« Le consensus est toujours préférable à la division », a déclaré hier François Hollande après que Nicolas Sarkozy, qui ambitionne de prendre sa revanche à l'élection présidentielle de 2017, eut relancé le débat en France sur le mariage homosexuel.
En effet, pressé dans son camp de clarifier ses positions sur la loi controversée du 17 mai 2013 qui autorise les unions entre couples de même sexe, l'ancien président UMP a prôné samedi une réécriture « de fond en comble » de la loi Taubira dans un exercice militant empreint de confusion. Lors d'une réunion publique du mouvement « Sens commun », trait d'union entre « La Manif pour tous » et l'UMP qui recevait les trois candidats à la présidence du parti d'opposition, Nicolas Sarkozy a proposé l'instauration de deux mariages : « Un pour les homosexuels, un pour les hétérosexuels. » Face à une salle récalcitrante et houleuse, où le slogan « Abrogation ! » fusait, l'ancien président a alors ajouté : « Si vous préférez qu'on dise qu'on doit l'abroger pour en faire une autre, en français ça veut dire la même chose, mais ça aboutit au même résultat. Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher. » Auparavant, lors d'une interview à La Provence en octobre, Nicolas Sarkozy avait assuré qu'il rassemblerait toute « la famille sur la position la plus raisonnable possible ». Pour sa part, Bruno Le Maire, qui souhaite le maintien de la loi et ambitionne d'imposer un second tour à l'ex-président, a invité à se « méfier de toutes ces belles promesses » d'abrogation « qui ne seront pas tenues ». Enfin, le troisième concurrent, Hervé Mariton, milite depuis le vote de la loi pour son abrogation.
« Deux mariages et un enterrement »
De son côté, interrogé à ce sujet en marge du sommet du G20 à Brisbane, François Hollande a appelé à l'apaisement. « Cette loi est respectée, elle est d'ailleurs chaque jour mieux comprise. Ensuite, il appartiendra, s'il devait y avoir alternance, à ce que ce débat se repose », a-t-il commenté. « Mais aujourd'hui, il n'est pas posé, il n'est plus posé et je vais vous dire aussi que dans ce débat-là, qui est maintenant derrière nous, moi je pense que l'apaisement est la meilleure des méthodes. Le consensus est toujours préférable à la division », a-t-il ajouté.
Parallèlement, à Paris, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est chargé de la contre-attaque. « C'était un peu deux mariages et un enterrement pour Nicolas Sarkozy », a-t-il dit au « Grand Rendez-vous » Le Monde/i>Télé/Europe 1. « Un enterrement : l'aspiration à l'égalité que portait la loi Taubira, puis un enterrement des promesses qu'il fait lui-même de fermeté, de conviction, de capacité à résister », a jugé Bernard Cazeneuve. « Si je comprends bien, il est dans une salle, il prononce une phrase, la foule présente dans la salle dit autre chose, et lui, il finit par dire comme la foule », a-t-il poursuivi. « Je pense que quand on a des convictions, on fait en sorte que la foule s'y rallie, pas l'inverse », a-t-il conclu.
Pour sa part, le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a dénoncé sur France 3 un « coming-out homophobe » consenti dans l'improvisation.
Sophie LOUET et Henri-Pierre ANDRÉ / Reuters
commentaires (2)
Il ne changera point, le "vilain" petit politicien ! Le "jakouzy" Nain demeurera toujours Nain.
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
09 h 37, le 17 novembre 2014