N'essayez surtout pas de faire comme eux. Leur voiture est à fond plat, complètement étanche, dotée de deux hélices à l'arrière. Dès qu'elle rentre dans l'eau, une manette fait actionner les hélices qui transforment la voiture en un vulgaire canot automobile. Sa vitesse de croisière est de 10 miles, soit 16 km à l'heure.
Elle a été conçue et commandée en Allemagne par M. Sami Kamouh, jeune Libanais de 22 ans habitant Dakar qui, avec son ami Christian Christiani (23 ans, italien de Paris) comptait relier Istanbul à Beyrouth avec cet engin.
Les premiers essais sur la Seine ont été concluants et c'est, acclamés par 100 000 Parisiens, que nos deux compères ont remonté la Seine en compagnie de M. Victor Bercin, directeur de l'OSSU, et de deux jolies baigneuses qui faisaient du... canot-stop sur les quais.
Mais, M. Bercin leur a joué un mauvais tour. Convaincu que cette voiture-canot pouvait naviguer sur un fleuve, mais non pas sur une mer agitée et sachant que les jeunes gens ne savaient même pas utiliser une boussole (et n'en avaient d'ailleurs même pas une), il a alerté les autorités françaises. En raison du danger que constitue cette traversée, celles-ci ont interdit le voyage au ressortissant français de l'équipage. Mais le Libanais est plus aventureux : il prétend poursuivre son entreprise. M. Bercin, rentré de Paris il y a une semaine, en a informé M. Fouad Ammoun, secrétaire général aux Affaires étrangères, dans l'espoir qu'il ferait interdire cette folle équipée par notre consulat à Istanbul.
E. G.
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