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À La Une - Reportage

A Gaza, le blocus se renforce et les prix s'envolent

Le chômage touche désormais 63% des jeunes.

Un vendeur de cigarettes dans une rue de Gaza. Mahmud Hams/AFP

Les prix flambent à Gaza. Les Gazaouis subissaient déjà le blocus israélien. Dans les décombres de la guerre, ils font désormais les frais de la zone-tampon créée par l'Egypte le long de la frontière avec l'enclave palestinienne.

Avant, Jihad Ahmed payait son paquet de cigarettes 10 shekels, soit deux euros. Aujourd'hui, le prix en a quasiment triplé: 28 shekels ! Ce Gazaoui de 18 ans en est réduit à acheter ses cigarettes au détail. Trois shekels pour trois cigarettes qu'il fumera avec parcimonie tant son budget est maigre.

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Imed Chalbiya, qui lui tend ses cigarettes, explique la hausse des prix par le chantier en cours du côté égyptien de la frontière, au sud de la bande de Gaza. Les Egyptiens construisent un glacis pour contrer la menace d'attentats jihadistes qui se multiplient car ils soupçonnent des activistes palestiniens de prêter main forte à leurs auteurs.
Les tunnels qui reliaient Gaza et l'Egypte "ont été fermés et, d'un coup, la réserve de cigarettes à Gaza a fondu, faisant monter en flèche les prix", dit Imed Chalbiya à l'AFP. En plus, "les propriétaires des rares tunnels encore en fonctionnement exigent 650 euros pour le transport de chaque carton de cinquante cartouches de cigarettes".
Les mêmes causes produisent les mêmes effets sur les produits de première nécessité ou l'électronique.

Fini, le fromage égyptien

Territoire exigu et surpeuplé coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, la bande de Gaza est depuis 2006 étouffée par un strict blocus israélien. La seule bouffée d'oxygène venait des tunnels de contrebande d'où se déversaient toutes sortes de produits venus d'Egypte. Après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, le nouveau pouvoir égyptien a radicalement changé de politique à l'égard des 1,8 million de voisins gazaouis, détruisant 1.600 tunnels et coupant quasi-totalement leurs voies d'approvisionnement.

(Lire aussi : Le maire d'Ashkélon interdit les ouvriers arabes dans les écoles)

La guerre de juillet-août déclenchée par Israël, l'ampleur de la dévastation et des besoins et la rareté des marchandises faisaient déjà redouter aux habitants de Gaza une envolée des prix. Mais le renforcement du blocus égyptien alourdit les factures.
"On vendait du fromage égyptien pour 10 ou 11 shekels, raconte Abou Mohammed, qui possède un petit supermarché à l'ouest de la ville de Gaza. Il est à plus de 23 shekels maintenant. Je n'en vends plus. Plus personne ne l'achète à ce prix".

Dans son magasin d'électronique, Mohammed Safi abonde: "L'iPhone 5 coûtait 2.200 shekels. Maintenant, c'est 2.600".

La bande de Gaza est plus que jamais un marché captif pour Israël. Hanine Youssef, 27 ans, achetait "seulement des produits égyptiens, ils étaient moins chers et je ne voulais pas soutenir l'économie israélienne". A présent, "il n'y a plus le choix: les seuls produits disponibles sont israéliens".

Situation "catastrophique"

Quand les tunnels fonctionnaient à plein régime, les matériaux de construction représentaient un business de plus d'un milliard d'euros par an, selon Ayman Abed, du ministère de l'Economie. Sans ciment ni graviers, ce sont 35.000 Gazaouis qui se sont retrouvés au chômage - fléau qui touche désormais 63% des jeunes - alors que des dizaines de milliers de maisons ont été détruites ou endommagées par la dernière guerre, dit-il.

(Lire aussi : Le PIB israélien plombé par la guerre à Gaza)

Les matériaux de reconstruction rentrent par chargements limités, en raison de l'inquiétude d'Israël qu'ils ne soient détournés contre lui. Distribués via l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), les sacs de 50 kilos de ciment sont revendus aux particuliers 5,5 euros pièce, mais 42 sur le marché noir.
"A l'époque des tunnels, la tonne de ciment se vendait 380 shekels (80 euros). Maintenant, elle est à 3.800 shekels au marché noir", affirme Souheil Touman, qui vend des matériaux de construction.

A Gaza, où selon l'ONG Oxfam 80% de la population vit de l'aide humanitaire, les prix étaient traditionnellement bien moins élevés qu'en Cisjordanie occupée a fortiori à Jérusalem. Aujourd'hui, les étals gazaouis proposent "des produits d'exportation israéliens, au prix initial plus élevé, et auxquels ont été ajoutées de fortes taxes" imposées à leur entrée dans l'enclave, dit l'économiste Amr Chaabane.
Pour lui, "la situation économique est littéralement catastrophique. Elle n'a jamais été aussi mauvaise à Gaza depuis des décennies".


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