Le Conseil des ulémas a appelé mardi soir, lors d'une conférence de presse, les jihadistes à s'engager à ne pas exécuter les militaires libanais qu'ils retiennent en otage depuis début août. "J’appelle les éléments armés dans le jurd du Qalamoun à promettre qu'aucune exécution n'aura lieu à partir d'aujourd'hui", a déclaré le chef du Comité des ulémas, le cheikh Salem Rafeï, à l'issue d'une réunion avec le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk.
Début août, lors de combats à Ersal, les jihadistes ont kidnappé une trentaine de militaires et policiers libanais. Lundi, le Premier ministre Tammam Salam a précisé que 25 policiers et militaires libanais sont encore aux mains du Front al-Nosra et du groupe État islamique. Quatre otages ont été mis à mort, dont deux par décapitation. Le dernier assassinat remonte à vendredi dernier, quand le Front al-Nosra a tué Ali Bazzal.
Concernant les islamistes détenus à Roumieh, que les jihadistes veulent échanger contre leurs otages, le Comité des ulémas a estimé que "leur libération est un devoir". "Nous avons ressenti du sérieux de la part du gouvernement en ce qui concerne la libération de certains détenus", a noté le cheikh Rafeï en réponse à la question d'un journaliste sur d'éventuelles libérations. "Nous veillons à sauver les militaires otages, personne ne mérite d'être tué", a-t-il également dit. "Nous n'avons pas encore commencé à parler avec les éléments armés et nous ne le ferons pas avant d'être mandatés par le gouvernement", a-t-il encore souligné.
Cette demande avait déjà été mise en avant lundi par le Comité des ulémas, alors que les familles des otages lui avaient lancé un appel à intervenir dans le dossier après l'annonce, par le Qatar dimanche soir, de la fin de sa mission de médiation.
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La conférence du Comité de ulémas intervient également après un nouveau développement dans l'affaire des militaires otages. L'Agence nationale d'information (Ani, officielle) a rapporté mardi que Ola al-Oqaïly, épouse d'Anas Charkas, alias Abou Ali al-Chichani, un commandant jihadiste syrien, avait été libérée la veille par le tribunal militaire et transférée à la Sûreté générale. Alors que dans un premier temps, l'Ani avait fait état d'un développement similaire en ce qui concerne Saja al-Doulaïmi, ex-femme du chef du groupe État islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi, l'agence a précisé plus tard que cette dernière restait détenue au tribunal militaire qui a émis un mandat d'arrêt à son encontre.
On avait appris la semaine dernière que les deux femmes avaient été arrêtées une dizaine de jours plus tôt au Liban.
L'Ani a précisé qu'un mandat d'arrêt a été lancé contre Saja al-Doulaïmi ainsi que contre son époux actuel, un ressortissant Palestinien.
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Juste après cette annonce, le Comité des ulémas avait déjà promis d'œuvrer davantage à la libération des militaires et policiers. "Nous disons aux familles : après une éventuelle libération de Saja et de Ola, nous œuvrerons à l'arrêt des mises à mort des otages. La libération des deux femmes n'est pas une condition pour que nous entreprenions des démarches, mais elle est nécessaire afin que nous puissions négocier avec l'autre partie", avait souligné le cheikh Rafeï dans l'après-midi à l'issue d'une rencontre avec le ministre de la Justice Achraf Rifi. "Il s'est avéré qu'aucune charge n'a été retenue contre la femme d'al-Chichani. Concernant Saja al-Doulaïmi, il y a un petit problème, mais rien de grave, rien de sécuritaire", avait-il ajouté.
Les familles des militaires otages ont salué les développements concernant Saja al-Doulaïmi et Ola al-Oqaïly. "C'est évidemment un développement positif, sachant qu'il pourrait faciliter la libération de nos proches", a confié Hussein Youssef, l'un des porte-paroles des proches des militaires otages, interrogé par la LBCI. "Dès le départ, nous étions contre l'arrestation des femmes et des enfants en question", a commenté Hussein Youssef.
Le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt et le ministre de la Santé Waël Bou Faour, se sont, par ailleurs, rendus mardi à la place Riad el-Solh où les familles des militaires enlevés tiennent un sit-in depuis plusieurs semaines. Le leader druze s'est contenté de réaffirmer sa position sur ce dossier : "Ma position est claire, elle est semblable à celle de Nabih Berry : l'échange sans restrictions et sans conditions".
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commentaires (5)
mais c'est koi se B***L?!!?
Bery tus
00 h 35, le 10 décembre 2014