Une rencontre a eu lieu entre le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, en présence du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, du responsable du comité de coordination du parti, Wafic Safa, et du conseiller politique du chef du parti chiite, Hussein el-Khalil.
Un communiqué publié par le Hezbollah a d'abord mis en relief le contexte de la réunion, c'est-à-dire « la situation dangereuse que traversent le Liban et la région », en mettant l'accent d'une part sur « le terrorisme pratiqué par Israël, ses menaces constantes et ses crimes qualifiés », d'autre part sur « le danger de la vague jihadiste terroriste qui prépare le terrain pour un chaos global qu'il est obligatoire d'affronter ».
Pour un élargissement de l'entente
Face à ces deux dangers, les deux parties ont réaffirmé leur entente, scellée huit ans plus tôt par le document CPL-Hezbollah. Le communiqué a ainsi affirmé que « les protagonistes se sont assurés de la justesse de leur vision précédente des dangers et de l'exactitude de leur vision de ce qui attend le pays, ainsi que de la pertinence de leurs mises en garde contre les divisions confessionnelles au Liban et les divisions destructrices dans la région ». « Le bien-fondé de l'entente que les deux parties ont construite a ainsi été prouvé », a ajouté le texte, précisant qu'elle « encourage la généralisation de ce document aux autres forces afin d'immuniser la situation intérieure face à la discorde que nous refusons ». Ainsi, la réunion aura confirmé « l'identité des points de vue respectifs des deux parties en ce qui concerne le terrorisme et l'éventualité d'y faire face par tous les moyens, à commencer par la consolidation de l'unité et de la stabilité intérieures, ainsi que l'édification de l'État sur les bases saines d'un pacte national ».
Le gouvernement et le dossier des otages
Trois éléments sont à retenir de ce communiqué : la réaffirmation du partenariat Hezbollah-CPL face à deux ennemis strictement identifiés ; l'occultation des dossiers intérieurs, à savoir la présidentielle ; l'omission de mentionner l'institution militaire pourtant aux prises directes avec cet ennemi.
Interrogés d'abord sur le partenariat et les moyens convenus pour sa mise en œuvre, les milieux aounistes reprennent la teneur du communiqué, avec la même formulation générale. « Nous avons une vision commune et un diagnostic identique des dangers », affirme à L'Orient-Le Jour le député du bloc du Changement et de la Réforme, Hikmat Dib. Il fait état, sur cette base, d'une « série de démarches qui se préciseront progressivement sur le terrain pour contrer ces dangers et prévenir de nouveaux dérapages sécuritaires ».
Ce partenariat se traduira notamment par « des positions communes au sein du gouvernement », affirment les milieux du CPL. Mais ils ne donnent pas de réponse concrète sur la position commune envisagée pour libérer les militaires pris en otage par les fondamentalistes. Rappelons que les milieux du courant du Futur reprochent au Hezbollah de « s'opposer à l'idée que le gouvernement réuni négocie directement la libération des otages, sachant que le Hezbollah l'avait concédé pour la libération des otages de Aazaz ». Ils laissent entendre par ailleurs que ce refus n'est pas un refus de principe, mais vise à prolonger la crise, « en vue de légitimer une ingérence syro-iranienne contre le takfirisme ».
Priée de préciser la position défendue par le CPL et son allié sur la gestion du dossier des otages, une source aouniste s'abstient « d'évoquer ce point délicat dans les médias », et se contente d'affirmer que « nos positions ne sont pas rigides et sont susceptibles d'évoluer en fonction des données ».
Mais la source renvoie en même temps au 14 Mars ses accusations, en évoquant « l'absence de stratégie claire du gouvernement. Sans vouloir parler de cafouillage, il existe toutefois un état d'attentisme, au sein de l'exécutif, à cause des divergences de points de vue ». La position du CPL par rapport au dossier des otages se fonderait en somme sur trois points : « Donner une chance à des tierces parties dans les médiations ; maintenir l'équilibre entre le bâton et la carotte ; faire preuve de flexibilité en cas de nécessité. »
(Lire aussi : Abbas Ibrahim officiellement chargé du dossier des otages militaires)
Présidentielle
Par ailleurs, les milieux aounistes démentent toute forme de partenariat militaire avec le Hezbollah. Ils continuent de démentir l'armement du CPL, mais reconnaissent que « de nombreux citoyens s'arment actuellement à titre individuel, surtout dans les villages frontaliers ».
Sur la présidentielle, c'est le « même appui du Hezbollah au chef du CPL qui a été réaffirmé », précisent ces milieux, qui réitèrent leur « droit de maintenir cette candidature pour sauver le pays de la dérive ».
Le député du bloc du Futur Ahmad Fatfat s'étonne du « mutisme sur l'initiative du 14 Mars, pourtant très flexible, sur la présidentielle ». Les milieux du CPL disent avoir déjà répondu à cette initiative, à l'heure où le 14 Mars « n'a pas pris la peine d'examiner l'initiative du général Aoun ».
Interrogé enfin sur la non-mention de l'armée dans le communiqué de la réunion, le député Nagi Gharios rappelle « notre entière solidarité avec l'institution militaire, qui a d'ailleurs été au cœur de la réunion du bloc aujourd'hui (hier) ».
Si le CPL et le Hezbollah déclarent leur volonté « d'éviter la discorde », le 14 Mars, lui, reste sceptique. « La volonté de maintenir la vacance présidentielle trahit une volonté de prolonger la crise jusqu'à ce que la seule issue de secours pour le pays passe par une entente avec l'armée régulière syrienne », conclut Ahmad Fatfat.
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Aucun projet constructif en vue .... Ils sont encore contents d'avoir signé un manuscrit il y a quelques années ... Ils ont du calculé comment profiter de la situation encore.... En attendant le prochain coup de couteau dans le dos... Un coup médiatique stérile ... Qui révèle la faiblesse de ces gens!
00 h 33, le 11 septembre 2014