Rechercher
Rechercher

Liban - Décryptage

La libération de Imad Ayad, ou comment négocier avec les preneurs d’otages ...

Au moment où les familles des militaires pris en otage s'inquiètent sérieusement sur le sort réservé à ces derniers, le Hezbollah a réussi à obtenir la libération de Imad Ayad, enlevé il y a trois semaines dans la région du Qalamoun syrien par des éléments armés relevant de l'Armée syrienne libre. Pour les familles éplorées des militaires, la nouvelle de la libération de Imad Ayad a un goût amer parce qu'elle semble mettre en évidence la réussite du Hezbollah face à l'échec de l'État libanais puisque les militaires enlevés sont sur le point de commencer leur cinquième mois de détention. Mais le Hezbollah n'a pas voulu narguer qui que ce soit. Il a simplement voulu partager la joie d'avoir réussi à remettre en liberté un des siens, tout en faisant profiter ceux qui le souhaitent de sa façon de traiter avec les ravisseurs, en leur donnant une contrepartie acceptable et non disproportionnée. En même temps, le Hezbollah voulait montrer à son public et à ses partisans que la détermination de ne laisser aucun de ses hommes entre les mains des ravisseurs est aussi valable lorsque ceux-ci ne sont pas des Israéliens. Il avait d'ailleurs déjà libéré un des siens détenu en Égypte où il devait être jugé, après la chute de Moubarak, grâce à une opération militaire complexe.


Contrairement à ce qui a été dit dans la presse hier, les ravisseurs de Imad Ayad faisaient partie de l'Armée syrienne libre, et non du Front al-Nosra. C'est donc avec cette formation qu'ont commencé les négociations. Comme avec l'affaire des soldats libanais pris en otage, les négociations ont rapidement été entamées via un médiateur syrien. Mais l'ASL avait fixé la barre très haut. Elle réclamait en contrepartie de la libération de Imad Ayad, la remise en liberté de 20 de ses combattants détenus dans les prisons syriennes, l'évacuation par le Hezbollah et l'armée syrienne d'un village dans le jurd du Qalamoun pour qu'elle puisse assurer sa survie pendant les longs mois d'hiver, ainsi qu'une grosse somme d'argent.

Dès qu'il a eu vent de ces conditions jugées inacceptables, le Hezbollah a décidé de couper court aux négociations. Une de ses troupes d'élite a aussitôt mis au point un plan très délicat et audacieux d'attaque d'une position de l'ASL dans le jurd du Qalamoun. L'attaque a eu lieu de plein jour et a permis au Hezbollah d'enlever deux responsables de l'Armée syrienne libre dans ce secteur. Il a fait alors de nouveau appel au médiateur syrien pour reprendre les négociations, mais cette fois dans de meilleures conditions. De fait, les négociations n'ont pas duré longtemps, et en deux semaines l'accord était conclu : Imad Ayad serait relâché en contrepartie de la remise en liberté par le Hezbollah des deux responsables de l'ASL, Merhi Merhi et Merhef Abdel Ghani Rayes.

Cela s'est donc passé dans la plus grande discrétion et, il faut le dire, avec la plus grande fermeté. Pour le Hezbollah, il n'était pas question de céder au chantage des ravisseurs et il considère donc qu'un de ses membres contre deux combattants du camp adverse est une équation acceptable. Les sources qui ont suivi de près les négociations précisent que les autorités concernées au sein de l'État libanais étaient tenues informées des développements, même s'il n'était pas question de mélanger les deux cas. D'une part, l'État libanais est responsable des négociations avec les ravisseurs des militaires enlevés et, d'autre part, ces militaires sont entre les mains d'al-Nosra et de Daech, alors que Imad Ayad était entre les mains de l'Armée syrienne libre.


En rendant publique la nouvelle de la libération de Imad Ayad, le Hezbollah n'a voulu ni attrister les familles des militaires enlevés ni pavoiser devant les autorités libanaises qui n'arrivent pas à mener leurs négociations à une fin heureuse. Il ne voit simplement pas de raison de maintenir une telle nouvelle secrète, alors que face à son public et à ses partisans il a une fois de plus montré sa crédibilité et sa détermination.


En même temps, le parti chiite a voulu donner une idée sur la façon de mener les négociations aux autorités libanaises dont la politique semble parfois un peu confuse dans ce dossier. Les preneurs des otages avaient par exemple réclamé à un certain moment 50 détenus dans la prison de Roumié contre la libération d'un seul militaire. C'est une équation illogique, d'autant qu'au final, ce sont les combattants, coincés dans un jurd inhospitalier, qui sont le plus en difficulté et qui ont besoin des négociations pour obtenir un allègement de leurs conditions de vie en hiver. Quand on pense par exemple qu'il y a une dizaine de jours l'armée libanaise avait arrêté un colonel de l'ASL, Abdallah Rifaï, dans la région de Ersal. Celui-ci aurait pu servir de monnaie d'échange, mais la justice l'a relâché il y a quelques jours.

Dans un dossier aussi complexe et sensible, l'État libanais devrait utiliser toutes les cartes possibles, mais surtout cesser de prêter le flanc au chantage des ravisseurs, véhiculé à travers les médias et les familles des militaires enlevés. L'enlèvement des militaires est une affaire sérieuse qui ne touche pas seulement les familles de ces derniers. Elle concerne l'État tout entier, sa crédibilité et son prestige. Contrairement à ce que prétendent certains médias, le Hezbollah ne s'est jamais déclaré hostile à un échange de prisonniers, ni au sein du gouvernement ni dans les médias. Il sait parfaitement, pour l'avoir déjà essayé, qu'il y a un prix à payer pour que les négociations pour la libération des otages aboutissent, mais ce prix ne doit pas être exorbitant au point de mettre en cause l'autorité de l'État...

 

Lire aussi

La perte de crédibilité du Hezbollah plombe les possibilités de détente durable

Au moment où les familles des militaires pris en otage s'inquiètent sérieusement sur le sort réservé à ces derniers, le Hezbollah a réussi à obtenir la libération de Imad Ayad, enlevé il y a trois semaines dans la région du Qalamoun syrien par des éléments armés relevant de l'Armée syrienne libre. Pour les familles éplorées des militaires, la nouvelle de la libération de Imad...

commentaires (10)

Tout d'abord l'Armée syrienne libre - ASL, qui détenait le combattant du Hezbollah, n'a aucune ressemblance avec DAECH et Al-Nosra, n'en déplaise à tous les laquais de la tyrannie de Damas. Mais l'essentiel c'est que ce Décryptage veut nous dire en somme ceci : ça c'est un Etat, l'Etat du Hezbollah ! L'Etat libanais, lui, est fichu et ne vaut rien. Le message est capté. Qu'une fois pour toutes Hassan Nasrallah déclare l'annexion de cet Etat libanais et tous les Libanais citoyens de l'Etat du Hezbollah. Puis que celui-ci libére les soldats otages. Après tout c'est lui qui a amené Daech et al-Nosra au jurd et à Ersal où ils ont kidnappé ces soldats. Et qu'on en finisse avec toute cette situation écoeurante.

Halim Abou Chacra

18 h 41, le 27 novembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Tout d'abord l'Armée syrienne libre - ASL, qui détenait le combattant du Hezbollah, n'a aucune ressemblance avec DAECH et Al-Nosra, n'en déplaise à tous les laquais de la tyrannie de Damas. Mais l'essentiel c'est que ce Décryptage veut nous dire en somme ceci : ça c'est un Etat, l'Etat du Hezbollah ! L'Etat libanais, lui, est fichu et ne vaut rien. Le message est capté. Qu'une fois pour toutes Hassan Nasrallah déclare l'annexion de cet Etat libanais et tous les Libanais citoyens de l'Etat du Hezbollah. Puis que celui-ci libére les soldats otages. Après tout c'est lui qui a amené Daech et al-Nosra au jurd et à Ersal où ils ont kidnappé ces soldats. Et qu'on en finisse avec toute cette situation écoeurante.

    Halim Abou Chacra

    18 h 41, le 27 novembre 2014

  • "la nouvelle de la libération de Imad Ayad a un goût amer parce qu'elle semble mettre en évidence la réussite du Hezbollah face à l'échec de l'État libanais", pourquoi amer? Certains se réjouissent des méthodes du Hezbollah (qui est une milice comparable à toutes celles qui existent dans la région). La réussite du Hezbollah est en soi un échec pour l'Etat libanais et l'échec de ce dernier est l'un des objectifs recherchés par toutes les milices de la région

    Olivier Georges

    12 h 37, le 27 novembre 2014

  • L'Etat libanais aurait du, depuis longtemps, suivre l'exemple du Hezbollah. Avec des terroristes, c'est comme ca qu'il faut agir. Bravo au Hezb, notre heros, et bravo a vous Scarlett pour cet article excellent.

    Michele Aoun

    11 h 02, le 27 novembre 2014

  • Par la désinformation et le mensonge, votre façon de vouloir défendre le Hezbollah n'en devient que plus abjecte!!! Relisez les déclarations de vos mentors avant d'avancer que le Hezbollah n’était jamais contre les échanges!!! Il est au gouvernement qui ne peux prendre aucunes décisions sans unanimité! Il agit, respire et travaille pour un seul but qui est la destruction du pays tel quel et l'instauration de la république islamique a l'Iranienne!!! Aucune de ses actions ne sont innocentes et il conduit le pays a une nouvelle guerre civile qui, si elle a été évité a ce jour, ce n'est que par les efforts des responsables du 14 Mars. Pas besoin de vous rappeler les déclarations de votre Général chéri qui poussait a l'extermination de ses opposants. Le Hezbollah ferait n'importe quoi aujourd'hui pour rétablir son image totalement ternie auprès des citoyens Libanais. Mais en même temps il en profite pour discréditer l’armée et l’état le plus possible. Le parti n'a pu instaurer sa république contre nature hier, il ne pourra le faire demain et est voué a l’échec. Bientôt et pas plus tard qu'au début de l’année prochaine, il commencera a faire marche arrière et petit a petit a lâché du lest car il sombre. Ce n'est pas Hariri qui lui courre après mais lui qui cherche a ouvrir des vies d'entente car sa situation n'est pas enviable. Le TSL n'est pas étranger non plus a ce changement d'attitude car ce parti va devoir rendre des compte et il le sait.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 06, le 27 novembre 2014

  • Cette grande journaliste nous apprend que négocier avec des miliciens/mercenaires est plus facile qu'avec un Etat inexistant. Il ne fallait pas écrire tout cet article pour nous le dire. Carlos Achkar

    Achkar Carlos

    09 h 57, le 27 novembre 2014

  • Libre a vous Scarlett de nous dire que l'asl est different de anosra qaida daech etc... mais pour ceux qui comprennent c'est la meme racaille qui se balade d'un groupe a un autre au gre des positions de force , facile a verifier sur le terrain . Mais on a recu le message du hezb resistant a qui on ne peut pas apprendre ce que negocier veut dire , il l'a fait avec les patrons des salafowahabites , pourquoi ne pas le faire avec les larbins eux memes ?? Je suis trouble par le professionnalisme de cette resistance , de ne jamais abandonner ses guerriers et de tout faire pour les ramener a la maison , on se souvient du mois dernier quand il a frappe le pays usurpateur a Chebaa en revendiquant immediatement le coup de poing dans la gueule , et le silence suivi d'un arret immediat d'importer des salafowahabites dans cette region prouve que ce que vous disiez hier sur le shut down par un switch on des Fateh 4 et 10 , prouve la montee en puissance de ce vaillant groupe a donner a reflechir a ses ennemis . Qui peut le plus peut le moins , Mais de vous, Scarlett on exige toujours le meilleur parce que vous le pouvez et nous le valons bien .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 42, le 27 novembre 2014

  • CORRECTION : DEUXIÈME PARAGRAPHE, PREMIER MOT, BIFFEZ CET O GLISSÉ DANS LE MOT ACCEPTER PAR MON REBELLE CLAVIER. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 27 novembre 2014

  • DE BARATIN EN BARATIN... AUX MULTIPLES ÉPICES... MAIS ON NE GOBE PAS, TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD. LE HEZB A RÉUSSI LÀ Où L'ETAT A ÉCHOUÉ DITES-VOUS... SANS RÉVÉLER QUI EMPÊCHE L'ETAT DE NÉGOCIER ET D'ÉCHANGER LES PRISONNIERS... RÉPÉTEZ S.V.P. LA DÉCLARATION DU "TONNÈRE" QUI À ELLE SEULE SUFFIT POUR MONTRER QUI EMPÊCHE QUI DE NÉGOCIER LA LIBÉRATION DE NOS SOLDATS. LE HEZB AVAIT DÉCLARÉ QUE SON PARTISAN ÉTAIT DÉTENU PAR LES TAKFIRISTES... MAINTENANT QU'IL Y EUT ÉCHANGE C'EST L'ASL... QUI N'EST PLUS TAKFIRISTE ET POUR CAUSE... VOULOIR CONSEILLER LES AUTORITÉS COMMENT NÉGOCIER ET QUOI ACCEPTER OU NE PAS ACCEPOTER EST POUR LE MOINS UNE PRÉTENTION PLUS QUE BIZARRE ! CONTRAIREMENT À CE QUE PRÉTENDENT CERTAINS LE HEZB NE S'EST JAMAIS DÉCLARÉ HOSTILE À UN ÉCHANGE ? ON VOUS MET AU DÉFI DE NOUS RÉPÉTER MOT POUR MOT LA DÉCLARATION DU "TONNÈRE"... NE FUT-CE QUE CELLE-LÀ SEULEMENT... BIEN QU'IL Y EN A TANT D'AUTRES ! LE DEVOIR DES MÉDIAS EST D'ÉCLAIRER... MAIS DE "L'ÉCLAIRAGE"... ON EST MAINTENANT AU "DÉCRYPRAGE"... PARDON... DÉCRYPTAGE ! BONNE JOURNÉE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 27 novembre 2014

  • Wow .... bravo mais on semble oublier que les rebelles de l'ASL sont conventionnel et agissent selon une certaine methode qui n'est pas irrationnelle contrairement a l'EI qui elle n'a pas cesser de jouer sur l'irrationel et ideologue !!

    Bery tus

    02 h 43, le 27 novembre 2014

  • "Cela s'est donc passé dans la + grande discrétion." Malgré tous les "détails" distillés, on nous parle encore de "discrétionnn" ! "En rendant publique la nouvelle de cette (libération) le hézébbb n'a voulu, yîîîh, attrister les familles des militaires enlevés ni pavoiser devant les autorités libanaises qui n'arrivent pas à mener leurs négociations à une fin, yâââïïï, heureuuuse. Il ne voit simplement pas de raison, mahééék n'est-ce pâââs, de maintenir une telle nouvelle secrète, alors que face à son public et à ses partisans il a une fois de pluuus montré sa crédibilité et sa détermination." ! Une affaire de "pure" communication, quoi ! "Sacré" héZébbb, va !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 28, le 27 novembre 2014

Retour en haut