Rien de très nouveau au Conseil des ministres réunis hier au Grand Sérail pendant plus de six heures, alors qu'ils avaient décidé la semaine dernière de limiter à cinq heures la durée de leur réunion, apparemment sans succès. Comme il le fait depuis déjà plus de quatre mois, le Premier ministre Tammam Salam a rappelé en début de réunion qu'il est nécessaire d'élire un nouveau président de la République « pour préserver l'intégrité des institutions constitutionnelles ». M. Salam s'est ensuite brièvement penché sur le seul dossier politique de la rencontre, celui des soldats libanais toujours pris en otage par le Front de lutte al-Nosra et l'État islamique (EI). Il semblerait qu'il n'y ait également aucune avancée sur ce plan. M. Salam a mis les ministres au courant des contacts entrepris pour obtenir la libération des otages, assurant que « l'opération est encore compliquée et les progrès sont assez lents ». Il a aussi assuré que le médiateur qatari œuvre toujours pour la libération des soldats et des gendarmes, sans donner plus de détails, conformément à la décision du cabinet de garder les négociations secrètes, même à l'égard des ministres.
Pourtant, un fait se démarque hier de la réunion des ministres qui aurait pu être des plus banales si les ministres Gebran Bassil et Ghazi Zeaïter ne s'étaient pas violemment disputés, lors d'un échange verbal assez violent. Les ministres respectifs des Télécoms et des Affaires sociales Boutros Harb et Rachid Derbas étant absents, l'affaire du renouvellement des contrats de compagnies de téléphonie mobile et l'affaire des réfugiés n'ont pu être discutées hier. Le Conseil des ministres s'est alors directement attelé aux sujets restés en souffrance lors de la dernière réunion puis aux sujets à l'ordre du jour. Parmi ces derniers, le déblocage des fonds pour le ministère des Travaux publics destinés à la maintenance des routes. Un projet qui avait été récemment critiqué, certains dénonçant une politique de deux poids, deux mesures au sein du ministère, 900 millions de livres seulement ayant été débloquées par exemple pour Tripoli, contre 16 milliards de livres pour Baalbeck.
« Ne nous donnez plus d'argent ! »
Le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a ainsi demandé hier au ministre des Travaux publics Ghazi Zeaïter (bloc Amal) d'expliquer aux ministres selon quels mécanismes ces travaux sont entrepris et les fonds distribués, de façon à sauvegarder un développement équilibré entre les différentes régions. Comme le rapporte notre correspondante Hoda Chédid, le ministre Zeaïter a alors assuré qu'il travaillait selon une politique claire et transparente sans être discriminatoire envers certaines régions et sans favoriser le Sud et Baalbeck aux dépens des autres régions du territoire. « Le député Ahmad Fatfat avait demandé des explications à ce sujet et je lui ai préparé une étude que je pourrai vous exposer la semaine prochaine. Je révélerai les chiffres des quatre dernières années et ne suis en tout cas pas responsable du travail de mes prédécesseurs », s'est exclamé le ministre Zeaïter. « Très bien, a rétorqué alors le ministre des Affaires étrangère, Gebran Bassil. Nous attendrons donc la semaine prochaine pour permettre le déblocage de fonds, une fois que nous aurons vu les chiffres en question. »
Le ministre des Travaux publics a alors estimé qu'on mettait en doute sa transparence et s'est mis en colère, affirmant que son ministère « n'a nullement besoin de cet argent ». « Ne nous donnez plus d'argent », a-t-il crié. « Vous ne pouvez guère faire de surenchère, alors que de nombreuses interrogations et accusations entourent vos activités dans les secteurs des télécoms, de l'électricité et du pétrole », a-t-il ajouté à l'adresse du ministre aouniste qui, curieusement, s'est tout de suite calmé, invitant son collègue Zeaïter à en faire de même.
Le Premier ministre s'est alors empressé de lever la séance pour clore le sujet et éviter d'autres fureurs.
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commentaires (10)
ON DIRAIT LE THÉÂTRE DE DIX HEURES ! BASS(I)AL CONTRE THYM...
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 54, le 18 octobre 2014