Les malfaiteurs qui ont attaqué dimanche à Paris le convoi d'un des fils de l'ancien roi Fahd d'Arabie Saoudite, ministre déchu à la réputation de noceur, ont agi avec une grande maîtrise mais leurs motivations restent mystérieuses, selon les enquêteurs.
Le convoi
La voiture visée était celle de l'intendance du prince Abdel Aziz Ben Fahd, dernier des fils du roi Fahd décédé en 2005, en visite à Paris. Cet homme d'affaires rentier et multi-millionnaire de 41 ans est précédé d'une réputation de noceur, playboy et bon vivant.
Au moment de l'attaque de son convoi, il se trouvait déjà à l'aéroport parisien du Bourget, selon une source proche du dossier. Malgré le braquage, il a bien embarqué avec l'essentiel de sa délégation sur un vol privé.
Le prince
Signe de l'extrême richesse du prince, "la délégation semblait plus embêtée par les médicaments du prince qui se trouvaient dans la voiture" que par les 250 000 euros volés, assure une source policière. Les médicaments ont finalement été retrouvés.
Né en 1973, Abdel Aziz Ben Fahd avait été nommé à 25 ans ministre d'Etat sans portefeuille et promu chef du bureau du Conseil des ministres deux ans plus tard, sous le règne de son père. En avril dernier, il a été limogé, perdant son poste de ministre d'Etat après avoir abandonné, en juin 2011, celui de chef du bureau du Conseil des ministres.
Il est également associé à son oncle maternel, Walid Al Ibrahim, patron du groupe audiovisuel MBC, qui possède notamment la chaîne d'informations en continu Al-Arabiya, concurrente d'Al-Jazeera du Qatar.
Saad Hariri
A Paris, Abdel Aziz Ben Fahd rencontre souvent Saad Hariri, avec qui il entretiendrait des liens étroits. Dans un article datant de févier 2012 consacré à des accusations portées contre un proche du prince, le New York Times indique que "les liens entre Saudi Oger et le prince sont connus en Arabie saoudite". Fondée par Rafic Hariri, Saudi Oger est aujourd'hui dirigée par Saad Hariri.
Les braqueurs
Les braqueurs, entre cinq et huit selon une source policière, ont coincé, avec deux BMW série 5, la voiture de l'intendance qui précédait les autres véhicules du convoi "de 3 ou 4 minutes", dans un endroit assez précis. "Ils n'ont pas choisi cet endroit par hasard", a assuré une source proche de l'enquête, évoquant une zone sans lumière de la bretelle reliant le boulevard périphérique parisien à l'autoroute menant à l'aéroport.
Un des véhicules des assaillants et le van Mercedes Viano braqué ont été retrouvés brûlés moins d'une heure plus tard non loin de Paris.
Cela accrédite, avec la rapidité des braqueurs et le fait qu'ils aient ciblé la seule voiture où ils pouvaient trouver de l'argent sur la dizaine que comptait le convoi, la thèse d'hommes "assez aguerris", selon cette source. "Cela peut être une jeune équipe, pas encore connue, mais qui sait comment travailler", pronostique une source proche du dossier, "en tout cas, ce sont tout sauf des amateurs".
"Il n'y a pas beaucoup de groupes capables d'une telle attaque. C'est plus leur façon de procéder qui permet de les classer au dessus de petits voyous, pas forcément le montant du préjudice", assure un enquêteur. La question de la nature de documents volés avec les 250 000 euros reste posée. "Les braqueurs auraient pu se contenter de prendre l'argent", explique-t-il.
Ces hommes armés et cagoulés "ont forcément bénéficié de complicités pour être aussi bien informés, c'est une évidence", poursuit l'enquêteur.
Les fuites
D'où proviennent les informations sur la délégation du prince ? Les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne devraient entendre rapidement "une partie" du personnel de l'hôtel George V, dans le quartier des Champs-Elysées, d'où est parti le convoi, mais aussi "très probablement des personnels de l'ambassade d'Arabie saoudite, des chauffeurs, des portiers", selon cette source.
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