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Liban - Le commentaire

Le blocage présidentiel vu par les uns et les autres

Le Parlement : y aller ou pas ?

Un député du Courant patriotique libre (CPL) estime qu'il n'y aura pas d'élection présidentielle dans un avenir proche, en raison du fait que les décideurs à l'extérieur sont trop occupés par ce qui se passe dans la région et ne peuvent pas se consacrer pour le moment à la question libanaise.


Selon ce député, il convient donc d'attendre que le contexte régional se clarifie pour savoir quel président il faudrait élire et pour quel Liban. Dans l'intervalle, souligne-t-il, il faut s'efforcer de maintenir le statu quo à l'intérieur et de limiter autant que possible les pertes, en préservant un minimum de sécurité et de stabilité dans le pays si l'on veut que le Liban soit encore vivant lorsque son tour dans la solution viendra.
En fait, poursuit ce parlementaire aouniste, aucune des parties en présence, ni au 8 Mars ni au 14 Mars, n'est prête, à l'heure actuelle, pour élire un président de la République. Pour lui, cela est dû au fait que certains protagonistes sont liés à des décideurs extérieurs qui n'ont pas encore pris de décision ferme en ce qui a trait à la présidentielle libanaise.
Ainsi, pense-t-il, si le Hezbollah attend encore le mot d'ordre de l'Iran, il en est de même du courant du Futur, qui temporise pour savoir ce que déciderait l'Arabie saoudite.


Et c'est ce diagnostic de la situation qui amènerait le CPL à tenter de meubler le temps gaspillé par des propositions dont il sait pertinemment que leur mise en œuvre serait difficile par les temps qui courent. Il en est ainsi de la proposition consistant à ce que les élections législatives soient tenues avant la présidentielle, de façon à ce qu'une législature plus représentative prenne en charge le choix du prochain chef de l'État; et c'est aussi le cas pour l'initiative d'amendement de la Constitution en vue du déroulement de la présidentielle au suffrage universel, tout comme de celle qui prévoit de demander aux partenaires musulmans de choisir l'un des quatre chefs de file maronites (Michel Aoun, Amine Gemayel, Samir Geagea et Sleimane Frangié) pour président.


Cependant, un député du courant du Futur ne partage pas l'analyse de son collègue du CPL. Cet élu explique que depuis l'indépendance, en 1943, les décideurs extérieurs ont toujours eu leur mot à dire lors des élections présidentielles au Liban, mais ils prenaient toujours en compte le point de vue des majorités parlementaires en place et le pouls de l'opinion en général et, surtout, ils n'interféraient jamais pour torpiller l'élection. Au contraire, ils respectaient les échéances constitutionnelles et incitaient l'intérieur à les respecter aussi, tout en suggérant leurs préférences pour la présidence.


Ainsi, on a vu les Britanniques suggérer la personne de Béchara el-Khoury pour l'élection de 1943, puis Camille Chamoun pour le scrutin de 1952. De même, en 1958, les Américains ont suggéré la candidature de Fouad Chéhab. Mais dans aucun cas, les acteurs étrangers n'incitaient leurs alliés au Liban à faire échec à l'élection en empêchant par exemple le quorum de la Chambre. Ainsi, en 1976, le président syrien Hafez el-Assad avait-il mis en garde le chef de l'OLP Yasser Arafat contre la poursuite du pilonnage par ses forces du périmètre de la Villa Mansour (qui tenait lieu à l'époque de siège provisoire du Parlement) dans le but de faire échec au quorum et empêcher l'élection du candidat Élias Sarkis à la présidence.
Même Israël, lors de son invasion du Liban en 1982, a tenu à ce que l'élection de Bachir Gemayel se fasse dans les délais constitutionnels et avec un quorum des deux tiers des députés de la Chambre.


D'autre part, poursuit le député haririen, affirmer que le courant du Futur n'est pas prêt à élire un président au même titre que le bloc du Hezbollah, chacun d'eux devant attendre le mot d'ordre de l'étranger, est totalement déplacé. Si c'était le cas, les députés du Futur auraient boycotté les séances électorales de la Chambre tout comme d'autres le font. Au contraire de cela, ils se sont présentés à toutes les séances et ont exercé leur droit de voter pour leur candidat Samir Geagea à l'heure où les députés du Hezbollah et du bloc du Changement et de la Réforme ont continué à boycotter les séances.


D'ailleurs, ajoute le parlementaire, même lors de la première séance électorale, quand tout le monde s'était présenté, ces derniers n'avaient pas voté pour un candidat quelconque et s'étaient contentés de déposer des bulletins blancs, justement parce que leur parrain à l'étranger n'avait pas encore décidé pour qui il fallait voter.
Ce sont donc les députés du Hezbollah et du bloc de Michel Aoun qui assument la responsabilité historique du torpillage de la présidentielle, mettant ainsi le pays en danger. Si les députés du Futur étaient désireux eux aussi de temporiser, ils ne se seraient pas rendus au Parlement et n'auraient pas exprimé leur disposition à voter pour un candidat de compromis.


Et cela signifie, toujours aux yeux du député en question, que c'est l'Iran qui a demandé à ses alliés au sein du 8 Mars de surseoir à la participation aux séances électorales jusqu'au moment où il nommerait le candidat qu'il souhaite voir accéder à la présidence. Quant à l'Arabie saoudite, elle n'a rien demandé à ce sujet ni aux députés du Futur ni à d'autres, d'abord parce qu'elle souhaite que l'élection ait lieu dans les délais et ensuite parce qu'elle n'a de veto contre personne.


En réalité, les choses ont changé par rapport à ce qui se faisait auparavant, tant au niveau des décideurs étrangers que pour ce qui est du comportement des acteurs locaux. Il ne pouvait jamais être question, dans le passé, pour n'importe quel leader politique libanais, d'empêcher la tenue de l'élection présidentielle dans les délais constitutionnels et aucune puissance étrangère ne demandait cela. Aujourd'hui, certains décideurs veulent entraver le scrutin et les parties qui en dépendent à l'intérieur se soumettent, hélas, à leur volonté, tout en présentant devant l'opinion des justifications du type de celle qui consiste à dire qu'il faut un président chrétien « fort » en application du principe de la parité islamo-chrétienne.


En fait, rien n'empêche que les quatre chefs de file maronites ne s'entendent entre eux sur l'un d'eux, ce qui contraindrait automatiquement les partenaires musulmans à lui donner leur aval. Et c'est là que le bât blesse : les chrétiens, lorsqu'ils s'entendent, peuvent avoir un rôle que nul n'est en mesure de confisquer, et lorsqu'ils ne s'entendent pas, ils ne peuvent jouer aucun rôle, même si les autres le leur concèdent.

Un député du Courant patriotique libre (CPL) estime qu'il n'y aura pas d'élection présidentielle dans un avenir proche, en raison du fait que les décideurs à l'extérieur sont trop occupés par ce qui se passe dans la région et ne peuvent pas se consacrer pour le moment à la question libanaise.
Selon ce député, il convient donc d'attendre que le contexte régional se clarifie pour...

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