Rechercher
Rechercher

À La Une - France

"On nous présente à nouveau comme des gens pas normaux"

Le "ras-le-bol" des homosexuels face aux menaces d'abrogation du mariage gay.

Le président français Nicolas Sarkozy a évoqué une abrogation de la loi Taubira lors d'un meeting organisé par l'association Sens commun, le 15 novembre 2014 . AFP /Dominique Faget

"Ras-le bol", "qu'ils nous lâchent", "passons à autre chose": la question de l'éventuelle abrogation de la loi Taubira, agitée ce week-end au sein de l'UMP, agace de nombreux homosexuels et divise les juristes.

"Cette actualité tourne en rond et lasse tout le monde, c'est fatigant de remettre le sujet sur la table à chaque fois, qu'ils nous lâchent un peu", tonne Nathalie Mestre, 45 ans, adhérente des Enfants d'arc-en-ciel, association de familles homoparentales. "On nous présente à nouveau comme des gens pas normaux", s'énerve aussi Stéphane Corbin, 50 ans, agent de propreté. "On en a ras-le-bol d'entendre les politiques là-dessus. Il n'y a pas de mariage gay, il y a un mariage ouvert à tous, passons à autre chose."

Le débat a été relancé par Nicolas Sarkozy. L'ex-président, resté vague sur le mariage homo depuis son retour en politique, s'est finalement prononcé samedi pour l'"abrogation" de la loi Taubira. Sa sortie a provoqué la colère de plusieurs associations de défense des homosexuels. "C'est honteux de vouloir abroger une loi qui a permis à des couples de voir leur amour et leurs droits reconnus", a déclaré le président de SOS Homophobie Yohann Roszewitch.Dans un communiqué, l'inter-LGBT a accusé M. Sarkozy de "céder aux sirènes du lobby le plus hargneux". "Nos familles ne sont pas vos jouets", lui a lancé le président du collectif Jérôme Beaugé, sur Twitter.

 

"La loi ne sera jamais abrogée"
Depuis la promulgation de la loi au printemps 2013, le sujet revient sur le devant de la scène au gré des mobilisations de La Manif pour tous et des débats qui traversent la droite, en pleine recomposition.

Dans son dernier numéro, mis sous presse avant la sortie de Sarkozy, le magazine gay Têtu s'en prend aux "anti-égalité", qui "continuent à rabâcher leurs discours ad nauseam" alors que les sondages récents "montrent qu'une très large majorité de Français acceptent l'homosexualité". Selon un sondage Ifop publié dimanche, 68% des Français sont désormais "favorables" au "mariage pour tous".

 

(Lire aussi : Homophobie et tyrannie)

 

Au-delà du "ras-le-bol", beaucoup doutent de la faisabilité d'une telle abrogation. "Sarkozy fait semblant de le vouloir, certains font semblant d'y croire mais au fond tout le monde sait que la loi ne sera jamais abrogée", assure Nathalie Mestre.

Selon la présidente des Enfants d'arc-en-ciel Nathalie Allain-Djerrah, "ce sont des mensonges de campagne": "La droite espagnole avait aussi promis l'abrogation de la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe et n'a finalement pas abrogé la loi en revenant au pouvoir."

Beaucoup à droite sont sur la même ligne. La chef de file de l'UMP à Paris Nathalie Kosciusko-Morizet, le député UMP Frédéric Lefebvre, le candidat à la présidence de l'UMP Bruno Le Maire ont tous estimé que la loi ne pourrait de fait être abrogée.

Chez les juristes, la question divise. Pour l'avocate Caroline Mecary, spécialiste des droits des homosexuels, une abrogation "créerait une discrimination légale" entre les homosexuels qui ont pu se marier et "ceux qui ne le pourront pas". Selon elle, la jurisprudence du Conseil constitutionnel est claire: "A partir du moment où une liberté fondamentale a été ouverte à une catégorie de citoyens, on ne peut pas revenir en arrière."

Le constitutionnaliste Didier Maus estime au contraire que la loi pourrait être réécrite sans difficulté. Si les couples mariés ne pourraient pas être "démariés", "ce que fait une loi, une autre loi peut le défaire", affirmait-il dans la foulée de l'adoption du mariage homo. "On peut même faire dans la dentelle, c'est-à-dire maintenir le mariage mais modifier les règles sur l'adoption."

"Il y a des tas de situations juridiques où des gens, régis par un système ancien conservent leurs droits et d'autres, dans un système nouveau, ont des droits retranchés", assurait aussi à l'AFP le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud. "Cela ne pose aucune difficulté."

 

Lire aussi
Trois ans de prison pour avoir participé à un "mariage gay"

Changement de ton au Vatican vis-à-vis des homosexuels

Il y a plus de 250 ans, la dernière exécution d'un couple homosexuel à Paris

Liban : « Les examens de la honte » dans les casernes, dénoncés par l'Agenda juridique

"Ras-le bol", "qu'ils nous lâchent", "passons à autre chose": la question de l'éventuelle abrogation de la loi Taubira, agitée ce week-end au sein de l'UMP, agace de nombreux homosexuels et divise les juristes.
"Cette actualité tourne en rond et lasse tout le monde, c'est fatigant de remettre le sujet sur la table à chaque fois, qu'ils nous lâchent un peu", tonne Nathalie...

commentaires (4)

CORRECTION ! MERCI : ".... pour ces dernières la procréation médicale assistée PMA, seront d’office garanties. Tout en espérant pour plus tard, la gestation pour autrui aussi GPA...."

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 22, le 19 novembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • CORRECTION ! MERCI : ".... pour ces dernières la procréation médicale assistée PMA, seront d’office garanties. Tout en espérant pour plus tard, la gestation pour autrui aussi GPA...."

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 22, le 19 novembre 2014

  • CETTE HISTOIRE D'HOMOS... ON S'EN FOUT CARRÉMENT... MAIS LEUR PERMETTRE D'ADOPTER ET D'ÉLEVER DES ENFANTS... EH BIEN çA C'EST LE COMBLE ! CRIMINELS CEUX QUI LE PERMETTENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 15, le 18 novembre 2014

  • Cette loi, heureusement, ne sera jamais abrogée…. par ces Niais droitiers de l’UMP. Car, comme tout le monde le sait, cette "société" droitière contient en son sein des dizaines de milliers d’homosexuels et peut- être même plus qu’au sein de celle de "gauche" ! De plus, cette haine tenace et agressive du mariage homosexuel est carrément de la sale homophobie "pure". Homophobie servant en réalité à masquer la panique des traditionalistes devant la simple idée de vouloir toucher à ce symbole qui n’est que le mot éculé de "mariage" synonyme pour eux, ces réactionnaires, de rempart de l’ancestrale "famille".... historique. Évidemment, comme pour toutes les personnes majeures équilibrées, l’adoption par les couples homosexuels hommes ou femmes mariés ou non, et pour ces dernières la procréation médicale assistée, seront d’office garanties. Taubira ! Merci pour eux, les homosexuels, tant ceux de "gauche" que surtout ceux de "droite".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 17, le 18 novembre 2014

  • Il est effectivement vraisemblable que le débat est ici relancé pour des raisons purement politique. L'abrogation de cette loi pose beaucoup de problèmes et est - malheureusement - peu probable. Ceci dit, l'opposition à un "mariage" homosexuel n'a absolument rien à voir avec l'homophobie. Il s'agit simplement de préserver la famille que cette loi veut détruire. L'Etat n'a nullement pour mission de "reconnaître l'amour" qui reste du domaine privé, mais de créer un cadre juridique pour cette mini-société qu'est la famille (père, mère, enfants). Ce qu'il est possible de modifier, c'est d'améliorer la protection de l'enfant en réservant la possibilité d'adoption à des couples offrant le maximum de garanties pour son équilibre et son épanouissement. Les couples homosexuels "mariés" ou non,seront, de ce fait, évidemment exclus.

    Yves Prevost

    07 h 36, le 18 novembre 2014

Retour en haut