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Liban - Éclairage

En dépit de la convocation du corps électoral, nul ne croit à la tenue des législatives

En dépit de la promulgation hier par le Conseil des ministres du décret préparé par le ministre de l'Intérieur Nouhad
Machnouk pour la convocation du corps électoral le 16 novembre, la classe politique, en dépit de ses dénégations, ne croit pas un instant à la tenue des élections législatives à l'automne, et tout ce qui se dit par ailleurs n'est que de l'intox et de la surenchère populiste.


Aujourd'hui donc, et en dépit des apparences, le débat politique dans les coulisses tourne autour de la prorogation du mandat du Parlement, sachant que toutes les parties sont convaincues que les législatives n'auront pas lieu, même si elles font semblant de jouer le jeu jusqu'au bout. Le président de la Chambre Nabih Berry tente d'arracher par le biais de cette prorogation une promesse de la part du 14 Mars de ne plus paralyser les séances plénières consacrées à légiférer ou à étudier l'action du gouvernement. Son argument est le suivant : pourquoi proroger le mandat d'un Parlement qui ne fait rien, l'expérience de l'année écoulée ayant été concluante à son avis puisque, tout au long de la durée de la prorogation qui avait été adoptée en mai dernier, le Parlement ne s'est pratiquement pas réuni, alors que les dossiers notamment sociaux, comme l'adoption de la nouvelle grille des salaires, se font de plus en plus pressants ? L'équation de Nabih Berry est simple : soit la prorogation avec la promesse de dynamiser l'action du Parlement, soit le vide, puisqu'un Parlement qui ne sert à rien ne mérite pas d'être là.


De son côté, le général Michel Aoun est conséquent avec lui-même. Tout comme il avait refusé de voter en faveur de la prorogation en mai 2013, il refuse de le faire cette fois encore, convaincu qu'un Parlement au mandat prorogé est illégal. Le chef du CPL fait ainsi ce qu'il estime être son devoir et partie intégrante du mandat que lui ont donné les électeurs en lui accordant le bloc parlementaire chrétien le plus important de la Chambre. Selon lui, proroger le mandat du Parlement est en contradiction avec la démocratie. Mais Michel Aoun sait aussi qu'il ne peut pas imposer la tenue des élections, alors il se contentera de ne pas voter en faveur de la prorogation le jour où celle-ci sera soumise aux députés. Toutefois, il existe un courant au sein du bloc du Changement et de la Réforme qui cherche à pousser vers la vacance, estimant que celle-ci est préférable à une prorogation honteuse. Pour ce courant, le vide au Parlement après celui à la tête de la République pourrait ainsi pousser la communauté internationale qui se désintéresse pour l'instant presque totalement du Liban à réagir et à initier un processus de solution globale, de nature à aider le Liban à sortir de la crise. Pour ce groupe, il suffirait pour le bloc de convaincre son allié, le Hezbollah, ainsi que le bloc de Berry d'empêcher la tenue de la séance parlementaire chargée d'adopter la nouvelle prorogation.

Car un tel vote exige les deux tiers des voix des députés. Ce courant au sein du bloc du Changement et de la Réforme est en train de sonder le Hezbollah en lui présentant l'argumentation suivante : il ne faut plus songer à des solutions partielles et temporaires, surtout avec tout ce qui se passe dans la région et la menace que constitue l'expansion de l'État islamique en Irak et au Levant. C'est donc le moment ou jamais de chercher des solutions de fond qui reposent sur des bases solides, dans le genre d'un nouveau pacte national, où les représentants de toutes les communautés libanaises dialogueraient ensemble sérieusement sur les points qu'ils ont en commun et sur leur volonté de vivre ensemble en renouvelant leur engagement les uns envers les autres. Selon ce courant, si cette occasion de traiter le fond du problème n'est pas saisie, on aboutira à de petits arrangements comme d'habitude qui ne tiennent pas la route et qui, à la première crise grave, montrent leur fragilité et leurs limites. Ceux qui prônent cette option reviennent sur la fameuse idée lancée par le secrétaire général du Hezbollah d'organiser une Assemblée constituante qui avait été accueillie par un tollé d'accusations de la part du 14 Mars et estiment que le moment est peut-être venu de revenir sur ces positions, surtout avec les changements régionaux.


Aucune décision n'a été prise jusqu'à présent, mais l'idée est en train de circuler. Le Hezbollah doit en tout cas en discuter avec le président Berry qui, lui, pense qu'une telle option est risquée et que rien n'indique que la communauté internationale pourrait réagir rapidement si le Liban n'était pas sur son agenda.
De plus, ayant senti que cette possibilité pourrait se concrétiser, le courant du Futur a soudain repris langue avec le président de l'Assemblée. Il a même soudain décidé que ce serait désormais Nader Hariri qui dialoguerait avec Nabih Berry, alors qu'auparavant, cette mission était confiée à l'ancien Premier ministre Fouad Siniora. Mais depuis le clash entre ce dernier et le ministre des Finances, le froid s'était installé entre le bloc du Futur et le bloc Berry. Il est en effet clair que le courant du Futur ne veut pas de cette option, craignant qu'elle n'aboutisse à une remise en question des dispositions de l'accord de Taëf qui a donné beaucoup de pouvoirs au sein de l'État à la communauté sunnite. Pour le courant du Futur, refuser de toucher à l'accord de Taëf est devenu une obsession, et Michel Aoun a eu beau affirmer qu'au contraire, tout ce qu'il cherche, c'est d'obtenir l'application de cet accord dans sa lettre et son esprit au lieu de cette déformation qui a abouti à la marginalisation des chrétiens, le courant du Futur préfère en rester au statu quo actuel en ayant non seulement le Premier ministre, mais aussi via le 14 Mars la majorité au sein du gouvernement ainsi qu'une part non négligeable dans le choix du chef de l'État selon la théorie du président de compromis.


La promulgation du décret de convocation du corps électoral, hier, n'est que le reflet de l'absence d'accord entre les différentes parties. Le scénario final n'a pas encore été mis au point.

 

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commentaires (4)

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LA VERITE

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Commentaires (4)

  • A quoi sert un parlement qui ne peut rien fair eavant d'elire un President? La seule sortie honorable est de dire que le PRESIDENT SERA ELU A LA MAJORITE DES PRESENTS ET VOIR QUI NE VIENDRA PAS AU PARLEMENT

    LA VERITE

    14 h 17, le 20 août 2014

  • - RENOUVELER EST UNE INSULTE À LA FACE DU PEUPLE LIBANAIS ! - ÉLARGIR LE VIDE... AU VIDE ABSOLU... EST UN CRIME CONTRE LE PEUPLE LIBANAIS ! ABRUTIS DE TOUS BORDS, DIALOGUEZ... SINON VOUS OUVREZ TOUTES GRANDES LES BRÈCHES DANS LES MURS PAR Où TOUS LES DAECH POURRAIENT GLISSER !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 23, le 20 août 2014

  • UN NOUVEAU PACTE NATIONAL ! MAIS QUI SERONT CEUX QUI EN DISCUTERAIENT ? LE NETTOYAGE GÉNÉRAL DES ÉCURIES ET ÉTABLES D'AUGIAS DEVRAIT PRÉCÉDER... ET S'IMPOSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 42, le 20 août 2014

  • .."L'équation de Nabih Berry est simple : soit la prorogation avec la promesse de dynamiser l'action du Parlement, soit le vide, puisqu'un Parlement qui ne sert à rien ne mérite pas d'être là"... mais dite moi pq la refleter comme une equation?!? "estimant que celle-ci est préférable à une prorogation honteuse. Pour ce courant, le vide au Parlement après celui à la tête de la République pourrait ainsi pousser la communauté internationale qui se désintéresse pour l'instant presque totalement du Liban à réagir et à initier un processus de solution globale, de nature à aider le Liban à sortir de la crise" ah bon? mais alors quand le chef des FL avait dis que l'autre partie cherche a faire elire un president par l'exterieur, il avait raison..non? pour le reste sans aucune importance !!

    Bery tus

    02 h 46, le 20 août 2014

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