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À La Une - Egypte

Peines de prison allégées pour huit Egyptiens ayant participé à un "mariage gay"

Une chroniqueuse jugée pour "insulte à l'islam".

Les détenus égyptiens ayant participé à une vidéo d'un mariage gay, et accusés d'"incitation à la débauche" et "publication d'images indécentes", cachaient leurs visages lors de leur premier procès en Novembre 2014. AFP/STR

Une cour d'appel égyptienne a réduit samedi de trois à un an de prison la peine de huit jeunes hommes accusés d'être apparus dans la vidéo d'un "mariage gay", largement relayée sur les réseaux sociaux.

Ils avaient été condamnés en novembre pour "publication d'images indécentes" mais blanchis de l'accusation "de pratique et incitation à la débauche," après des examens rectaux imposés par les autorités aux prévenus pour déterminer leur orientation sexuelle. Ces examens avaient révélé que les huit hommes n'avaient pas eu de pratiques homosexuelles, selon le département médico-légal du ministère de la Justice.

Le nouveau verdict a été annoncé samedi par un responsable judiciaire aux familles des condamnés qui patientaient dans l'angoisse dans une salle d'audience d'un tribunal du Caire, a constaté un journaliste de l'AFP.  Les familles, qui s'attendaient à un acquittement, ont crié et pleuré à l'annonce de ce verdict, susceptible d'appel devant la Cour de cassation. "Ils ont volé mon coeur," s'est exclamée la mère d'un condamné en se frappant le visage. "Moustafa est perdu, son avenir est perdu," a crié la soeur d'un autre condamné.

 

(Lire aussi : Quand une journaliste égyptienne se vante d'être au service de la police des mœurs)

 

Ces huit personnes avaient été arrêtées en septembre après leur apparition dans une vidéo montrant deux hommes échangeant des alliances en petit comité, sur un bateau, entourés d'amis qui chantent et lancent des youyous. La vidéo avait été partagée par de nombreux internautes sur Facebook, Twitter et YouTube.

Les avocats de la défense n'ont eu de cesse d'affirmer que leurs clients n'étaient pas gays et ont accusé le tribunal d'avoir cédé face à la pression populaire, dans un pays conservateur où l'homosexualité est mal vue. Avant son arrestation, un des condamnés avait affirmé sur une chaîne de télévision privée que la vidéo avait été filmée durant un anniversaire.

La loi égyptienne n'interdit pas formellement l'homosexualité mais plusieurs personnes ont été condamnées pour "débauche" ces dernières années, accusées d'avoir pris part à des fêtes rassemblant des homosexuels. Ces affaires ont défrayé la chronique dans des médias égyptiens prompts à les dénoncer, voire à publier des photos. Vingt-six hommes sont actuellement devant la justice pour "débauche": ils sont accusés d'avoir organisé ou participé à "des orgies homosexuelles" dans un hammam du centre du Caire, où ils ont été arrêtés début décembre.

Trois Egyptiens avaient écopé en avril de huit ans de prison pour avoir, selon les autorités, organisé "une fête déviante" et pratiqué "la débauche". L'ONG Human Rights Watch (HRW) accusait en septembre les autorités égyptiennes d'avoir "à plusieurs reprises arrêté, torturé et détenu des hommes soupçonnés de conduite homosexuelle".

 

(Lire aussi : Liban : « Les examens de la honte » dans les casernes, dénoncés par l'Agenda juridique)

 

Une chroniqueuse jugée pour "insulte à l'islam"

Par ailleurs, une célèbre chroniqueuse égyptienne sera jugée le 28 janvier pour "insulte à l'islam" après avoir tenu sur les réseaux sociaux des propos considérés comme critiques de l'Aïd al-Adha, l'une des plus grandes fêtes musulmanes, a indiqué samedi un responsable judiciaire. La loi égyptienne punit toute insulte ou manque de respect à l'égard des trois religions monothéistes que la Constitution du pays reconnaît et protège: l'islam, le christianisme et le judaïsme.

"Joyeux massacre", avait écrit la chroniqueuse Fatma Naout sur Facebook début octobre, au moment de l'Aïd al-Adha. Durant cette fête, les fidèles sont invités à sacrifier un animal, une tradition qui reproduit, selon la coutume, le geste du patriarche Abraham, qui avait reçu un mouton à sacrifier à la place de son fils après avoir accepté la demande divine de tuer sa progéniture. Mme Naout avait aussi parlé de "massacre commis par l'Homme depuis dix siècles et demi, reproduit chaque année avec le sourire" et de "massacre annuel qui se reproduit à cause du cauchemar d'un des (prophètes) au sujet de son fils". "Et bien que le cauchemar soit passé pour (le prophète) et son fils, chaque année des êtres impuissants payent de leur vie (...) le prix de ce cauchemar sacré", avait-elle ajouté dans ce commentaire, qu'elle a effacé après la polémique qu'il a déclenché.

La chroniqueuse a reconnu durant son interrogatoire avoir écrit ces propos mais a nié avoir voulu insulter l'islam, selon un responsable du parquet. Elle a été déférée devant la justice pour "insulte à l'islam" et pour "avoir moqué le rite du sacrifice" après la plainte d'un avocat, selon la même source.

La chroniqueuse, célèbre pour ses positions anti-islamistes, a réagi vendredi soir en écrivant sur Facebook : "C'est le prix à payer par (toutes les personnes) éclairées à toutes les époques," précisant que ses propos "appelaient au respect de l'offrande (...) plutôt que de l'humilier en inondant de son sang le sol".

Mme Naout avait participé la semaine dernière à un entretien réunissant le président Abdel Fattah al-Sissi et des intellectuels égyptiens. Elle avait déclaré que le chef de l'Etat, qui a renversé le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, "a appelé les intellectuels à former un courant d'éclairés pour confronter l'idéologie takfiriste (ndlr: idéologie extrémiste) qui défigure la religion".

En juin, un chrétien a été condamné à six ans de prison pour avoir insulté le prophète Mahomet sur Facebook, ce qui avait provoqué des heurts confessionnels dans son village du sud de l'Egypte.

 

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