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Politique - PRÉSIDENTIELLE

En attendant la fin du blocage, des initiatives sans lendemain fleurissent

Après le groupe de la Modération nationale, qui fait du surplace, et le PSP, qui ne parvient pas à opérer une percée, Bassil prépare son entrée en scène.

En attendant la fin du blocage, des initiatives sans lendemain fleurissent

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, s'entretenant avec le leader du Parti socialiste progressiste, Taymour Joumblatt, à Meerab, le 4 juin 2024. Photo tirée du compte X du PSP

Beaucoup d’initiatives, mais rien n’y fait. Depuis plusieurs mois, nombre de protagonistes s’activent, en vain, pour tenter de débloquer la présidentielle, parallèlement aux efforts du Quintette impliqué dans le dossier (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar). Après la mise en échec de la proposition lancée en février dernier par les ex-haririens de la Modération nationale, à savoir la tenue de concertations parlementaires informelles suivies d’une séance électorale ouverte avec des tours de vote successifs jusqu’à l’élection d’un président de la République, le chef du Parti socialiste progressiste, Taymour Joumblatt, s'est lui aussi récemment engagé dans une initiative visant à défricher le terrain devant un dialogue entre les acteurs politiques en vue de tenir le scrutin. À son tour, le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, entend s’inviter dans la partie pour avancer une proposition, aux contours encore flous, à même de sortir le dossier de l’impasse. Mais si les initiatives se multiplient, personne ne se fait d’illusions. Aucune percée significative n’est à attendre dans un avenir proche, les protagonistes campant sur leurs positions respectives. Le président de la Chambre, Nabih Berry, insiste pour parrainer lui-même un dialogue avant de convoquer un conclave afin de s’affirmer comme l’unique passage obligé de toute solution, ce que l’opposition continue de rejeter catégoriquement. 

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C’est dans une tentative de sortir de cette équation rigide que le Rassemblement démocratique, bloc parlementaire émanant du PSP, poursuit sa tournée auprès des chefs de file. Jeudi, une délégation de ce groupe s’est entretenue avec le député de Zghorta Tony Frangié, fils du chef des Marada et candidat du tandem Amal-Hezbollah à la présidence, Sleiman Frangié. Selon les informations de L’Orient-Le Jour, les discussions n’ont pas porté sur des noms de présidentiables, ni sur un retrait du leader zghortiote de la course. Tony Frangié s'est prononcé pour le « dialogue », y voyant « la seule solution » pour un déblocage. Même son de cloche du côté de William Tok, député de Bécharré et allié des Marada, présent lors de l'entretien. « Le président de la Chambre est un élément incontournable dans le processus présidentiel », a-t-il souligné à notre journal. Hors de question toutefois pour Sleiman Frangié d'envisager son retrait de la course. « Si Frangié ne parvient pas à être élu, ou se retire, ce qui n’est pas actuellement sur le tapis, la majorité parlementaire (à savoir selon lui le camp du 8 Mars) est capable de mener un candidat jusqu'à Baabda. Mais nous n’œuvrons pas dans ce sens à l’heure actuelle », a ainsi déclaré Tony Frangié à la suite de son entretien avec le PSP.  Il se fait l’écho de son père qui ne rate aucune occasion pour montrer sa détermination à rester dans la course tant qu’il estime qu’il a encore des chances. De source proche des Marada, on apprend que Sleiman Frangié a exclu de se retirer, lors de son entretien, le 29 mai dernier, avec l'émissaire français Jean-Yves Le Drian.

Car le tandem chiite ne semble pas près de lâcher son candidat. L’Orient-Le Jour a appris que lors de la réunion tenue en début de semaine entre Ghazi Aridi, ancien ministre joumblattiste, et Hussein Khalil, bras droit du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le parti chiite était très clair dans son attachement à la candidature de Sleiman Frangié et au dialogue tel que voulu par Nabih Berry. Une source joumblattiste indique par ailleurs que Taymour Joumblatt a délégué M. Aridi à Haret Hreik pour la simple raison que Hussein Khalil n’est pas un leader politique, contrairement aux personnalités qui se sont réunies avec M. Joumblatt. L'absence de ce dernier lors de l'entretien avec Hussein Khalil pourrait toutefois être interprétée comme le reflet de l'objection de Taymour Joumblatt à l’attitude du Hezbollah en matière de présidentielle et de son rejet de la candidature Frangié.

« Donnez-moi un dialogue et le président sera élu »
L’intransigeance est également de mise à Aïn el-Tiné. Devant ses interlocuteurs joumblattistes, Nabih Berry aurait lancé : « Donnez-moi un dialogue, et le président de la République sera élu en une dizaine de jours. » De quoi mettre déjà l'initiative de Taymour Joumblatt face à ses limites, l'opposition campant sur son refus. Selon les informations de L’OLJ, le Rassemblement démocratique aurait transmis le message de M. Berry aux composantes de l’opposition, dont les Forces libanaises et le bloc du Renouveau. « Nous sommes très clairs : nous refusons toute convocation émanant de M. Berry à un dialogue (élargi), tout comme nous sommes contre tout dialogue qu’il présiderait », insiste le porte-parole des FL, Charles Jabbour. Ce qui vaut au parti de Samir Geagea des accusations de blocage. « Dans un pays qui se respecte, le mécanisme constitutionnel devrait être appliqué. Mais nous avons quand même accepté des concertations parlementaires informelles telles que proposées par la Modération nationale, des consultations tenues en marge d’une séance électorale, ou encore des consultations parrainées par Jean-Yves Le Drian », rétorque Charles Jabbour, indiquant que ces propositions de solution ont été évoquées par Pierre Bou Assi et Melhem Riachi, deux députés FL, qui ont été reçus en cours de semaine à Doha dans le cadre des efforts qataris en quête d’une sortie de crise.

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Les joumblattistes devraient s'entretenir avec le chef des Kataëb Samy Gemayel (entretien reporté jeudi pour des raisons logistiques), ainsi que les députés de la contestation et Fayçal Karamé, allié tripolitain du Hezbollah. Après la fin de cette tournée, le chef du CPL, Gebran Bassil, fera son entrée en scène, se rendant en début de semaine à Aïn el-Tiné. Dans une interview lundi, M. Bassil avait annoncé son intention de mener une initiative, sans en expliquer les contours, et de nouveau appelé à l'élection d'un président consensuel, évoquant le nom du directeur par intérim de la Sûreté générale, Élias Baïssari. Quelques heures plus tard, le patriarche maronite, Béchara Raï, faisait un clin d’œil au commandant de l'armée Joseph Aoun, dont le nom est associé à la troisième voie, lors d'une tournée en sa compagnie à Ras Baalbeck. « Vous ouvrez des routes, alors que d’autres les bloquent », a-t-il lancé à l’adresse du général.

Beaucoup d’initiatives, mais rien n’y fait. Depuis plusieurs mois, nombre de protagonistes s’activent, en vain, pour tenter de débloquer la présidentielle, parallèlement aux efforts du Quintette impliqué dans le dossier (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar). Après la mise en échec de la proposition lancée en février dernier par les ex-haririens de la Modération...
commentaires (3)

Arithmetiquement, les opposants a l'election de M. Frangieh, candidat unique du tandem Hezb/Amal, ont la majorite au parlement. Pourquoi alors certains se sont-ils abstenus lorseque Jihad Azour n'a eu que 59 voix ???? Sauf a croire que certains ont un agenda "cache".

Michel Trad

11 h 13, le 07 juin 2024

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Commentaires (3)

  • Arithmetiquement, les opposants a l'election de M. Frangieh, candidat unique du tandem Hezb/Amal, ont la majorite au parlement. Pourquoi alors certains se sont-ils abstenus lorseque Jihad Azour n'a eu que 59 voix ???? Sauf a croire que certains ont un agenda "cache".

    Michel Trad

    11 h 13, le 07 juin 2024

  • Dans notre pays on n’aime pas les citoyens qui ouvrent les routes et œuvrent pour la paix. On a toujours préféré les voyous qui les volent et les humilient aux patriotes qui veulent faire de notre pays un havre de paix et de prospérité. Ils sont tous morts ou ont quitté le pays et ceux qui restent sont combattus et dénigrés par les fossoyeurs qui n’ont aucun intérêt à ce que le Liban devienne un pays démocratique, souverain et pacifié. Ils sont à la solde des pays été gets qui entendent garder les rênes de ce pays divisé pour mieux l’anéantir et ensuite l’assister afin qu’il leur reste asservi

    Sissi zayyat

    11 h 05, le 07 juin 2024

  • Si tous opposants sont d’accords pour trouver une solution au problème de notre pays, pourquoi attendre l’aval de Berry qui ne loupe pas une occasion pour prouver qu’il est là pour bloquer ce qu’il peut avec des moyens illégaux afin de protéger son allié qui se donne à cœur joie de détruire notre pays au sud en attendant que les choses se corsent et que la destruction soit totale pour qu’il puissent briller aux yeux de ses recruteurs iraniens? Qu’ils se réunissent et qu’ils annoncent leur projet de sauvetage en écartant tous les vendus voleurs et advienne que pourra.

    Sissi zayyat

    10 h 38, le 07 juin 2024

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