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Liban - Social

Le CCS à « L’OLJ » : La prochaine année scolaire ne sera pas compromise

En décidant de délivrer les attestations aux élèves, le ministre de l'Éducation Élias Bou Saab a voulu libérer des élèves « pris en otages ».

Le ministre de l’Éducation, hier, au cours de sa conférence de presse. Photo Dalati et Nohra

La décision du ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, d'octroyer des attestations à tous les élèves ayant présenté les épreuves des examens officiels est entrée en application samedi. Cette démarche radicale a conduit le Comité de coordination syndical et les enseignants des secteurs publics et privé à envisager une nouvelle stratégie d'action, qui doit être annoncée demain lors d'une conférence de presse. Le CCS avait tenu samedi soir une réunion qui a duré plusieurs heures, avant d'annoncer qu'il consultera sa base dans les deux jours qui viennent (aujourd'hui) pour prendre position à l'égard de la décision du ministre de l'Éducation. « Oui, le CCS consultera sa base et nous allons continuer de défendre les diplômes officiels », a déclaré le président du CCS, Hanna Gharib. « Ils veulent porter un coup au CCS et s'ils avaient pu le faire ils n'auraient pas décidé d'octroyer des attestations aux élèves », a-t-il estimé.
L'attachement du CCS à ses revendications ne devrait pas compromettre néanmoins la nouvelle année scolaire, qui doit « s'ouvrir normalement le 1er septembre ». C'est ce qu'a assuré samedi le président du CCS, Hanna Gharib, à l'issue de la réunion du comité qui avait fait suite à la décision du ministre de l'Éducation. Interrogé par L'Orient-Le Jour sur la nature de l'action syndicale envisagée, le président du syndicat des enseignants du secteur privé, Nehmé Mahfoud, a d'abord souligné que « nous poursuivrons notre mouvement, comme nous le faisons depuis trois ans, en multipliant les manifestations et les grèves ». S'il a précisé que « la nouvelle année scolaire s'ouvrira normalement », il a laissé entendre que « la lutte pour interdire l'autoprorogation du mandat parlementaire » fait partie des nouveaux objectifs d'action envisagés par le CCS et les enseignants des secteurs public et privé. « Nous ne permettrons pas au Parlement d'autoproroger son mandat avant le vote de la nouvelle échelle des salaires », a-t-il ajouté, reprenant la teneur de sa déclaration de samedi, où il appelait en outre les élèves et leurs parents à refuser les attestations.
« Au lieu de régler le problème de la grille salariale, le ministre de l'Éducation a créé un nouveau problème, celui des attestations, avec la couverture de toutes les parties politiques », a ajouté Nehmé Mahfoud à L'OLJ. « Vous vous imaginez mille étudiants dans une salle de cours l'année prochaine à la faculté des lettres ? Qui se chargera d'enseigner à tous ces étudiants ? » s'est-il demandé avec une vive indignation.

Communiqué du Parti communiste
« C'est le ministre qui est responsable à 100 % du calvaire des élèves », a-t-il encore ajouté. Il s'est surtout étonné de « la capacité à tenir une séance parlementaire pour faire approuver les attestations, ou encore pour proroger le mandat de la Chambre, mais pas pour voter la nouvelle grille salariale ». « La caste politique ne parviendra pas à nous exclure ni à nous couper la tête. La politique n'aura pas raison de nous », a-t-il conclu.
Il avait par ailleurs refusé, dans une déclaration, les accusations « d'entêtement » lancées au CCS par le ministre Bou Saab. « Le CCS ne s'entête pas, nous sommes au contraire plus souples que les politiciens », avait-il affirmé samedi.
Le CCS a été relayé hier par le secteur des enseignants du Parti communiste, qui a appelé au maintien de son action jusqu'à l'approbation de la grille, appelant même à créer une « fédération des fonctionnaires du secteur public ».

Bou Saab et l'intérêt des élèves
Dans sa conférence de presse, le ministre de l'Éducation avait déclaré aux écoliers qu'il refusait qu'ils soient « pris en otages ». C'est ainsi qu'il avait motivé sa décision. « Je vous dis mabrouk, j'aurais voulu vous féliciter après la correction des examens, mais le Comité de coordination syndical (CCS) ne l'a pas voulu », a-t-il ajouté.
Les attestations seront octroyées aux porteurs des cartes d'inscription aux examens officiels. « Cette décision est finale », a souligné Élias Bou Saab. Ainsi, les écoliers qui ont présenté le bac « pourront s'inscrire à l'université, qu'elle soit privée ou publique, au Liban ou à l'extérieur », a indiqué le ministre. Les écoliers qui ont présenté le brevet « passeront de classe ».
« Ce sont les pressions politiques qui ont gagné aujourd'hui et le CCS est le grand perdant après sa décision » de poursuivre le boycott de la correction des examens, a encore dit le ministre, soulignant que « la raison de la non-adoption de la grille est le conflit politique dans le pays ».
M. Bou Saab a en outre annulé purement et simplement la correction des examens officiels. « Il n'y aura pas de correction et la décision est définitive », a déclaré le ministre de l'Éducation à la presse. « Nous n'avons pas besoin de conserver les copies des examens officiels », a-t-il ajouté.
Il avait décidé mardi de reporter à la fin de la semaine sa décision de remettre des attestations aux élèves ayant passé les examens officiels face au refus des enseignants de corriger les copies. Il répondait ainsi à une revendication du CCS en ce sens. Mais le temps presse. Des milliers de bacheliers attendent leur diplôme pour pouvoir s'inscrire dans les universités au Liban ou à l'étranger.
La grille des salaires réclamée par le CCS prévoit une augmentation de 75 % (initialement 121 %) avec effet rétroactif. Le gouvernement, appuyé en cela par la plupart des blocs parlementaires ainsi que par les experts économiques, notamment le gouverneur de la Banque du Liban et des organismes internationaux, soulignent qu'une telle hausse des salaires entraînerait inéluctablement l'économie nationale dans la faillite et dans un scénario semblable à celui qu'a connu la Grèce.
Les blocs parlementaires et les experts économiques suggèrent qu'un éventuel réajustement des salaires ne soit avalisé que lorsque les recettes adéquates seront assurées, l'augmentation devant en outre être échelonnée sur deux ou trois ans. Les syndicats refusent toutefois un tel échelonnement.

La décision du ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, d'octroyer des attestations à tous les élèves ayant présenté les épreuves des examens officiels est entrée en application samedi. Cette démarche radicale a conduit le Comité de coordination syndical et les enseignants des secteurs publics et privé à envisager une nouvelle stratégie d'action, qui doit être annoncée demain...
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