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Liban - L’éclairage

Le déblocage de la présidentielle tributaire d’un accord sur une nouvelle loi électorale ?

Depuis l'accord sur la prorogation du mandat de la Chambre, Nabih Berry répand un climat positif concernant le déroulement de l'élection présidentielle et fait état de signaux tangibles qui justifieraient cet optimisme. Des efforts seraient ainsi entrepris pour un dialogue entre les blocs du Futur et du Hezbollah qui ouvrirait la voie à l'échéance présidentielle et provoquerait, du même coup, une baisse de tension dans la rue, notamment au plan intermusulman.


Le président de la Chambre mène son initiative loin du feu des projecteurs, afin d'assurer le climat le plus adéquat au dialogue. Saad Hariri serait ainsi appelé à regagner le pays pour mener ce dialogue et parrainer un accord autour d'un candidat consensuel à la présidence, une idée qui s'était d'ailleurs déjà dégagée de sa réunion avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à Rome. Pour tenir ses promesses, Nabih Berry préside ainsi lui-même la commission parlementaire chargée de l'élaboration d'une nouvelle loi électorale fondée sur la proportionnelle. Des sources proches de M. Berry affirment que ce dernier fera tout ce qui est en son pouvoir pour que ces réunions débouchent sur un accord concernant une nouvelle loi. Sinon, il entend convoquer la Chambre pour qu'elle se prononce sur les différents projets de loi électorale déjà présentés, de sorte que le projet disposant de la majorité des voix soit adopté. Rappelons, à cet égard, que le président de la Chambre avait lui-même proposé un projet-synthèse entre la proportionnelle et le scrutin majoritaire, et entre la proposition dite « orthodoxe » d'Élie Ferzli, la proportionnelle et la loi de 1960, dans le but de garantir une saine représentation et d'éviter que l'une des composantes politiques ne se sente lésée ou marginalisée.
Pour nombre d'experts, la meilleure formule, la plus moderne, reste le système du « one man one vote », sur base du mohafazat ou du caza, qui pourrait venir à bout des bulldozers électoraux et de l'achat des voix, de sorte que les représentants du peuple soient légitimes et représentatifs de leurs communautés.


C'est dans ce contexte général que le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a proposé au président Berry de réunir la Chambre pour un débat sur l'article 24 de la Constitution, relatif aux règles de la répartition des sièges parlementaires. Il s'agirait, selon un responsable aouniste, de pousser chacune des parties à prendre position sur la question de la parité islamo-chrétienne. Le général Aoun tenterait ainsi de relancer la discussion concernant la légitimité des députés chrétiens qui sont élus par des voix musulmanes, ce qui à ses yeux représente un dévoiement du principe de la parité. Selon ce responsable au sein du CPL, Michel Aoun est toujours attaché au projet dit « orthodoxe », le seul qui, selon lui, garantirait une saine représentation chrétienne, et il s'agirait ainsi d'un moyen de revenir à la charge pour assurer la victoire de ce projet. Mais, par la même occasion, M. Aoun tente de sonder les intentions de ses alliés au sein du 8 Mars, pour savoir s'ils le soutiendront ou bien s'ils appuieront le projet de Nabih Berry. Ce dernier a d'ailleurs fait preuve d'une volonté d'introduire des amendements à sa proposition pour se gagner les faveurs du courant du Futur.

 

(Lire aussi : Paris a tenté, en vain, de convaincre Téhéran de faciliter l'élection présidentielle)


Parallèlement, le 14 Mars devrait se réunir pour s'entendre sur un projet commun, après la querelle entre les Forces libanaises (FL) et le Futur autour de la proposition Ferzli. Les FL devraient en principe camper sur leur position de base, favorable à la petite circonscription, mais affirment qu'elles sont prêtes à s'entendre sur une formule qui donnerait satisfaction à toutes les composantes du 14 Mars, avant d'être proposée au 8 Mars. Ce débat sur la loi électorale constituerait l'entrée en matière vers un dialogue entre les deux camps, sous la houlette du président de la Chambre, qui multiplie actuellement les concertations pour donner vie à son initiative, notamment avec MM. Farid Makary, Fouad Siniora et certains députés du Futur.


Dans les milieux berrystes, l'on suggère ainsi qu'un accord sur la loi électorale pourrait déclencher une dynamique qui conduirait à l'élection présidentielle et au plébiscite d'un candidat consensuel. Une nouvelle loi électorale serait également un moyen de ménager le général Aoun, dans le but de lever l'obstruction qui empêche la présidentielle. Pour certains au sein du 14 Mars, le Hezbollah a en effet fait un cadeau empoisonné au chef du CPL en adoptant sa candidature. Cette annonce signifierait que le 8 Mars est désormais prêt à négocier pour parvenir à un accord sur un candidat consensuel acceptable, vu l'impossibilité pour chacun des deux camps d'imposer l'un de ses candidats à Baabda. Preuve en est, en dépit de l'annonce de la candidature du général Aoun, le Hezbollah n'a pas pris part hier à la séance électorale. Partant, il ne s'agirait là que d'une manœuvre pour déclencher un processus de négociation qui déboucherait sur un candidat de consensus, et un deal sur la loi électorale qui viendrait consacrer le passage du chef du CPL du statut de candidat à celui de grand électeur.


En attendant, le climat est à l'attentisme, et aucun des deux camps ne souhaiterait se laisser aller à une escalade quelconque, conformément aux mises en garde faites par différentes parties externes aux divers protagonistes sur la scène locale. Surtout que nous sommes désormais à quelques jours d'un éventuel accord sur le nucléaire entre Téhéran et l'Occident, l'échéance étant fixée au 24 novembre. De sources diplomatiques, l'issue de la rencontre à huis clos à Vienne ne peut être que positive, parce qu'une absence d'accord entraînerait ipso facto une radicalisation, une escalade dans les positions et une confrontation, ce qu'aucune des deux parties ne souhaite ; qui plus est à l'heure où toute l'attention est reportée sur l'éradication de la menace jihadiste dans la région.

 

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Depuis l'accord sur la prorogation du mandat de la Chambre, Nabih Berry répand un climat positif concernant le déroulement de l'élection présidentielle et fait état de signaux tangibles qui justifieraient cet optimisme. Des efforts seraient ainsi entrepris pour un dialogue entre les blocs du Futur et du Hezbollah qui ouvrirait la voie à l'échéance présidentielle et...

commentaires (2)

Apparemment le Liban ne prend pas le chemin d’appliquer les accords de Taëf qui était d’abolir le confessionnalisme politique et de dissoudre les milices, qui devaient rendre leurs armes, notamment le parti terroriste Hezbollah qui soutient le dictateur criminel syrien Bachar el Assad. Le Liban ne pourra vivre en paix tant qu’il n’aura pas recouvré son autonomie, sera soumis à la Syrie et aux partis religieux.

Jacques MARAIS

12 h 21, le 20 novembre 2014

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Commentaires (2)

  • Apparemment le Liban ne prend pas le chemin d’appliquer les accords de Taëf qui était d’abolir le confessionnalisme politique et de dissoudre les milices, qui devaient rendre leurs armes, notamment le parti terroriste Hezbollah qui soutient le dictateur criminel syrien Bachar el Assad. Le Liban ne pourra vivre en paix tant qu’il n’aura pas recouvré son autonomie, sera soumis à la Syrie et aux partis religieux.

    Jacques MARAIS

    12 h 21, le 20 novembre 2014

  • J'AI SUIVI ATTENTIVEMENT HIER AU PROGRAMME BI MAWDOU3IYÉ LES RÉPONSES DU GÉNÉRALISSIME AUX QUESTIONS POSÉES. EH BIEN, SUR ASSEZ DE POINTS LE GÉNÉRALISSIME A RAISON. ON POURRAIT DIRE MÊME SUR BEAUCOUP TROP DE POINTS SI ON ÉPOUSE SA FAçON DE "PENSER" ET DE "PESER" LES CHOSES. IL SE POURRAIT QU'IL AIT TORT... MAIS IL SE POURRAIT QU'IL AIT RAISON. TOUT EST TRIBUTAIRE DE L'ATTITUDE ET DES DÉCISIONS DES GRANDS QUE LES DÉVELOPPEMENTS SUR LE TERRAIN ET LEURS INTÉRÊTS PRÉSENTS ET FUTURS DANS LA RÉGION GUIDENT. RIEN N'EST STABLE ! RIEN N'EST ACQUIS ! NI AUX UNS ! NI AUX AUTRES ! À PERSONNE ! DES SURPRISES QUI ONT CHAMBARDÉ DÉJÀ LA DONNE ONT SURGI ET SURGIRAIENT ENCORE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 15, le 20 novembre 2014

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