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Liban - Militaires otages

Pour les familles des otages, le supplice chinois

Après une journée mouvementée, marquée par une confrontation avec les forces de l'ordre suite à la fermeture de l'entrée nord de Beyrouth par deux fois, au niveau de Saïfi, les parents sont revenus à leur lieu habituel de sit-in.

Le soldat Ali Bazzal était de nouveau hier au centre de l'actualité. C'est une vraie douche écossaise, voire un inhumain supplice chinois, que les jihadistes qui le retiennent en otage ont réservée à sa famille, après avoir publié, à travers un compte Twitter, une photo de lui à genoux dans la neige, un homme cagoulé lui portant un couteau à la gorge. Le soldat faisait l'objet d'un ultimatum du Front al-Nosra, le groupe qui l'a enlevé ainsi que plusieurs autres militaires, début août, lors de la bataille d'Ersal, ce qui a plongé sa famille dans un profond désarroi.

La nouvelle du report de cette exécution par le groupe terroriste est tombée en soirée. Mais le soulagement a été de courte durée. Une information publiée par l'agence d'informations turque Anatolie est revenue semer le trouble : une « source » du Front al-Nosra y affirmait que le groupe « n'a pas renoncé à exécuter Ali Bazzal ni n'a prolongé le sursis ». « L'équation est simple, poursuit cette source. La libération d'une prisonnière au Liban contre la suspension de l'exécution. » Plus tard, à une heure avancée de la soirée, le groupe jihadiste a attendu jusqu'à la dernière minute avant la fin de l'expiration du délai, à 23 heures 30, pour annoncer sa décision de reporter l'exécution du soldat Ali Bazzal. Une décision aussitôt démentie par un « correspondant » au Qalamoun. De quoi entretenir ainsi le supplice chinois... De sorte qu'à l'heure d'aller sous presse, l'incertitude entourait toujours le sort de Ali Bazzal.

Pour reporter l'exécution, le Front al-Nosra réclame la libération d'une prisonnière détenue au Liban, Joumana Hmayed, arrêtée en février dernier par l'armée alors qu'elle conduisait une voiture piégée dans la Békaa, venant de Syrie, pour la livrer à un attaquant-suicide qui comptait la faire exploser au Liban.

Toute la journée d'hier, des informations faisaient état de tentatives menées par cheikh Moustapha Hojeiri, un cheikh islamiste qui a souvent joué le rôle d'intermédiaire dans l'affaire des otages, pour dissuader le groupe jihadiste de mettre sa menace à exécution. Pourtant, la femme de Ali Bazzal a déclaré en soirée aux médias que cheikh Hojeiri confirmait l'intention du Front al-Nosra de ne pas proroger le sursis tant que la prisonnière n'était pas libérée.

 

(Lire aussi : La libération de Imad Ayad, ou comment négocier avec les preneurs d'otages ..., le décryptage de Scarlett Haddad)



Interrogé par L'OLJ vers 22h, le député Hadi Hobeiche a souligné que « les informations autour du soldat Bazzal restent contradictoires jusqu'à nouvel ordre ». Il a assuré que « les contacts se poursuivent entre le Premier ministre Tammam Salam, le ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk et tous les responsables concernés ». Le ministre Waël Bou Faour déclarait pour sa part à L'OLJ, en soirée, que « la menace persiste, la situation est mauvaise, mais nous poursuivons les négociations pour éviter le pire ».

Le père de Ali Bazzal confiait peu avant à L'OLJ qu'il « s'en remet à Dieu pour sauver son fils ». « C'est la quatrième fois qu'il frôle la mort et que nous recevons des nouvelles de son exécution imminente, a-t-il ajouté. À chaque fois, c'est le cataclysme dans notre famille. Sa mère, ses sœurs, nos proches et moi-même sommes dans un état de fatigue extrême. »

Notons que la direction de la Sûreté générale avait indiqué, dans un communiqué, que le général Abbas Ibrahim a contacté l'émissaire qatari chargé des négociations avec les ravisseurs. Ce dernier devrait reprendre sa mission incessamment.

Une évacuation musclée
Pour les parents de militaires enlevés, la journée d'hier a été longue et difficile. Sortant du périmètre de leur sit-in habituel place Riad Solh, sous l'effet des menaces contre leurs fils, ils ont fermé une première fois, en matinée, l'entrée nord de Beyrouth au niveau de Saïfi, avant d'en être évacués par la force par les services de l'ordre. Cette première escalade était mue par un ultimatum de 24 heures lancé jeudi soir par le Front al-Nosra qui menaçait d'exécuter un des otages. Manifestants et journalistes ont été brusqués par la police antiémeute qui tentait de rouvrir la route de Saïfi. Personne n'a été épargné, à en croire les témoignages.

 

(Lire aussi : La fermeté a triomphé : « Il n'y aura plus de fermeture de routes », martèle Machnouk)


Rima Geagea, belle-sœur du militaire otage Pierre Geagea, raconte à L'OLJ qu'elle a été hospitalisée suite à un coup reçu par des membres des forces de l'ordre. « J'ai l'os de l'épaule fêlé, dit-elle. Nous menions un sit-in pacifique pour demander la libération des camarades de ces agents de l'ordre qui sont venus nous évacuer de force. Ils ne nous avaient jamais brusqués auparavant. Or voilà qu'ils nous dispersent à l'aide de canons à eau. Nous ne sommes pas heureux de bloquer des routes, nous y sommes acculés. Et malgré ma blessure, je ne renoncerai pas aux manifestations. »

Rima Geagea n'est pas la seule à avoir été hospitalisée, la mère du militaire otage Khaled Mokbel l'a été aussi, ainsi que d'autres. Quant aux journalistes, ils n'ont pas été épargnés dans les efforts des forces de l'ordre de les séparer des manifestants. Des images tournées par les cameramen et exposées à la télé montrent l'étendue de la panique qui a régné à ce moment-là à Saïfi.

Quoi qu'il en soit, les parents d'otages sont revenus fermer la route de Saïfi l'après-midi, sans confrontation avec les forces de l'ordre cette fois. Les réactions outrées de certains responsables comme le député Walid Joumblatt, le ministre Ramzi Jreige ou le ministre Waël Bou Faour y sont probablement pour quelque chose. Cette nouvelle manifestation n'a duré que quelques heures, suite auxquelles les parents d'otages ont retrouvé leur lieu de sit-in habituel, pour y suivre les vicissitudes des menaces d'exécution contre Ali Bazzal.

 

Lire aussi
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commentaires (5)

Et, pauvres Otages français de ce temps-là !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 58, le 29 novembre 2014

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Commentaires (5)

  • Et, pauvres Otages français de ce temps-là !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 58, le 29 novembre 2014

  • Chantage fou est cette libération d'une prisonnière au Liban contre la suspension de l'execution de Ali Bazzal.Le gouvernement devra trancher .

    Sabbagha Antoine

    13 h 33, le 29 novembre 2014

  • N'ENTENDEZ PLUS LES BOYCOTTEURS ! LIBÉREZ NOS SOLDATS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 27, le 29 novembre 2014

  • C'est le même scénario macabre initié au départ par les takfiristes terroristes fakkihistes, et appliqué en premier aux otages du Liban dans les années 80 ! Tféhhh et retféhhh sur ces mises en scène héritées de ce passé infect de ces années 80, mahééék n'est-ce pas !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 20, le 29 novembre 2014

  • Je ne doute pas une seconde du calvaire que subissent les familles et je suis de tout Coeur solidaire de leur souffrance , par contre ce sentimentalisme journaleux me degoute , cette orgie qui nous est presentee ne sert que les dessins des salafowahabites criminels , inconsciemment ou pas vous leur servait de tribune , arretez donc ce jeu macabre , faites comme en France ou aux us que vous dites admirer et passer le voile sur cette comedie macabre que vous nous servez comme un trophe que vous ne meritez pas de brandir . 3ayb !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 10, le 29 novembre 2014

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