Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, se dit favorable à un "front commun" contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI) sans "exclure quiconque", en particulier la Syrie, dans un entretien avec le quotidien français Le Figaro à paraître jeudi.
"Sans aller jusqu'à parler d'alliance, il faut un front commun", déclare le ministre au moment où le secrétaire d'Etat américain John Kerry vient d'entamer une tournée au Moyen-Orient destinée à mettre en place une coalition internationale contre l'EI, un groupe armé extrémiste sunnite qui sévit en Irak et en Syrie. L'EI a aussi combattu l'armée libanaise, début août à Ersal (Békaa), pris des militaires en otage et décapité deux soldats.
(Lire aussi : Abbas Ibrahim officiellement chargé du dossier des otages militaires)
Interrogé sur la question d'une éventuelle participation du Syrien Bachar el-Assad à cette coalition, d'ores et déjà exclue par Washington, le chef de la diplomatie libanaise répond : "On ne peut exclure quiconque a l'envie ou les moyens d'en faire partie". "On n'a pas le choix. Il sera ensuite temps de revenir aux divergences et aux luttes d'influences régionales", dit-il, jugeant que "c'est une bataille de principe. Celle de l'humanité contre les monstres".
Le soutien à l'armée
Dans son interview au Figaro, le ministre Bassil rappelle également que le Liban, dont l'armée est sous-équipée, attendait "impatiemment la concrétisation des contrats d'armements français" qui doivent bénéficier d'un financement de trois milliards de dollars de l'Arabie saoudite.
"On nous assure qu'il n'y a aucun obstacle politique, mais que la lenteur est due à des problèmes techniques et logistiques", dit-il. "En attendant, relève Gebran Bassil, Riyad a débloqué cet été un milliard supplémentaire qui a déjà servi à livrer des armes légères américaines". "Le soutien à l'armée libanaise est indispensable au succès de la coalition internationale contre le terrorisme dont le Liban fera nécessairement partie", insiste le ministre.
(Lire aussi : Aide militaire au Liban : une "partie compliquée" et toujours pas de percée en vue)
Début septembre, la présidence française avait indiqué que le contrat franco-saoudien de livraison d'armes au Liban était en voie de "finalisation", après une visite à Paris du prince héritier d'Arabie saoudite Salmane Ben Abdel Aziz.
Les déclarations du ministre libanais interviennent alors que dimanche, le chef de la Ligue Arabe Nabil al-Arabi a appelé, lors d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au Caire, les pays arabes à faire face "militairement et politiquement" aux jihadistes de l'EI. M. al-Arabi a appelé les ministres à adopter "des décisions courageuses pour faire face aux phénomènes de terrorisme (...) qui menacent l'existence de certains Etats arabes".
Devant la progression de l'EI dans le nord irakien, poussant à la fuite des centaines de milliers de personnes et menaçant le Kurdistan, les Etats-Unis ont commencé à mener le 8 août des raids aériens contre ses positions, en appui aux forces kurdes et fédérales. Mais après la décapitation en deux semaines par l'EI de deux journalistes américains enlevés en Syrie -James Foley et Steven Sotloff- et la menace de tuer un otage britannique, la communauté internationale s'est montrée encore plus déterminée à éradiquer ce groupe responsable de viols, d'exécutions, d'enlèvements et de persécutions.
Lire aussi
La rencontre Nasrallah-Aoun : « S'unir contre le fondamentalisme... »
Le temps ne joue pas en faveur du gouvernement, l'éclairage de Scarlett Haddad
Face aux exactions de l'EI, des Libanaises appellent à un effort international
commentaires (3)
OU, QUAND LE CRAPAUD VOULAIT DEVENIR AUSSI GROS QU'UN BŒUF !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
05 h 52, le 12 septembre 2014