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Résistance aux antibiotiques : 6 infographies pour comprendre une menace globale

"Le problème n'est pas seulement de ne plus pouvoir traiter une maladie, mais de devoir, un jour, tirer un trait sur vingt à trente ans de progrès médical".

Une bactérie qui n'est plus sensible qu'à un très petit nombre d'antibiotiques, est appelée Bactérie Multirésistante aux antibiotiques (BMR). Copyright: www.royaltystockphoto.com

"La résistance aux antibiotiques -lorsque l'évolution des bactéries rend les antibiotiques inefficaces chez les personnes qui en ont besoin pour traiter une infection- est désormais une grave menace pour la santé publique", affirmait en avril dernier l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans son premier rapport de l'OMS sur la résistance aux antibiotiques.

"À moins que les nombreux acteurs concernés agissent d'urgence, de manière coordonnée, le monde s'achemine vers une ère postantibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer", avertissait, dans ce rapport, Keiji Fukuda, sous-directeur général de l'OMS pour la sécurité sanitaire.

 

 

 

Les bactéries opposent deux types de résistance aux antibiotiques :

-Résistance naturelle : naturellement, certaines bactéries sont résistantes à certains antibiotiques.

-Résistance acquise : sous l'effet d'un traitement antibiotique, une bactérie finit par développer une résistance via un processus de mutation de son patrimoine génétique ou un processus d'acquisition d'un matériel porteur de gènes de résistance provenant d'une autre bactérie.

Quand des souches mutantes de bactéries devenues "insensibles" au médicament apparaissent, les infections provoquées ne répondent plus aux traitements, ce qui entraîne une maladie plus longue à traiter, un danger accru de transmission, un surcoût et surtout un risque de décès supérieur.

Une bactérie qui n'est plus sensible qu'à un très petit nombre d'antibiotiques, est appelée Bactérie Multirésistante aux antibiotiques (BMR).

 

 

Pour l'OMS, l'usage "inapproprié" des antimicrobiens est la première cause de résistance : dans les pays pauvres, lorsque les doses administrées sont trop faibles, et dans les pays riches avec des utilisations au contraire excessives. De plus, il est indispensable de mener un traitement antibiotique à son terme, car ne pas finir un traitement permet à de nouvelles bactéries de se développer. 

 

 

Aux Etats-unis, l'organisme fédéral de santé CDC a tiré la sonnette d'alarme, estimant que la résistance des bactéries aux antibiotiques faisait chaque année "au moins 23 000 morts", à peu près autant que les morts par armes à feu. "Si nous ne faisons pas attention, nous serons bientôt dans l'ère postantibiotique", un âge où ces remèdes miracles du XXe siècle ne seront plus efficaces, avertissait lui aussi, en septembre 2013, le directeur des CDC, Tom Frieden. 

 

 

 

L'usage inapproprié  des antimicrobiens se fait aussi dans les fermes du monde occidental où la moitié des antimicrobiens sont destinés aux animaux d'élevage pour accroître les rendements en viande. "Ces pratiques contribuent à augmenter les résistances d'organismes comme les salmonelles qui peuvent se transmettre à l'homme", précise l'OMS.

 

En 2012, une étude publiée dans la revue mBio, éditée par l'Académie Américaine de Microbiologie, établissait une relation entre l'exposition du staphylocoque doré, une bactérie responsable d'infections cutanées et générales parfois sévères, aux antibiotiques via les animaux de ferme et l'apparition de souches résistantes chez l'homme.

Début janvier 2014, les députés français ont approuvé une disposition du projet de loi sur l'agriculture visant à limiter la délivrance d'antibiotiques par les vétérinaires, afin d'éviter que la résistance de l'organisme à ces médicaments se propagent aux humains par la consommation de viande.

 

 

La résistance aux antibiotiques est "un problème majeur", confiait, en février dernier à l'AFP, le Pr Patrice Courvalin qui dirige le Centre national de référence de la résistance aux antibiotiques, à l'Institut Pasteur. "Le problème n'est pas seulement de ne plus pouvoir traiter une maladie, mais de devoir, un jour, tirer un trait sur vingt à trente ans de progrès médical", expliquait-il.

 

Dans le rapport de l'OMS, Keiji Fukuda lançait également l'avertissement suivant :

"L'efficacité des antibiotiques est l'un des piliers de notre santé, nous permettant de vivre plus longtemps, en meilleure santé, et de bénéficier de la médecine moderne. Si nous ne prenons pas des mesures significatives pour mieux prévenir les infections mais aussi pour modifier la façon dont nous produisons, prescrivons et utilisons les antibiotiques, nous allons perdre petit à petit ces biens pour la santé publique mondiale et les conséquences seront dévastatrices".

 

 

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A vous de jouer (les recommandations de l'OMS)

Chacun peut contribuer à lutter contre la résistance en :

-utilisant les antibiotiques uniquement lorsqu'ils sont prescrits par un médecin;
-terminant le traitement conformément à l'ordonnance, même si l'on se sent mieux;
-ne partageant jamais des antibiotiques avec d'autres personnes et en n'utilisant jamais les médicaments restants d'une ordonnance précédente.

 

Les agents de santé et les pharmaciens peuvent contribuer à lutter contre la résistance en:

-améliorant la prévention des infections et la lutte contre celles-ci;
-ne prescrivant et ne délivrant des antibiotiques que lorsqu'ils sont réellement nécessaires;
-prescrivant et délivrant le médicament antibiotique adapté à la maladie.

 

Les responsables politiques peuvent contribuer à lutter contre la résistance en:

-renforçant le suivi de la résistance et les capacités des laboratoires;
-réglementant l'utilisation des médicaments et promouvant leur usage approprié.

 

Les responsables politiques et les fabricants peuvent contribuer à lutter contre la résistance en:

-encourageant l'innovation et la recherche-développement de nouveaux outils;
-favorisant la coopération et le partage des informations entre l'ensemble des acteurs concernés.

 

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