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Ghina Achkar : une vie d’ombres et de lumière

Envers et contre tout, Ghina Achkar, jeune femme de 22 ans, sort des sentiers battus et s'aventure là où son intuition et sa volonté de fer la mènent. Lauréate de deux grands prix, en journalisme et en littérature de jeunesse, elle vise toujours plus haut malgré sa malvoyance.

Maya KHADR

Elle parle fort, rit en répandant une agréable vague de bonne humeur. Ses émotions et ses idées sont à fleur de peau. La vie, ses absurdités, ses injustices, même celles qui l'ont affectée personnellement, ne sont qu'illusions et faux problèmes. Elle va de l'avant et voit clair dans son avenir, en dépit de son handicap : une malvoyance survenue alors qu'elle était encore sur les bancs de l'école.
À 18 ans, elle perd complètement la vue. Ghina, soudain plongée dans l'obscurité, s'obstine dès lors à introduire de la lumière dans sa vie en recourant à cette panacée qu'on appelle résilience. « J'ai eu le temps de m'habituer à ce qui allait m'arriver et à anticiper les coups durs. J'ai surtout eu la chance d'être entourée de personnes d'exception », confie-t-elle, animée d'un profond sentiment de reconnaissance à l'égard de toutes les personnes qui ont jalonné son parcours. Elle passe son bac avec des résultats brillants, s'inscrit à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth, décroche une licence puis un master en traduction. Objectif : l'ISIT (Institut supérieur d'interprétation et de traduction), à Paris. Installée dans la capitale française depuis août dernier, Ghina fait des pieds et des mains pour mener sa vie en balayant les idées toxiques de certains. Elle veut tenter cette expérience nouvelle pour elle, qui consiste à mener des études à l'étranger comme tout jeune étudiant de son âge. « Ce n'est honnêtement pas pour prouver grand-chose. Voir de quoi est fait le monde, au-delà de nos petites existences rangées, est une excellente leçon de vie. Mes parents sont inquiets. Mais l'épreuve est enrichissante tant pour moi que pour eux, et la présence de deux de mes amies avec moi les rassure un peu », précise-t-elle. Son expérience, elle y croit dur comme fer. « Au final, ce ne sont pas ces gens-là qui définissent mon parcours. Mon handicap pèse beaucoup moins lourd sur la balance de mes relations que d'autres défauts que tout un chacun pourrait avoir », poursuit la jeune Ghina qui se qualifie de « têtue, épanouie et déterminée ».

Une longue histoire d'amour avec l'écriture
L'écriture pour Ghina a toujours été son « chez-moi » symbolique. Pour elle, aucun sentiment ne vaut celui d'avoir fini un texte dont les contours se dessinaient progressivement dans la tête. Son style, aussi fluide qu'expressif, lui a permis d'obtenir le premier prix dans un concours de littérature de jeunesse. « Écrire pour les enfants nécessite beaucoup de créativité. Et, paradoxalement, mes textes sont très imagés ! Il faut emporter le lecteur, quel que soit son âge, et ne le laisser prendre conscience du chemin parcouru qu'une fois atteint le cap du point final », souligne l'écrivaine en herbe. En novembre dernier, elle remporte le Prix du journalisme francophone illustré en zones de conflits – prix lancé par le Bureau régional de l'AUF dans le cadre de son 20e anniversaire – en deuxième position. Son billet, sur l'impossibilité de la jeunesse libanaise à s'intégrer dans le printemps arabe, a impressionné les membres du jury. Et la verve de l'écriture chez elle est loin d'être réprimée par quoi que ce soit. Elle vit au jour le jour, ne se pose pas beaucoup de questions et laisse le temps la surprendre !

Elle parle fort, rit en répandant une agréable vague de bonne humeur. Ses émotions et ses idées sont à fleur de peau. La vie, ses absurdités, ses injustices, même celles qui l'ont affectée personnellement, ne sont qu'illusions et faux problèmes. Elle va de l'avant et voit clair dans son avenir, en dépit de son handicap : une malvoyance survenue alors qu'elle était encore sur les bancs...

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