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Culture - Causerie

Adonis, la poésie et le changement

Le poète Adonis, invité d'honneur des journées culturelles « Art et antidestin », initiées par l'Université pour tous de l'USJ, rencontre son public autour d'un débat convivial où le mot est à l'honneur.

Adonis parlant de la poésie et du changement. Photo Michel Sayegh

Les 1er et 2 octobre, l'UPT organisait les journées culturelles «Art et antidestin» qui abordent le domaine de l'art. Elles comportent des cycles de conférences, des ateliers et des rencontres culturelles. Rendez-vous phare de cet événement, la rencontre avec le poète Adonis sous le titre: «La poésie peut-elle changer le monde? Que change-t-elle et comment?»

Adonis commence dans son introduction à remercier l'USJ en la personne de son recteur, le père Salim Daccache, ainsi que Gilbert Bejjani, directeur de l'UPT, université pionnière qui a contribué au développement personnel de sa culture à travers un climat propice à la diversité.

Face à un public attentif, Adonis, le poète de l'engagement «civilisationnel», comme il se définit lui-même, entame alors son allocution par une présentation en trois points: il affirme d'abord que, selon lui, il n'y a pas de séparation entre la réflexion et la poésie, il s'agit d'une entité que l'on ne peut dissocier. Depuis Gilgamesh à l'Odyssée, jusqu'à des œuvres plus récentes, la raison côtoie la poésie.
Ensuite il explique «qu'on ne peut voir ce qui est loin qu'à travers la vision de ce qui est proche». On juge souvent mal sur les apparences. «Le non-visible est un élément essentiel du visible.»
Dans le troisième point, Adonis considère la réalité culturelle arabe comme une réalité où les peuples ne sont pas divisés sur une vision progressiste vers un futur meilleur à construire, ils sont plutôt tournés vers leur passé. La réalité culturelle d'aujourd'hui n'est pas qu'un phénomène, elle se base sur une vision monothéiste de l'homme et du monde.

Le poète a abordé dans un deuxième temps l'interprétation de l'inspiration de l'islam qui règne. Il en tire les points suivants: «Le prophète de l'islam est le dernier des prophètes, le "sceau des prophètes". Et les vérités qu'il a acquises sont les ultimes vérités. De fait, il n'y a pas d'autre prophète après lui, donc il n'y a pas d'autres vérités. L'homme ne peut rien changer, il peut simplement se soumettre et appliquer ses valeurs.
Adonis considère que les Arabes musulmans vivent dans un monde religieux sans culture, une culture qui dépend de manière vitale de l'influence occidentale. «Nous ne sommes pas nous-mêmes et nous ne sommes pas les autres, nous vivons dans le néant. Au point zéro.»

Enfin il aborde la question du changement. Comment la poésie est-elle capable de faire changer les choses? Pour Adonis, il est impossible de chercher à savoir si la réalité n'est pas assimilée par notre conscient et notre inconscient, car la poésie fait partie intégrante de cette réalité et de notre culture. La poésie engagée et idéologique ne change rien. Selon lui, le changement s'opère à travers la relation entre les mots et les «choses». Le rôle du poète est de détacher le mot de son contenu principal et de lui donner un sens nouveau, créant ainsi une nouvelle relation entre les mots et les «choses», entre le mot et le mot, le mot et l'homme.

 

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