Alors que le flou entourait depuis vendredi soir le sort du soldat libanais Mohammad Hamiyé, l'agence de presse turque Anatolie a rapporté samedi que le Front al-Nosra (branche d'el-Qaëda en Syrie) a diffusé une vidéo montrant l’exécution par balles du militaire détenu aux mains de ce groupe terroriste depuis les combats de Ersal (Békaa), début août.
Et selon des informations rapportées par la LBC, un commandant d'al-Nosra a annoncé que le groupe réclame la libération de 15 islamistes détenus dans la prison de Roumieh contre la remise de la dépouille du soldat Hamiyé.
Sur la vidéo, toujours selon Anatolie, apparaît également le soldat libanais Ali el-Bazzal exhortant sa famille à agir sinon il serait assassiné lui aussi. Quelques minutes plus tard, la famille du soldat Bazzal a réagi en coupant brièvement la route dans la région de Bazzaliyé, à Baalbeck (Békaa).
Un compte lié au Front al-Nosra sur Twitter a d'ailleurs publié la photo du soldat Ali el-Bazzal, illustrée par le numéro 2, les "accusations" portées à son encontre - celles d'appartenir à l'institution militaire et à la confession chiite - et les conditions pour qu'il ne soit pas exécuté : le retour de la situation à Ersal à la normale et la libération de tous les détenus sunnites.
#جبهة_النصرة|#من_سيدفع_الثمن الثاني بسبب تعنت الجيش اللبناني المدفوع من حزب اللات إنه علي بزال وهناك أمل لنجاته بشروط pic.twitter.com/pPg2VhbBBr
— مراسل القلمون (@Qalamon_J) September 20, 2014
Vendredi soir, un commandant d'al-Nosra au Qalamoun (localité syrienne à la frontière avec le Liban) a annoncé à l'agence turque que le groupe jihadiste a bel et bien tué le soldat Hamiyé. Al-Nosra avait quelques heures plus tôt menacé, dans un message extrêmement ambigu posté sur Twitter, de tuer le soldat Hamiyé. Avec une photo du soldat, son nom, le "numéro un" sur une tache rouge sang et le mot-dièse "L'armée libanaise tue ses soldats", le groupe jihadiste a posté : "Bonne nouvelle au gouvernement du Liban et au parti d'Iran (le Hezbollah, ndlr), voici votre première victime, vous l'avez tuée, payez donc le prix". Et le Front de menacer à la fin : "La suite sera encore plus amère".
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Le père du soldat a néanmoins indiqué vendredi que des médiateurs à Ersal lui ont assuré que son fils était en bonne santé. Samedi encore, quelques heures avant l'annonce de la diffusion d'une vidéo, Maarouf Hamiyé a assuré lors d'une conférence de presse que les informations faisant état de l’exécution de son fils ne sont pas exactes et qu'il s'agit de menaces proférées par les jihadistes pour faire pression. "La famille Hamiyé s'attache à l'espoir jusqu'au dernier moment", a ajouté le père du soldat. "Mais s'il s’avère qu'un acte criminel a bel et bien eu lieu, nous tenons l'Etat libanais, le président de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiry, et cheikh Moustapha Hojeiry pour responsables", a-t-il menacé.
"Nous allons prendre ce qui est de notre droit"
Après la confirmation de l'exécution de son fils, Maarouf Hamiyé a appelé à ne pas s'en prendre aux réfugiés syriens, indiquant qu'il fait assumer à la famille Hojeiry (de Ersal) la responsabilité de la mort de son fils. "Nous n'avons pas de gouvernement, toute tribu est un gouvernement, a martelé le père du soldat martyr. Nous allons prendre ce qui est de notre droit".
Début août, des combats ont opposé, à Ersal, l'armée à des groupes jihadistes, faisant des dizaines de morts, dont une vingtaine de soldats. Depuis la fin des combats, plusieurs accrochages ont eu lieu entre l'armée et des assaillants islamistes. Une trentaine de soldats et policiers sont en outre toujours otages des islamistes du Front al-Nosra et du groupe État islamique. L'EI a décapité deux soldats, Ali Sayyed et Abbas Medlej, et menacé, mercredi, d'en exécuter un troisième.
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L’exécution du soldat Hamiyé est intervenue après un attentat perpétré vendredi matin contre l'armée. Un camion militaire a été visé par une charge explosive de 10 Kg alors qu'il se dirigeait vers la ville de Ersal, a indiqué l'armée dans un communiqué. Deux soldats ont été tués et trois autres blessés, précise l'armée. Auparavant, un porte-parole militaire avait indiqué à l'AFP que le véhicule avait été "la cible probablement d'une roquette antichar".
Vendredi sur Twitter, al-Nosra a accusé l'armée et le Hezbollah d'avoir "fabriqué l'attaque de Ersal", dans le but de "torpiller les négociations entre les jihadistes et l'Etat libanais en vue de libérer les militaires otages". "Après la fabrication de l'opération par l'armée libanaise, avec le Hezbollah , ses bombardements du jurd du Qalamoun et ses arrestations de civils à Ersal... le temps est venu".
Le groupe a en outre démenti vendredi à l'agence d'information turque avoir réclamé la libération de détenus incarcérés dans les geôles du régime syrien, contre la libération de ses otages. "Nos conditions pour la libération des otages militaires libanais ne sont pas rédhibitoires et n'incluent pas une demande de libération de détenus dans les prisons du régime syrien", ont déclaré les jihadistes.
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Il y a quelques jours, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, avait fait état de "demandes rédhibitoires" de la part des jihadistes de l'EI et d'al-Nosra pour libérer les militaires. Des sources non identifiées avaient rapporté que les jihadistes avaient ajouté à leurs demandes la libération de détenus islamistes et opposants des prisons syriennes.
Les jihadistes exigent aussi le retrait du Hezbollah de Syrie, où les combattants du parti chiite prêtent main forte aux troupes de Bachar el-Assad, et la libération d'islamistes détenus au Liban.
A Ersal, la troupe a poursuivi samedi ses perquisitions et a annoncé l'arrestation du Libanais Seifeddine Hojeiry pour son implication dans une attaque contre une position de l’armée dans la localité, ainsi que le Syrien Khaled Abdel Rahman suspecté d'appartenir à une organisation terroriste.
Préserver la dignité de l'Etat
L’armée a en outre annoncé samedi avoir poursuivi dans la nuit ses bombardements contre des positions des jihadistes dans le jurd de Ersal, tuant plusieurs d'entre eux. Dans un communiqué, l'institution militaire a assuré qu'elle poursuivra ses opérations sur le terrain en vue de protéger les Libanais et s'est dite "attachée à son droit d'user de tous les moyens dont elle dispose" face aux organisations terroristes "quelle que soit l'ampleur des sacrifices".
Parallèlement, l'aviation syrienne a mené samedi des raids sur le jurd de cette localité sunnite frontalière de Syrie, visant des positions des jihadistes.
La coalition contre l'EI radicalise la position iranienne au Liban, l'éclairage de Philippe Abi-Akl
Tammam Salam et le gouffre, le billet de Ziyad MakhoulEn Syrie aujourd'hui, comme au Liban hier, la guerre des autres...
Et selon des informations...
commentaires (2)
DES TARÉS !
ARABOS-SIONISTES, L,ARTICLE DISPARAIT DES ECRANS
10 h 44, le 21 septembre 2014