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Moyen Orient et Monde - Portrait craché #4 Malala Yousafzai

I <3 you, Justin Bieber

Il y a les mamma's boys. Et il y a les daddy's girls. C'est souvent très touchant, une fille à papa – peu importent le papa et sa situation. Leur bipolarité est douce, gentiment troublante : fragile et forte à la fois, responsable et capricieuse, austère et débridée, aventurière et apeurée, la fille à papa sait parfaitement ce qu'elle veut, parce qu'elle a été élevée ainsi, et que ce soit la dernière Cayenne ou un entretien dans le bureau Ovale avec Barack Obama, elle fera tout pour l'avoir. Et elle l'aura. Malala Yousafzaï se serait-elle battue pour l'éducation des enfants si son père, Ziauddin, avait soutenu les talibans ? Personne ne le sait. Je veux raconter mon histoire, mais ce sera aussi l'histoire des 61 millions d'enfants non scolarisés ; je veux qu'elle participe au mouvement qui donnera à chaque garçon et à chaque fille le droit d'aller à l'école, c'est un droit élémentaire pour eux. Malala sort son Journal d'une écolière pakistanaise sur un blog en ourdou de la BBC à... 11 ans. Il y a, dans ce déterminisme, une infinie humilité et beaucoup, beaucoup de mégalomanie à venir ; une pudeur et un exhibitionnisme effarants de symbiose ; il y a du Anne Frank et son Journal, il y a du Moi Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée : il y a de la rédemption, il y a de l'extraction de soi vers le monde, de la vallée de Swat boursouflée de talibans comme des trottoirs de toutes les drogues dures, jusqu'à Birmingham puis Stockholm pour la baby-icône, jusqu'à la guérison et l'éclosion au roman et au cinéma de la baby-junkie de Hambourg, comme une même et seule rédemption, toutes proportions gardées, comme une résurrection, une renaissance. Tellement de maturité, tellement de résilience, tellement de pugnacité, tellement de marques, sur et dans sa peau : la violence inouïe des vallées afghanes, la séparation de la cellule familiale, les larmes quand elle hurle ses envies de devenir médecin, la balle des fous de Tehrik-e-Taliban dans son crâne à la sortie de l'école... Cette enfant est peut-être une icône, pas seulement en Occident mais aussi dans cette vastitude arabo-musulmane de moins en moins gérable, mais elle est surtout une miraculée. Et une freak. Une monstresse : comment peut-on être aussi sérieuse quand on a 17 ans ? Aussi monolithique ? Aussi métallique ? Aussi fascinante ? Elle a été manipulée, instrumentalisée ? Soit. Par qui ? Par son père d'abord, puis par les médias et les agences de communication de l'Occident ensuite ? La créature s'est émancipée, de l'un comme des autres, même si elle a toujours besoin d'eux : la daddy's girl est naturellement doublée d'une star consciente de ses lacunes. Et elle en a comblé, des lacunes, en six ans, Malala Yousafzaï, elle en a vécu, des vies, elle en a collectionnées, des médailles : le prix Sakharov, le prix Simone de Beauvoir, le premier prix national de la jeunesse pour la paix du gouvernement pakistanais, vite rebaptisé prix Malala, jusqu'à ce Nobel, comme avant elle Henri Dunant, Theodore Roosevelt, Anouar Sadate et Menahem Begin, Mère Teresa, Aung San Suu Kyi et Nelson Mandela, Chirine Ebadi et... Barack Obama ; ce Nobel, c'est parfait, mais maintenant? Maintenant, elle va aller avec ses copines, à Mingora ou à Birmingham, manger des pop-corn en regardant Robert Pattinson au cinéma ? Elle va apprendre la biochimie et l'anatomie avec Britney Spears, One Direction ou alors, pourquoi pas, Gustav Mahler dans ses earphones ? Elle va faire du shopping et se vernir les ongles en regardant un beau garçon du coin de l'œil, en pouffant comme une pétasse ? Jouer aux échecs avec les Premiers ministres ennemis, Nawaz Sharif pour le Pakistan et Narendra Modi pour l'Inde, et les faire dîner ensemble, tous les quatre, avec Kailash Satyarthi ? Elle va vivre son âge ? Le vivre, son Nobel au bras, plus hot/lourd qu'un sac Birkin d'Hermès porté par Angelina Jolie, plus hot/lourd qu'une kalachnikov customisée par Mayssa Abdo/Narine Afrine en pleine bataille de Kobané, plus hot/lourd que le porte-documents assorti à ses tailleurs polymorphes d'Angela Merkel, plus hot/lourd que le smartphone ultraconnecté de n'importe quelle jeune fille de 17 ans, d'Islamabad à Buenos Aires, de Los Angeles à Johannesburg, de Lisbonne à Shanghai ; vivre son âge, son Nobel au bras, comme une enfant-monde ? Ou même pas...

Il y a les mamma's boys. Et il y a les daddy's girls. C'est souvent très touchant, une fille à papa – peu importent le papa et sa situation. Leur bipolarité est douce, gentiment troublante : fragile et forte à la fois, responsable et capricieuse, austère et débridée, aventurière et apeurée, la fille à papa sait parfaitement ce qu'elle veut, parce qu'elle a été élevée ainsi, et...
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TRISTE... ET... BELLE... EST L'INNOCENCE ! MAIS, MAUVAISE ET LAIDE EST L'EXPLOITATION ! LES PRIX NOBEL FURENT MALHEUREUSEMENT, AVEC LES GÉNIES ET LES HOMMES DE BIEN, ATTRIBUÉS AUSSI À DES EX SUPER CRIMINELS...

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 15, le 15 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • TRISTE... ET... BELLE... EST L'INNOCENCE ! MAIS, MAUVAISE ET LAIDE EST L'EXPLOITATION ! LES PRIX NOBEL FURENT MALHEUREUSEMENT, AVEC LES GÉNIES ET LES HOMMES DE BIEN, ATTRIBUÉS AUSSI À DES EX SUPER CRIMINELS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 15, le 15 octobre 2014

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