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Culture - Les échos du Salon avec l’Afej

« Le traducteur littéraire dans les coulisses de l’édition »

« Ne peut être traducteur littéraire qui le veut. Y vient celui qui y est attiré. » C'est en ces termes que Gina Abou Fadel Saad, directrice de l'École de traducteurs et d'interprètes de Beyrouth (Etib) à l'USJ, a donné le coup d'envoi de cette table ronde qui a réuni un panel de spécialistes dans le domaine, dont Jörn Cambreleng, Fifi Abou Dib et Jana Tamer. Une rencontre animée par Elsa Yazbek Charabati.

De gauche à droite : Gina Abou Fadel, Jörn Cambreleng, Elsa Charabati, Fifi Abou Dib et Jana Tamer. Photo Michel Sayegh

Outre son talent d'écriture et son amour de la langue, le traducteur littéraire doit avoir une «malléabilité dotée d'un style souple et léger pour se prêter à tous les mouvements de fluctuation, assez d'humilité pour s'effacer volontairement au profit des auteurs qu'il traduit et une bonne dose de témérité et de persévérance pour émerger des coulisses de l'édition et s'exposer au grand jour dans les devantures des libraires». Et d'ajouter: «Ce sont justement ces qualités que nous tentons de développer chez nos étudiants à l'Etib.» Si la traduction littéraire passe pour «un art de l'ombre», le traducteur lui est «un artiste qui part en éclaireur à la recherche des mots, respectant toutefois cette exigence qui lui est imposée: écrire avec les mots, les pensées et les expressions des autres», souligne Jörn Cambreleng. Le directeur d'Atlas, l'Association de promotion de la traduction littéraire basée à Arles en France, poursuit: «Jusqu'à récemment, le traducteur vivait dans les coulisses, mais de nombreux libraires se mettent à les accueillir dans leur librairie, ils nous disent que les lecteurs sont de plus en plus nombreux à demander le nom d'un traducteur. Ce dernier, habitué à la solitude et à l'obscurité de sa "chambre noire", est convié à prendre la parole en public.» Belle reconnaissance pour un métier longtemps méconnu.

Mais qu'a-t-il voulu dire ?
Un métier où l'artiste «recrée le texte dans une autre langue, le remanie pour le rendre plus léger et plus savoureux comme en cuisine, en rééquilibrant les ingrédients et les épices», explique Fifi Abou-Dib. Avouant s'être basée sur sa maîtrise du français et de la littérature pour transformer Al-Raghif de Toufic Youssef Awad en Le Pain, elle décrit la relation intime entre le traducteur et l'auteur. «Naturellement, la première question qu'on se pose est: "qu'a-t-il voulu dire". La réponse ne viendra que plus tard quand, à force de fréquenter le texte, on sera réellement habité par l'auteur.» Et concernant la relation avec l'éditeur qui est un maillon essentiel à la chaîne, elle précise «qu'il existe deux formes de contrats de traduction. Soit le traducteur est rémunéré pour sa mission et le destin du livre ne le concerne plus, soit il perçoit des droits et conserve une certaine autorité sur le destin du livre. Au Liban, c'est souvent la première formule qui est adoptée».
Dans le domaine de l'édition, Jana Tamer, directrice de Dar an-Nahar, déplore, elle, le déséquilibre flagrant entre les ouvrages traduits de l'arabe vers le français ou l'anglais et les ouvrages francophones ou anglophones traduits en arabe. Selon Tamer, l'Occident doit s'intéresser beaucoup plus à traduire la production arabophone et pas que dans le domaine du roman, mais aussi dans celui des sciences humaines.
Différents sujets, différents styles à traduire. Dans ce processus, le traducteur serait-il un «psychopathe à multiples identités ou un surhomme», s'interroge Gina Saad, «un simple travailleur de l'ombre» ou un artiste ? Il doit tout simplement, répond Jorg Cambreleng, avoir une souplesse extraordinaire pour passer d'un monde à l'autre, tel un équilibriste.

Outre son talent d'écriture et son amour de la langue, le traducteur littéraire doit avoir une «malléabilité dotée d'un style souple et léger pour se prêter à tous les mouvements de fluctuation, assez d'humilité pour s'effacer volontairement au profit des auteurs qu'il traduit et une bonne dose de témérité et de persévérance pour émerger des coulisses de l'édition et s'exposer au...

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