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À La Une - Repère

Elles défraient la chronique au Liban, mais que sont les "drogues numériques" ?

Les drogues numériques représentent-elles un danger ?

En 2014, on commence à parler des drogues numériques au Liban, et de leurs dangers supposés. Les experts, eux, relativisent l'affaire. AFP/Bas Bogaerts/Archives

Les "drogues numériques", ou e-drogues, défraient la chronique, ces derniers jours au Liban. Si l'on parle de ces "drogues" depuis plusieurs années déjà en Occident, au Liban, le grand public a découvert la chose le 29 octobre dernier, avec la diffusion par la MTV d'un reportage controversé sur les "dangers" des e-drogues pour les jeunes. Dans ce reportage, des individus en pleine convulsions sont filmés, sans savoir s'ils sont Libanais. Interrogé par la MTV, le président de l'Association anti-drogue JAD Joseph Haouat, estime qu""il s'agit bien d'une addiction", et affirme que son association traite en ce moment "deux patients", suivis par des psychologues. Il poursuit en soulignant les "dangers" que ces "drogues numériques" présentent, notamment "les fréquences qui affectent le cerveau", et appelle les parents à la vigilance.

Le lendemain de la diffusion, le ministre libanais de la Justice Achraf Rifi demandait au procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, de prendre les mesures nécessaires pour "bloquer les sites web qui font la promotion des drogues numériques".

Le reportage suscite toutefois de nombreuses critiques, en raison de ce qui semble être des approximations. Plusieurs associations libanaises et arabes militant pour la liberté sur internet dénoncent en outre les mesures prises par le ministre de la Justice libanais en réponse aux informations circulant sur les e-drugs.

Un décryptage s'impose.

 

Les "drogues numériques", c'est quoi?

Les "drogues numériques" sont des fichiers audio téléchargeables (mp3) sur internet. Il existe des sites spécialisés dans la vente de ces produits, proposés en "doses" dont le prix varie entre quelques dollars et quelques dizaines de dollars l'unité.

Les sites qui vendent ces produits ne cachent pas la nature de leur marchandise, et affichent clairement leurs coordonnées. Le tout bénéficiant d'un design soigné et d'un marketing traditionnel. Les doses sont vendues sous différents noms et censées avoir un effet spécifique : dose nature, fiction, chakra, jeux vidéos, dose dangereuse... La liste est longue.

Les fichiers, qui peuvent durer jusqu'à des dizaines de minutes, véhiculent deux sons semblables et purs, émis à des fréquences proches (par exemple 300 hertz pour l'un, et 303 hertz pour l'autre), chacun diffusé dans une oreille. L'on appelle cela un battement binaural. Le "consommateur", muni d'écouteurs ou d'un casque et écoutant sa "dose" au calme (certains sites évoquent une longue liste de conditions d'écoute pour que l'effet se produise), atteindrait un état de transe, affirment certains. Un résultat qui n'a pu être confirmé à ce jour par aucune étude, comme le soulignait Sciences et Avenir dès 2010

 

Comment ça fonctionne?

"Entre les oreilles et le cerveau, le système nerveux converge afin de pouvoir comparer les sons perçus de chaque côté, notamment pour localiser leur origine dans l'espace. S'il reçoit deux sons purs différents et décalés, le cerveau a l'impression d'entendre un battement", expliquait en 2010 à Sciences et Avenir Daniel Pressnitzer, chercheur en neurosciences à l'École normale supérieure.

L'effet de ce "battement binaural" est censé être planant, bien qu'aucune étude ne l'ait démontré, rappelle Daniel Pressnitzer. "Tous les sons perçus déclenchent un signal dans le cerveau, indiquait le chercheur en 2010. Si l'on fait un électro-encéphalogramme lors de l'audition de battements binaural et monaural, on obtiendra le même signal. Seul le battement binaural donne l'impression que le son tourne dans l'espace."

 

 Est-ce dangereux?

L'effet est surtout "psychologique", selon Daniel Pressnitzer : "On pourrait donner la même illusion en jouant avec la stéréophonie d'un son". 

En France, alors que la presse décortiquait l'affaire des "drogues numériques", la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) avait également minimisé leurs effets, évoquant plutôt un phénomène d'"auto-suggestion".

Selon le chef du Bureau anti-drogue de l'Oklahoma aux Etats-Unis, cité par NewsOK, le danger des e-drogues relève plutôt de la curiosité qui pourrait pousser les consommateurs à explorer d'autres substances, elles illicites.

Au Liban, une association proche des milieux traitant les addictions a confié à L'Orient-Le Jour ne pas avoir été sollicitée à ce jour par quiconque affirmant souffrir des "drogues numériques". L'association dénonce un tapage médiatique, appelle les médias à plus d'éveil sur le sujet, et à "cesser d'affoler les jeunes". Elle estime également que l'effet de telles "drogues" serait plutôt psychologique, et non physique.

 

Quand le phénomène s'est-il répandu?

Les battements binauraux ont été découverts par un scientifique polonais, Heinrich Wilhelm Dove en... 1839. Le phénomène n'est pas donc pas récent. En 1973, un autre scientifique, Gerald Oster, revient sur les battements binauraux, en étudiant leur utilité en tant qu'outil de recherche neurologique et cognitive.

La médecine alternative a, de son côté, évoqué des vertus des battements binauraux en matière de relaxation, ou encore de méditation.

Sous la forme de "drogues numériques", les battements binauraux réapparaissent vers 2007. Plusieurs articles évoquant l'arrivée des e-drogues en France sont publiés sur la toile dès 2010. Ce type de "drogues" semble être né aux Etats-unis.

 

 

 

Les "drogues numériques", ou e-drogues, défraient la chronique, ces derniers jours au Liban. Si l'on parle de ces "drogues" depuis plusieurs années déjà en Occident, au Liban, le grand public a découvert la chose le 29 octobre dernier, avec la diffusion par la MTV d'un reportage controversé sur les "dangers" des e-drogues pour les jeunes. Dans ce reportage, des individus en...

commentaires (1)

La MTV comme d’autres chaines télévisées de nos jours n’ont qu’ un but créer un choc pour attirer le grand public .Les drogues numériques sont du n’importe quoi.

Sabbagha Antoine

16 h 21, le 06 novembre 2014

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Commentaires (1)

  • La MTV comme d’autres chaines télévisées de nos jours n’ont qu’ un but créer un choc pour attirer le grand public .Les drogues numériques sont du n’importe quoi.

    Sabbagha Antoine

    16 h 21, le 06 novembre 2014

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