de la délégation syrienne ont tout simplement opté pour la bagarre, quand l'avocat libanais Fadi Saad a accusé le régime en Syrie et l'armée syrienne de « tuer le peuple ». Des propos qui écorchent l'oreille et qui sont en effet très rudes et très peu agréables à entendre pour tout endoctriné qui se respecte et qui se doit, bien entendu, de faire taire toute langue qui ose s'en prendre à la « première démocratie en Orient ». Tous les moyens sont alors bons pour défendre la patrie, comme le montre de manière inouïe une vidéo de l'incident, et qui retransmet fidèlement l'état de chaos instantané qu'a créé le discours et la vague de remous qui s'en est suivie dès qu'ont été prononcés ces quelques mots. Une véritable vague humaine, comprenant des avocats syriens, qui se lève pour faire taire Fadi Saad et s'en prendre physiquement à la délégation libanaise, laquelle s'en est heureusement sortie saine et sauve.





Rifi et Cortbaoui condamnent

Le ministre de la Justice Achraf Rifi a en tout cas condamné l'assaut perpétré contre la délégation. Après avoir contacté les bâtonniers de Beyrouth et de Tripoli, Georges Jreige et Fahd al-Mokaddem, il a affirmé dans un communiqué que « cette attaque révèle la nature du régime syrien et de ses partisans qui se cachent sous leurs robes d'avocat alors que leurs agissements sont une copie conforme de ceux du régime ». M. Rifi a appelé au boycott du régime syrien aux niveaux juridique et judiciaire, assurant qu'il faut lui interdire toute participation dans les forums et congrès juridiques et judiciaires arabes, « vu sa nature antinomique de la liberté d'expression, de l'éthique et du respect des lois ». Il a également exhorté les autorités égyptiennes à prendre les mesures adéquates pour « punir les assaillants ».

Des affirmations reprises par le bureau de presse du courant du Futur, qui a dénoncé dans un communiqué l'agression « ignominieuse » des avocats libanais par leurs homologues syriens, qu'ils ont qualifiés de « chabbiha du régime », durant la séance réservée à la commission censée débattre des affaires relatives au terrorisme. Le bureau de presse du Futur a également démenti les informations selon lesquelles l'avocat Fadi Saad aurait été arrêté en Égypte, assurant que « l'Union des avocats arabes a décidé d'interroger trois des avocats de la délégation syrienne dont la participation à l'Union a été suspendue ».

Contacté par L'Orient-Le Jour, l'ancien ministre de la Justice Chakib Cortbaoui (Courant patriotique libre) a fermement dénoncé l'incident, affirmant qu'il refuse toute agression contre un avocat. M. Cortbaoui a toutefois souhaité avoir plus de détails sur la réunion qui se tenait au Caire, s'interrogeant sur le fait de savoir s'il s'agissait d'une réunion concernant une sous-commission juridique, vu que le bâtonnier de Beyrouth ne paraît pas dans la vidéo. M. Jreige, qui se trouve au Caire actuellement pour participer au Congrès, était pour sa part injoignable hier en soirée.

Les avocats du Parti national libéral ont également stigmatisé l'agression et appelé les deux ordres des avocats libanais à faire une requête auprès de l'Union des avocats arabes afin de suspendre la participation de l'ordre syrien des avocats immédiatement et de déférer les agresseurs devant la justice.

Quant au député Ziad Kadri, il a appelé l'État libanais à porter plainte et à recourir à une action en justice. De quoi se demander quels spécimens d'avocats défendront alors ces « hommes de droit agresseurs »...

S'il existe encore dans le monde des personnes qui s'offusquent de voir la religion tournée en dérision de manière caricaturale au nom de la liberté d'expression, et qui défendent leurs convictions religieuses à coups de feu et par le sang, certains en sont encore à déifier des chefs politiques qu'ils sacralisent et sont prêts à les défendre de manière tout aussi barbare....

commentaires (4)

Il n'y a plus que la violence pour le faire partir , aussi .

FRIK-A-FRAK

13 h 57, le 19 janvier 2015

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Commentaires (4)

  • Il n'y a plus que la violence pour le faire partir , aussi .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 57, le 19 janvier 2015

  • L'unique salut, sera la reprise définitive de Bagdad et de Damas par les Sunnites !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 42, le 19 janvier 2015

  • Personne ne peut me soupçonner d'une quelconque velléité de sympathie pour le régime syrien, mais je me demande un peu ce qui a poussé Me Fadi Saad à faire l'éloge de l'armée égyptienne, et de faire immédiatement la comparaion avec l'armée syrienne...C'est quand même bizarre dans un congrès d'avocats!

    Georges MELKI

    09 h 35, le 19 janvier 2015

  • À l'image du régime criminel qu'ils représentent...

    KHEIREDDINE EL-AHDAB

    02 h 15, le 19 janvier 2015

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