Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé mercredi à Bagdad que les jihadistes de l'Etat islamique (EI) allaient être vaincus par la coalition internationale dont la stratégie sera dévoilée en soirée par le président Barack Obama. Ce dernier prononcera son allocution solennelle à la Maison Blanche mercredi soir (01h00 GMT jeudi), soit la veille du 13e anniversaire des attentats du 11-Septembre.
"Nous savons tous (...) qu'en définitif, notre coalition internationale réussira à éliminer la menace en Irak, dans la région et dans le monde", a affirmé sans attendre le secrétaire d'Etat John Kerry.
Les Etats-Unis ont pris ces dernières semaines la tête des efforts internationaux pour contrer la menace grandissante posée par l'EI, qui multiplie les exactions dans les régions conquises en Irak et en Syrie.
Ils ont reçu l'appui de nombreux pays, comme la France, dont le président François Hollande se rendra vendredi à Bagdad avant d'organiser lundi à Paris une conférence sur l'Irak.
La France est prête à agir en Irak, via une action militaire aérienne "si nécessaire", pour répondre à la menace des combattants de l'E), a d'ailleurs déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. En Syrie, "nous continuerons à aider l'opposition modérée syrienne qui combat à la fois l'EI et le régime de Bachar el-Assad", a-t-il poursuivi. "Nous devons agir dans les deux cas (en Irak et en Syrie, ndlr) mais pas selon les mêmes modalités".
En entamant mercredi une nouvelle tournée au Moyen-Orient, M. Kerry s'est fixé comme objectif de convaincre et rallier un maximum de pays de la région. Il a débuté son voyage par une étape non annoncée à Bagdad, où il a félicité le nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi pour son "engagement" à combattre l'EI et à entreprendre des réformes "nécessaires" pour impliquer toutes les communautés d'Irak.
Sa visite a été marquée par un double attentat qui a fait au moins 19 morts à Bagdad.
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Stratégies "différentes"
M. Abadi a, lui, affirmé que son pays était résolu à combattre ce "cancer" que représente l'EI. Mais, a-t-il insisté, la communauté internationale a aussi "la responsabilité de protéger l'Irak et la région toute entière" de "cette organisation terroriste".
Les Etats-Unis vont notamment aider Bagdad à "reconstituer et entraîner", selon M. Kerry, l'armée fédérale, récemment mise en déroute par l'EI dans le nord de l'Irak. Mais, a-t-il précisé, les stratégies seront "différentes" de celles suivies ces dernières années et elle seront conduites avec l'aide des Etats-Unis mais aussi "d'autres pays".
Après Bagdad, M. Kerry se rendra mercredi soir à Amman puis jeudi à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite. Il y rencontrera les chefs de la diplomatie des six monarchies arabes du Golfe ainsi que des représentants d'Irak, de Jordanie, d'Egypte et de Turquie.
(Lire aussi : Qui participe à la coalition internationale contre l'État islamique ?)
Il s'agit de mettre sur pied "la plus large coalition possible de partenaires (...) afin de faire face, d'affaiblir et au final de vaincre l'EI", a expliqué M. Kerry. Et "presque tous les pays ont un rôle à jouer pour éliminer le mal qu'il représente".
Les Américains veulent notamment obtenir le soutien des monarchies du Golfe qui, après avoir été accusées de financer des groupes radicaux, ont pris récemment conscience de la menace que représente l'EI pour leur propre stabilité. M. Obama a d'ailleurs appelé mardi le roi Abdallah d'Arabie saoudite et devait réunir en fin de matinée son Conseil de sécurité nationale en présence notamment du vice-président Joe Biden et du secrétaire à la Défense Chuck Hagel.
Vers des frappes aériennes en Syrie?
Dans le cadre de la lutte contre l'EI, le président américain s'apprêterait à autoriser des frappes aériennes contre les combattants de l'EI en Syrie, comme les Etats-Unis le font déjà dans le nord de l'Irak, rapportent le New York Times et le Washington Post.
(Lire aussi : Au lendemain de sa décapitation, un groupe syrien rebelle nomme une nouvelle direction)
Les frappes américaines menées depuis le 8 août dans le nord irakien se sont révélées déterminantes dans la reprise par l'armée et les forces kurdes de certains secteurs.
Mais Washington n'envisage pas de déployer de troupes au sol.
Selon les deux quotidiens, M. Obama est prêt à étendre à la Syrie la campagne de frappes aériennes qui vise depuis un mois en Irak les combattants de l'EI, qui se sont emparés ces derniers mois de vastes territoires dans les deux pays. Le New York Times cite un haut responsable gouvernemental, et le Washington Post, des experts en politique étrangère consultés par le président américain cette semaine.
Barack Obama est déterminé à combattre l'EI "partout où sont leurs cibles stratégiques", a ainsi expliqué au Washington Post Michele Flournoy, ancienne secrétaire adjointe à la Défense, qui figurait parmi les experts qui ont rencontré le président au cours d'un dîner lundi. L'EI "ne respecte pas les frontières internationales. On ne peut pas leur laisser un refuge (....) Je crois que le président va être très clair", a-t-elle poursuivi, en référence à l'allocution solennelle que le président prononce mercredi soir à la Maison Blanche.
Selon le New York Times, le président a l'intention d'entamer "une campagne à long terme, bien plus complexe que les frappes ciblées contre el-Qaëda au Yémen, au Pakistan ou ailleurs".
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commentaires (5)
UNE VÉRITABLE STRATÉGIE N'EST JAMAIS DÉVOILÉE A L'AVANCE....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
05 h 53, le 12 septembre 2014