Restez sur vos terres, qu'il disent. Et l'appel ne s'adresse pas qu'aux minorités... Que chacun reste donc chez lui, sur sa terre... Soit ! Faudrait seulement qu'il se trouve un seul bipède du landernau pour nous donner ne serait-ce qu'une seule raison valable. Car du Golfe à l'Atlantique : rien, nada, ballepeau et nib de nib.
Qu'ils soient riches ou pauvres, faut dire que les gens de ces contrées riantes sont loin de barboter dans des édens qui donnent envie : des bleds le plus souvent chapeautés par un roitelet lubrique de droit divin ou un militaire fouettard au poitrail tapissé de breloques, des pieds nickelés locaux très peu comestibles à la limite du délit de sale gueule, des masses décavées auxquelles on invente tout un brimborion de tuiles pour leur faire oublier qu'on leur siphonne sans vergogne le tréfonds des gorges.
Et depuis quelques semaines, ces emblèmes d'humanisme et de modernité se sont enrichis de deux nouveaux concepts : la traite des femmes et la décapitation. C'est connu, dans une région en grande partie ensanglantée et en ruine, les deux soucis premiers des populations sont la boucherie et la polygamie...
Même le Liban est entraîné dans la farandole. Comme sa structure bigarrée ne lui permet pas de se payer un calife monochrome, le pays se repaît du spectacle des barbus de tout poil, qui se télescopent et neutralisent leur propre médiocrité. Résultat : un État dans la panade qui passe son temps à organiser des arrangements improbables, une armée qui s'échine à torcher la gadoue d'un point à l'autre du territoire, des politiciens vautrés dans la fange et se curetant le nombril devant des niaiseux qui leur passent le cirage et la brosse à reluire...
Rien qu'à regarder la carte du Moyen-Orient, tout Sartre revisité par Desproges vous saute à la figure : on a, à la fois, la nausée et les mains sales.
gabynasr@lorientlejour.com
Mains sales pour trouver toujours une mission de haute importance : assassiner l'un des chefs charismatiques .
17 h 47, le 12 septembre 2014