Des Libanais se mobilisent sur les réseaux sociaux contre la prorogation parlementaire

Dans un pays sans président depuis près de trois mois, doté d'un Parlement ayant prorogé son mandat depuis plus d'un an, et confronté à la menace jihadiste débordant de Syrie, l'on est en droit de se demander pourquoi les Libanais ne sont pas encore massivement descendus dans les rues pour exprimer leur ras-le-bol.

La nouvelle prorogation du mandat de la Chambre qui se profile aujourd'hui sera-t-elle la goutte qui fera déborder le vase ?

Le mécontentement commence déjà à s'exprimer sur les réseaux sociaux.

Sur Twitter, le hashtag لا_للتمديد# (Non à la prorogation) figurait dans la liste des "tendances" du réseau social, ou "trends", signe qu'il fait le buzz parmi les internautes libanais.

I cannot believe we even have to say this -> #لا_للتمديد

— Ralph Aoun (@ralphaoun) August 20, 2014

La vague a même atteint les émigrés libanais, notamment en Afrique :

Une star locale, l'actrice Nadine el-Rassi, a rejoint le mouvement :

Même le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a affiché son soutien à la cause. Pourtant, ses collègues du parti aouniste siègent toujours au Parlement, malgré leur opposition de principe à toute prorogation...

Certains ont recours à des moyens d'expression plus traditionnels :

Des affiches hostiles à la prorogation du mandat du Parlement, sur les murs d'Achrafieh.

Et le Mouvement civil pour la responsabilité politique appelle à une manifestation le 28 août contre toute nouvelle prorogation.

Si le Conseil des ministres a promulgué, mardi, le décret préparé par le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk pour la convocation du corps électoral pour les législatives du 16 novembre, l'affaire ne semble relever que de la manoeuvre politicienne. Tout semble confirmer en effet que l'on va vers une nouvelle prorogation, la chambre actuelle étant déjà en mode auto-prorogée depuis le 31 mai 2013...

A l'époque de la première prorogation, le Mouvement civil pour la responsabilité politique avait déjà mené la contestation. Après le vote de la chambre sur la prorogation, les députés avaient été canardés avec des tomates par des activistes. Depuis quelques jours, ce mouvement et d'autres organes de la société civile battent le rappel. Mi-août, des activistes ont ainsi envoyé aux députés des tomates sur lesquelles des autocollants portant le message "Non à la prorogation"  avaient été apposés. Des activistes féministes ont en outre déjà tenté de manifester Place de l'Etoile, où se trouve le Parlement. Quand les forces de l'ordre ont confisqué leurs pancartes, elles ont écrit leurs slogans directement sur leur corps.

Le mécontentement des Libanais sera-t-il entendu cette fois-ci?

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