La municipalité de Zahlé a décidé hier de retirer le permis de construire qu'elle avait octroyé aux frères Fattouche, dont le député et ancien ministre Nicolas, un permis qui devait servir, selon les détracteurs du projet , à installer une cimenterie dans la plaine de la Békaa. Cette mesure de retrait intervient après que l'équipe de la chaîne al-Jadeed, venue filmer un reportage sur le projet en question, fut agressée jeudi par des hommes de main de Pierre Fattouche. Ce dernier avait confié la veille à L'Orient-Le Jour qu'une cimenterie n'allait pas être édifiée dans la plaine. « Un tel projet nécessite un terrain d'au moins 300 000 mètres carrés et une montagne de près de 5 millions de mètres carrés, ce qui n'est pas le cas de la plaine », avait-il noté. Pour sa part, la chaîne télévisée al-Jadeed a affirmé que huit des agresseurs ont été identifiés, l'un d'entre eux étant un caporal au sein des Forces de sécurité intérieure.
Le bloc des députés de Zahlé, qui a tenu hier sa réunion périodique présidée par le député Tony Abou Khater en présence des députés Élie Marouni, Joseph Maalouf, Assem Araji et Chant Chinchinian, s'est penché sur l'affaire du permis de construire une cimenterie dans la ville. Le bloc a rappelé avoir tenu une réunion avec le ministre de l'Industrie Hussein Hajj Hassan au Parlement afin de s'informer de la réalité de ce projet loin des médias, avant que les choses ne dégénèrent et que l'équipe de la chaîne al-Jadeed ne soit agressée. Le bloc a de ce fait dénoncé l'attaque menée par les propriétaires de cette usine contre l'équipe journalistique et des citoyens dans la ville, appelant les services de sécurité à poursuivre les agresseurs en justice et appelant à faire prévaloir le langage de la raison. Le communiqué publié au terme de la réunion a également noté que le bloc a discuté des répercussions du projet sur l'agriculture, l'environnement et l'industrie, soulignant qu'il poursuivra ses rencontres avec les ministères compétents pour faire face à tout ce qui porte atteinte aux Zahliotes et à leur santé. Le bloc s'est enfin dit étonné de la position prise par le chef de la municipalité de la ville.
L'agression contre l'équipe télévisée d'al-Jadeed par les hommes de main de Pierre Fattouche a par ailleurs été dénoncée par le président du Conseil national de l'audiovisuel Abdel Hadi Mahfouz qui a estimé que cette dernière est une tentative d'empêcher l'accès du citoyen à la vérité qui reste un droit naturel consacré par la loi. « En théorie, les journalistes bénéficient d'une immunité dans l'exercice de leur profession, mais cette immunité est bafouée à chaque fois sans qu'aucune autorité juridique ou aucun appareil sécuritaire ne bouge le petit doigt. Le journaliste n'est pas un bouc émissaire », a-t-il déclaré.
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