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Culture

La guerre du Liban, intarissable sujet pour les auteurs libanais

Le roman et le conflit libanais, sujet de la table ronde qui a regroupé les auteurs Vénus Khoury-Ghata, Jabbour Doueihy, Charif Majdalani, Georgia Makhlouf, Najwa Barakat, Hyam Yared et Élias Khoury.

« Cette guerre qui a officiellement commencé en 1975 et qui ne finit pas de finir (...), comment influence-t-elle la littérature, comment inspire-t-elle le roman? » C'est ainsi que Gabriel Deek, modérateur de la rencontre, lance la discussion.

La guerre et l'exil
« L'exil est porte ouverte pour les uns et tombeau pour les autres. » C'est par ce proverbe qu'elle affectionne particulièrement que Vénus Khoury-Ghata aborde le sujet concernant la douleur de la séparation d'avec son pays natal. Pour elle, l'exil fut une porte ouverte pour l'accomplissement de soi. Engloutie dans une douceur de vivre au Liban, il lui fallut écrire pour se réaliser lorsqu'elle fut en France. Georgia Makhlouf, quant à elle, vécut le départ plutôt comme une délivrance, car la guerre eut, malgré son horreur, une incidence positive puisqu'elle lui permit de partir et d'échapper à l'étouffement qu'elle ressentait au sein de son cocon familial. L'exil fut cependant entaché de culpabilité. « Partir d'un pays en guerre, c'est comme si on laissait un membre de sa famille malade. »

Les femmes et la guerre
« Est-ce que les hommes font la guerre et les femmes la subissent ? » Hyam Yared répond que la guerre peut être une forme de libération au niveau social pour la femme. Celle-ci obtient des prérogatives qu'elle n'a pas en temps normal. On observe donc des avancées au niveau du droit, mais un droit de fait et non un droit légiféré.
Charif Majdalani, lui, pense que ce n'est pas une question de genre. Certaines femmes font la guerre. Il considère néanmoins que la femme est plus capable de résistance physique et psychologique que l'homme. « En état de crise, elle a plus de sang-froid. »

Quelle esthétique pour la guerre ?
Pour Najwa Barakat, ce sont deux mots contradictoires. Esthétique ne rime pas avec beauté. Elle dit avoir ainsi usé d'un style assez cru dans son roman, justement pour rendre compte de la violence qui a été exercée durant la guerre.
Jabbour Doueihy rebondit : « Écrire la guerre en fiction est une entreprise de dévoilement, c'est une entrée dans les tréfonds d'une société en crise. (...) Les romans écrits par les Libanais sur leur guerre civile constituent un document admirable. La guerre dans un roman ce n'est pas les mitrailleuses à l'œuvre, c'est tout le système détraqué d'une société (...) » La guerre n'est donc pas le sujet des romans, elle est la toile de fond sur laquelle est tissé l'ouvrage. « Notre décorum est un conflit identitaire qui se perpétue et l'on n'y peut rien », dit-il.
Élias Khoury, quant à lui, revient sur la question de la mémoire de la guerre. Après la guerre civile, dit-il, les Libanais ont élaboré un système « d'amnésie » qui, aujourd'hui, se transforme en « déni ». « Nous vivons l'état le plus grave de l'histoire du Liban et du Proche-Orient et nous ne voyons pas ce qui se passe, nous ne voulons pas le voir, nous avons peur de le voir. »
La guerre est là et on ne peut l'occulter, la guerre a marqué la personnalité de chacun et on ne peut le nier. Point sur lequel les auteurs intervenants à ce débat sont d'accord.

« Cette guerre qui a officiellement commencé en 1975 et qui ne finit pas de finir (...), comment influence-t-elle la littérature, comment inspire-t-elle le roman? » C'est ainsi que Gabriel Deek, modérateur de la rencontre, lance la discussion.
La guerre et l'exil« L'exil est porte ouverte pour les uns et tombeau pour les autres. » C'est par ce proverbe qu'elle affectionne...

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