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Campus - Concours - On est en 2050, ils racontent...

L’interruption volontaire de grossesse bientôt dépénalisée ?

Convaincu du rôle des jeunes dans l'édification du Liban de demain, « L'Orient-Le Jour » lançait Il y a quelques mois, pour la première fois au pays du Cèdre, un concours de journalisme destiné aux étudiants sur le thème « Vous êtes journaliste à "L'Orient-Le Jour" en 2050 ». Plusieurs dizaines d'articles sont parvenus au journal, provenant de toutes les régions du Liban, dont quatre ont été sélectionnés et leurs auteurs récompensés par « L'OLJ ». Campus a entrepris de publier les articles lauréats afin de porter la voix des jeunes Libanais le plus loin possible.
Après Joe el-Khoury qui a remporté le premier prix, voici l'article de Romy Batrouny, étudiante en 4e année de droit à l'USJ, gagnante du deuxième prix, un stage rémunéré de deux mois à « L'Orient-Le Jour ».

Romy Batrouny.

Voulant rompre le silence assourdissant de la jurisprudence en matière d'IVG, un projet de loi a été voté le 14 janvier 2050 par le gouvernement actuel, se prononçant en faveur de l'abolition des articles 539-546 du Code pénal. En effet, satisfaisant aux demandes ardemment formulées par les associations féministes, le projet prévoit la dépénalisation du recours à l'IVG, valable jusqu'à la dixième semaine de gestation.

Les militantes en faveur des droits de la femme, après avoir scandé leurs revendications dans les rues de Beyrouth, en juillet dernier, se disent satisfaites par un tel texte de loi. « Il était temps », se contente de commenter la présidente de l'association « Elles ». « Éluder un tel sujet relevant bien de notre quotidien – étant donné qu'un grand nombre de Libanaises y ont recours chaque année dans les cliniques privées du pays – n'était pas sain », rapporte une des manifestantes. « Cette réforme est une victoire, certes tardive, mais affirmée face à l'obscurantisme. Un sujet autrefois considéré comme tabou est traité sans pudeur scélérate par le législateur. Cela est le fruit d'un long combat contre une société orientale hypocrite et malsaine », ajoute-t-elle.

75 ans de retard par rapport aux Françaises
Il convient de rappeler le « combat » des Françaises, qui avait abouti en la promulgation de la loi Veil de 1975 qui a ainsi garanti le droit à l'IVG sous certaines conditions et a fixé à douze semaines de grossesse la période pendant laquelle une femme peut la revendiquer. Depuis, le recours à l'avortement en France fut facilité grâce au courant jurisprudentiel qui, débutant par l'arrêt Lahache du Conseil d'État en 1980, avait notamment supprimé la condition d'un « état de détresse » qui était indispensable a priori pour tout recours à une IVG.

Le recours à l'IVG est certes perçu par certains comme un droit inhérent à la femme, corollaire du droit fondamental de « disposer librement de son corps » consacré par l'article 16 du Code civil. Cependant, ce même « droit » est perçu par d'autres comme une aberration, un symptôme indéniable d'une négation croissante de l'humanité. En effet, les chefs des diverses communautés religieuses ont exprimé leur inquiétude face à une immoralité croissante de la société libanaise qui, après avoir réclamé et fait voter une loi ayant dépénalisé les comportements homosexuels, revendique actuellement la légalité d'un acte d'homicide volontaire ayant pour cible un être fragile. Ainsi, le projet de loi a fait rejaillir en surface la divergence entre les opinions, qui ont pour objectif de cerner la date de la conception de l'être humain, à la suite de quoi l'avortement sera considéré comme illégal. Le droit, a priori garant du sort de cet être fragile et cela en vertu de l'article 3 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, se trouve cependant tenu de garantir ce droit primordial des femmes, celui de disposer librement de leurs corps. Ainsi, le tiraillement perpétuel entre ces deux impératifs illustre l'état actuel des législations à travers le monde, qui tentent de réprimer une banalisation de l'acte de l'IVG tout en garantissant la liberté des femmes à décider elles-mêmes du sort de leur corps.

 

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