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À La Une - Royaume-Uni

Cameron présente ses excuses pour un double crime de lèse-Majesté

"Le comble du soulagement, quand vous êtes Premier ministre du Royaume-Uni, c'est d'appeler la reine au téléphone et de lui dire, tout va bien, c'est okay.... Elle a ronronné de contentement"...

Interrogé sur sa gaffe, le Premier ministre britannique s'est dit "extrêmement embarrassé", "totalement désolé". REUTERS/John Minchillo/Pool

David Cameron a présenté ses plus humbles excuses à la reine après un double crime de lèse-Majesté : il a révélé le soulagement d'Elizabeth II après le rejet de l'indépendance écossaise, et trahi du même coup la sacro-sainte confidentialité des discussions entre l'exécutif et la souveraine.

L'entorse au protocole, rarissime et non dépourvue d'une dimension drolatique, est prise d'autant plus au sérieux qu'elle touche au dogme qui veut que la reine, neutre et impartiale, ne s'immisce pas dans les affaires politiques. Elle règne mais ne gouverne pas.

L'incident s'est produit mardi dans les couloirs de l'ONU, quand le Premier ministre a raconté sur le ton de la fanfaronnade à l'ex-maire de New York Michael Bloomberg son coup de fil libératoire à la souveraine, après la victoire du non au référendum. Sans s'apercevoir que l'aparté était filmé par une caméra de Sky News.

"Le comble du soulagement, quand vous êtes Premier ministre du Royaume-Uni, c'est d'appeler la reine au téléphone et de lui dire, tout va bien, c'est okay.... Elle a ronronné de contentement", a-t-il plastronné.
Le scoop a aussitôt tourné en boucle, contraignant le Premier ministre à battre sa coulpe devant les journalistes l'accompagnant aux Etats-Unis, mercredi soir.

 

 

 

 

Interrogé sur sa gaffe, il s'est dit "extrêmement embarrassé", "totalement désolé." "Clairement, c'était une conversation privée, mais elle n'aurait pas dû avoir lieu et cela ne se reproduira plus", a promis M. Cameron. Il a précisé que "le message clair" avait été passé par ses services au Palais de Buckingham et que lui-même présenterait personnellement ses excuses.

Circonstance aggravante: nombre de commentateurs ont jugé ses propos au mieux naïfs et au pire irrespectueux. C'est l'avis du Premier ministre écossais Alex Salmond et du député travailliste Paul Flynn. Le premier a jugé "absolument pathétique" que Cameron n'ait pas compris le b.a ba après quatre ans de pouvoir. Le second a enfoncé le clou en faisant valoir que la conversation badine portait "sur une question politique sensible et clivante".

 

(Lire aussi : Le nouveau carrosse d'Élisabeth II, un concentré d'histoire nationale)

 

Jour normal à Balmoral
La bévue est d'autant plus malvenue que la reine a assisté muette au scrutin menaçant de faire imploser son royaume. En réponse aux informations disant qu'elle était "horrifiée" à cette perspective, le palais de Buckingham a jugé utile de publier une mise au point: "L'impartialité constitutionnelle de la souveraineté est un principe établi de notre démocratie, et la reine s'y est pliée tout au long de son règne".

De fait, la reine qui a prononcé des milliers de discours depuis son accession au trône voici 62 ans, sans jamais accorder d'interview, s'est tout juste permis un propos sibyllin au cours de la campagne. "Les Ecossais devraient bien réfléchir", a-t-elle glissé à la sortie de l'église, près de son château écossais de Balmoral, flanquée de son mari le Duc d'Edimbourg vêtu d'un kilt. Les exégètes du palais ont vu là un avertissement voilé.

"Quand elle se rend en Ecosse, c'est à titre strictement privé. D'évidence, elle assistera dimanche à la messe", avait fait valoir à l'AFP une porte-parole du palais accréditant l'idée du "business as usual".
Une fois connu le résultat des urnes, elle a appelé à l'unité les Britanniques, dans un communiqué soigneusement dépassionné.

 

(Lire aussi : Les finances de la reine Elizabeth II dans le collimateur des députés britanniques)

 


Les indiscrétions de Tony Blair
Elizabeth II est constamment informée des affaires du royaume par le gouvernement. Elle a perpétué avec ses 12 Premiers ministres la tradition d'un tête-à-tête hebdomadaire et strictement confidentiel. Les biographes ont longuement glosé sur ses relations difficiles avec "la dame de fer" Margaret Thatcher, "qui n'écoutait pas".

Mais les indiscrétions sont rares et à les en croire, le palais n'a pas apprécié les anecdotes livrées dans ses mémoires par Tony Blair. Il y décrit avec force détails le couple royal recevant le Premier ministre et son épouse à Balmoral. Le duc d'Edimbourg qui officie au barbecue et la reine à la plonge, munie de gants de vaisselle en caoutchouc.

 

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L'entorse au protocole, rarissime et non dépourvue d'une dimension drolatique,...

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