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Cinema- - À l’affiche

« Schehrazade’s Diary », ou si la femme m’était contée

« Schehrazade's Diary », réalisé par Zeina Daccache (Catharsis) avec le soutien de Drosos, sort dans les salles libanaises. Des récits intimes des prisonnières de Baabda (meurtrières, adultères, voleuses...). Mais surtout des femmes qui se dévoilent en toute pudeur sous la loupe de la documentariste. Entretien avec Zeina Daccache.

Q – Comment est né le titre du film « Le journal de Schehrazade » et qu'évoque-t-il au juste ?

R – La pièce de théâtre interprétée par les prisonnières était intitulée Schéhérazade à Baabda, puis nous avons trouvé le titre Schehrazade's Diary (Le journal de Schéhérazade) pour le film. Le nom est né en 2012, lors de la préparation de la pièce. Je me demandais tous les jours à qui pouvaient ressembler ces femmes qui sont incarcérées et qui, pour une fois, avaient la chance de raconter leurs histoires au monde externe, s'exprimer et peut-être opérer un changement dans leur destin.
Eurêka... La réponse était Shéhérazade qui était prisonnière de Shahryar et qui lui contait des récits pour pouvoir changer son destin.

Ce documentaire se distingue du premier (« Twelve Angry Lebanese ») parce qu'il évoque non seulement la vie des prisonnières, mais le thème de la condition de la femme. Était-ce sciemment ?

Mes films prennent forme naturellement. Je n'écris pas de scénario car je travaille beaucoup avec l'imprévu. La caméra m'accompagne en prison tous les jours... On ne sait jamais comment ça va se dérouler... Ainsi, une fois nous avons filmé durant un an. Quand le processus du montage démarre, nous visionnons les 200 heures de cassettes et c'est là que surgissent les thèmes.

Il n'y a donc pas un synopsis à la base. Mais quelle part laissez-vous à l'improvisation ?

Je le répète, il n'y a pas de synopsis. Dans une prison, on ne sait jamais ce qui va arriver. Ensuite, on travaille avec des êtres humains. Le synopsis est bon pour la fiction.

Du théâtre au grand écran, c'est un grand pas. Il y avait certainement une équipe bien rodée derrière ce grand travail.

Si j'ai choisi l'écran, c'était pour une raison unique. Il fallait documenter tout cela. Le cinéma dépasse les frontières et fait circuler le message très loin. Par ailleurs, cela donne une complémentarité à la pièce.
Quant à l'équipe, je suis fière de m'être entourée de deux personnes très précieuses : Michèle Tyan pour le montage et Jocelyne Abi Gebrayel pour la caméra... Elles ont déjà travaillé avec moi sur 12 Angry Lebanese. Lama Daccache et Marianne Kallassy m'assistent à la production. Sans oublier le financeur : Drosos (dans ce cas, c'était une fondation suisse qui a financé Schéhérazade à Baabda, la pièce, ainsi que le documentaire, Le journal de Schéhérazade).

Que deviennent ces femmes à présent ? Sont-elles suivies ? Qu'a apporté ce documentaire à leur réel  ?

Nous n'avons jamais abandonné les deux prisons, que ce soit Roumieh ou Baabda. Nous offrons toujours à l'intérieur des barreaux des séances de dramathérapie avec l'assistance des prisonnières.
Quant à celles qui ont été libérées, elles font la tournée avec nous, munies du DVD. Ce sont elles qui dirigent les QR dans les écoles, universités, ou encore au cinéma (avant-première du film au Cinemall, Beyrouth). Également Catharsis offre, dans le cadre d'ateliers, des travaux artisanaux faits par ces prisonniers.

« Schehrazade's Diary » a beaucoup voyagé et récolté des prix. Quelles sont vos impressions là-dessus ?

C'est vrai que le film a récolté différents trophées et a obtenu la reconnaissance de plusieurs publics. À chaque fois, je remercie Dieu parce qu'il a écouté ces prisonnières et vu leur travail. Et, à chaque fois, je partage ce bonheur avec elles et nous célébrons.
Si le prix consiste en un montant d'argent (ce qui est très rare), il est reversé à la prison de Baabda. Projeté dans des festivals internationaux, ce film a réussi à atteindre les cœurs et les esprits car l'histoire n'est pas seulement libanaise, mais universelle.

Prix et récompenses :

Prix Fipresci à la 10e édition du Festival international de Dubaï ainsi que la mention spéciale dans la catégorie du Muhr arabe pour documentaire en 2013.
Fifog en or pour meilleur documentaire au Festival de Genève en avril 2014.
Prix Human Rights au Fifadoc à Agadir, Maroc (mai 2014).
Urti Grand Prix-Arman pour documentaire d'auteur en juin 2014 (Monaco, France).
Prix au Festival arabe Malmo en septembre 2014.
Mention spéciale à la 36e édition de Cinemed, au Festival international de Montpellier en novembre 2014.
Prix du meilleur documentaire au Festival international du film libanais en juin 2014.

Q – Comment est né le titre du film « Le journal de Schehrazade » et qu'évoque-t-il au juste ?
R – La pièce de théâtre interprétée par les prisonnières était intitulée Schéhérazade à Baabda, puis nous avons trouvé le titre Schehrazade's Diary (Le journal de Schéhérazade) pour le film. Le nom est né en 2012, lors de la préparation de la pièce. Je me demandais...

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