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Campus - Concours - On est en 2050, ils racontent...

Amale Nasr, l’espoir d’une nation ?

Il y a quelques mois, convaincu du rôle des jeunes dans l'édification du Liban de demain, « L'Orient-Le Jour » lance, pour la première fois au pays du Cèdre, un concours de journalisme auprès des étudiants sous le thème « Vous êtes journalistes à "L'Orient-Le Jour" en 2050 ». Parmi plusieurs dizaines d'articles reçus de toutes les régions du Liban, quatre ont été sélectionnés et leurs auteurs récompensés par « L'OLJ ». Durant les semaines qui suivent, Campus publiera les articles lauréats afin de porter la voix des jeunes Libanais le plus loin possible.
Gagnant du premier prix – une bourse d'études de 5 000 dollars américains – voici l'article de Joe el-Khoury, étudiant en 7e année de médecine à l'USJ.

Le lauréat du premier prix, Joe el-Khoury, étudiant en 7e année de médecine à l’USJ.

Élue à 71,28 % des suffrages, la jeune femme rentre d'ores et déjà dans l'histoire du pays. Plus jeune présidente du Liban depuis sa création, première présidente élue au suffrage universel, et surtout, première présidente élue dans les délais constitutionnels depuis des décennies, Amale Nasr débute son mandat avec une responsabilité décuplée. Pourtant, c'est le visage radieux et le regard déterminé que la jeune femme d'affaires s'est adressée à la foule amassée place des Martyrs au moment de l'annonce de sa victoire.

Il est 21h30 exactement. L'explosion de joie a fait vibrer la flamme de bronze de la statue des Martyrs et les plumes d'acier du phénix du mémorial du Génocide de 2015. Le cœur de Beyrouth, muet depuis plusieurs minutes, se remet à battre frénétiquement, déversant dans les artères encombrées de la capitale un flux de liesse, de triomphe et de réconfort. Un seul mot est sur toutes les lèvres, un seul prénom est scandé à l'unisson. Amale. Espoir. La jeune femme s'est assise, a enfoui sa tête dans ses mains quelques secondes avant de se relever et de s'avancer calmement vers l'estrade, portée par les cris de ses électeurs déchaînés. « Mes chers compatriotes... Vous avez gagné ! »
clame-t-elle. Une seconde détonation retentit alors, plus forte, plus fière encore, dont le souffle atteint la place Riad el-Solh, silencieuse, où le candidat malheureux tente de retrouver tant bien que mal ses esprits.
À 32 ans, Amale Nasr a réussi l'exploit de se hisser au sommet de la pyramide. Contre vents et marées, elle s'est battue, férocement, projetant à la face de ses adversaires sa vision d'un Liban uni et souverain. Contre vents et marées, elle a réussi son pari, celui de faire tenir des élections présidentielles dans les temps pour la première fois depuis plus de 40 ans. En août dernier, elle a défilé avec une marée humaine de plus de deux millions de personnes et a parcouru la capitale d'est en ouest pour faire pression sur le gouvernement... et elle a réussi. Aujourd'hui débute pour elle une nouvelle manche, un nouveau combat pour un changement radical dans la politique libanaise, changement qu'elle a su faire passer de l'état d'utopie chimérique à celui de promesse accessible, palpable, à portée de main : la laïcité politique.

 

Un espoir grandissant
Amale Nasr est née à Beyrouth en l'an 2018 dans le quartier dévasté d'Achrafieh, et a vécu une enfance tourmentée sur les routes de l'exil, bercée par les soubresauts des cars crapahutant sur les chemins cabossés par les impacts d'obus qui s'abattaient en masse sur les différentes régions libanaises durant la guerre des Milices de 2015-2024. Ses parents, comme une majorité de Libanais de l'époque, avaient été ravagés par le meurtre effroyable de leurs deux enfants lors du génocide de mai 2015 qui avait fait plus de 32 500 morts et constitué le déclenchement de la deuxième guerre du Liban. En l'an 2023, profitant du calme précaire régnant sur la région, Amale, âgée de 5 ans, débute ses études dans une école à Beit Méry avant de retourner, avec la fin de la guerre, dans son quartier natal. Son parcours universitaire sera marqué par les événements de novembre 2037 au cours desquels elle se retrouvera au cœur des manifestations estudiantines ayant conduit à la destitution du président Francis. En 2040, elle fonde l'ONG Leban-ease, spécialisée dans la levée de fonds au profit des familles démunies et décimées par la guerre, ce qui lui vaudra une notoriété grandissante auprès des jeunes et lui permettra de multiplier les apparitions médiatisées où elle commencera petit à petit à afficher ses convictions politiques.

 

Le Liban au féminin
Amale succède à une autre femme marquante de l'histoire libanaise, Céline el-Khoury, qui remet aujourd'hui le flambeau de la république «la conscience tranquille», comme elle le dit dans son allocution d'adieu. Première femme à accéder à ce poste, élue en 2038 après un vide constitutionnel d'un an, elle profite de son premier mandat pour créer un lobby parlementaire et populaire garantissant l'entérinement d'une nouvelle loi de nationalité, permettant enfin aux femmes libanaises de transmettre leur nationalité à leurs enfants. Son deuxième mandat a vu par ailleurs le passage des élections présidentielles au suffrage universel, suite à la pression exercée par les différents partis politiques et le mouvement des jeunes mené par la téméraire Amale Nasr, ainsi que la création du nouveau ministère de la Culture et de la Francophonie.
La nouvelle présidente, forte du soutien populaire, se doit donc d'être à la hauteur des responsabilités qui lui incombent. En effet, depuis près de dix ans, un vent nouveau souffle sur la république. Pour la première fois depuis plus d'un siècle, l'on sent que le train de la nation, qui semblait carburer au sang de son peuple, se remet sur les rails. Amale, avec sa promesse de laïcité politique, saura-t-elle donner la chiquenaude, déclencher l'étincelle, qui le mettra enfin en marche ?

 

 

Élue à 71,28 % des suffrages, la jeune femme rentre d'ores et déjà dans l'histoire du pays. Plus jeune présidente du Liban depuis sa création, première présidente élue au suffrage universel, et surtout, première présidente élue dans les délais constitutionnels depuis des décennies, Amale Nasr débute son mandat avec une responsabilité décuplée. Pourtant, c'est le...

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