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Moyen Orient et Monde - Conflit

Le réveil tardif d’Obama en Irak

Washington exclut d'envoyer des troupes au sol et de s'engager dans « un conflit militaire prolongé ».

Des Irakiens en fuite face à la menace de l’État islamique. Stringer/Reuters

Les États-Unis se sont directement impliqués en Irak pour la première fois depuis le retrait de leurs troupes en 2011 en bombardant hier des positions des jihadistes menaçant le Kurdistan irakien et des milliers de chrétiens et Yazidis.

Deux chasseurs-bombardiers américains ont largué vers 13h45 des bombes de 250 kg sur une pièce d'artillerie mobile de l'État islamique (EI) qui avait visé des forces kurdes à Erbil, a annoncé le porte-parole du Pentagone, l'amiral John Kirby. Deux autres frappes ont eu lieu en soirée selon le Pentagone.
À ce propos, le chef de l'armée irakienne, Babaker Zebari, a estimé que cet appui aérien allait permettre « d'énormes changements sur le terrain dans les prochaines heures ». « Les officiers de l'armée irakienne, les peshmergas (kurdes) et des experts américains travaillent ensemble pour déterminer les cibles », a-t-il expliqué, évoquant également des frappes américaines dans la région de Sinjar, à l'ouest de Mossoul, et des opérations prévues dans « des villes irakiennes contrôlées par l'EI ».

 

(Repère: Cinq clés pour expliquer les avancées des jihadistes en Irak)

 

Toutefois, la Maison-Blanche a précisé hier soir que même si aucune date de fin n'avait été fixée pour cette opération, les États-Unis excluaient d'envoyer des troupes au sol et de s'engager dans « un conflit militaire prolongé ».


L'Onu cherche de son côté à établir un « corridor humanitaire » dans le nord de l'Irak pour permettre d'évacuer les civils menacés. De son côté, la France s'est dit « prête à prendre toute sa part » dans l'aide aux populations civiles victimes des « exactions intolérables » de l'EI. Le président français François Hollande a d'ailleurs appeler l'Union européenne à « jouer très rapidement un rôle actif dans cet effort commun ». Dans le même temps, le Royaume-Uni a annoncé des parachutages de vivres dans les prochaines 48 heures.

 

 

« Génocide »
De plus, le secrétaire d'État américain, John Kerry, en visite à Kaboul, a déclaré hier que l'offensive de l'EI contre les Yazidis et les chrétiens « montre tous les signaux d'un génocide ». Évoquant « une crise humanitaire qui prend aux tripes » et le risque de nouvelles violences meurtrières, le diplomate a expliqué que les États-Unis avaient « pris la décision qu'il fallait sauver ces vies ». Jeudi soir, le président américain Barack Obama avait déjà évoqué un risque de génocide en autorisant des frappes militaires ciblées « pour protéger les civils pris au piège » ainsi que les personnels américains à Erbil et à Bagdad.

 

(Portrait : Abou Bakr al-Baghdadi, entre la barbarie de ses actions et l'ubiquité de ses silences)


Élu sur la promesse d'un désengagement militaire et instigateur du retrait américain d'Irak, M. Obama a cependant assuré qu'il n'allait pas « entraîner (le pays) dans une autre guerre ». De ce fait, il devient le quatrième président américain consécutif à lancer une action militaire en Irak.

De plus, dans la nuit, l'aviation américaine a commencé par parachuter des vivres et de l'eau à destination des civils piégés dans les montagnes de Sinjar. Un habitant de la ville réfugié dans la montagne avec sa famille a cependant déclaré hier par téléphone qu'aucune aide ne lui était encore parvenue. « Nous avons besoin de toute l'aide possible, vivres et eau. Il y a beaucoup d'enfants ici », a-t-il lancé.

De son côté, le puissant dirigeant chiite Moqtada al-Sadr a affirmé hier que les jihadistes étaient sur le point d'attaquer la capitale irakienne, promettant de mobiliser ses hommes pour défendre Bagdad. Signe de l'inquiétude internationale, le Conseil de sécurité de l'Onu s'est dit jeudi « scandalisé » par le sort des Yazidis et des chrétiens. Pour rappel, après la prise de Qaraqosh et d'autres zones autour de Mossoul, le patriarche chaldéen Louis Sako a fait état de plus de 100 000 chrétiens jetés sur les routes.

(Lire aussi: « Deux mille ans d'histoire vont être effacés à cause de la lâcheté de l'Occident »)

 

Kurdistan menacé
À Bagdad, l'intervention américaine a suscité un peu de scepticisme, dans la mesure où le Premier ministre Nouri al-Maliki réclamait ces frappes depuis le début en juin de l'offensive de l'EI, qui était déjà bien implanté en Syrie et contrôle désormais de vastes pans du territoire irakien. M. Obama « n'a rien fait pendant trois ans, mais quelque chose arrive aux Kurdes et aux chrétiens et il commence à parler de terrorisme », a dénoncé Rashaad Khodhr Abbas, un fonctionnaire à la retraite.

Effectivement, l'arrivée massive de réfugiés aux portes du Kurdistan augmente la pression sur cette région, déjà à court d'argent en raison d'un conflit avec Bagdad sur les revenus pétroliers. De plus, quelque 150 combattants kurdes ont été tués et plus de 500 autres blessés dans les combats qui les ont opposés aux jihadistes depuis le début de leur offensive en juin, a annoncé hier Fouad Hussein, secrétaire général de la présidence kurde.
Une manifestation était d'ailleurs prévue hier pour dénoncer cet afflux de populations non kurdes, alors que l'inquiétude gagne Erbil devant la progression de l'EI.

Enfin, le Royaume-Uni a appelé hier ses ressortissants à « quitter immédiatement » trois provinces kurdes d'Irak, tandis que les compagnies Turkish Airlines et Lufthansa ont suspendu leurs vols vers Erbil. L'Agence fédérale de l'aviation (FAA) a pour sa part interdit vendredi aux avions commerciaux américains de survoler l'Irak et British Airways a pris une mesure similaire.

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Les États-Unis se sont directement impliqués en Irak pour la première fois depuis le retrait de leurs troupes en 2011 en bombardant hier des positions des jihadistes menaçant le Kurdistan irakien et des milliers de chrétiens et Yazidis.Deux chasseurs-bombardiers américains ont largué vers 13h45 des bombes de 250 kg sur une pièce d'artillerie mobile de l'État islamique (EI) qui avait...

commentaires (5)

POURQUOI ILS N'ÉRADIQUENT PAS... TOUT COURT... L'HYDRE AUX CENT TÊTES ? QUI SONT LES OCCIDENTAUX QUI FORMENT SES CENT TÊTES ?

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 33, le 10 août 2014

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Commentaires (5)

  • POURQUOI ILS N'ÉRADIQUENT PAS... TOUT COURT... L'HYDRE AUX CENT TÊTES ? QUI SONT LES OCCIDENTAUX QUI FORMENT SES CENT TÊTES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 33, le 10 août 2014

  • OBAMA se reveille car il y a du petrole en irak . les pauvres syriens ou palestiniens n ont pas cette chance ,ils continueront a etre massacres. les USA encore une fois font le jeu de teheran dans la region. il est evident que l administration americaine est incapable de saisir toutes les subtilites du moyen orient,royaume des manipulations politiques. il faut esperer que cette intervention ne sera pas contre productive une fois de plus.

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 13, le 09 août 2014

  • Trop peu, trop tard.....Quelques bombes larguées pour se donner bonne conscience ne résoudront rien.

    Tabet Karim

    09 h 00, le 09 août 2014

  • Les États-Unis en bombardant des positions jihadistes en Irak pourront -ils sauver le pays ? Les prochains jours nous le prouveront .

    Sabbagha Antoine

    08 h 33, le 09 août 2014

  • Manchette A LA UNE de l'OLJ : Le réveil tardif d'Obama en Irak. Les lâches ne se réveillent jamais de leur lâcheté

    Halim Abou Chacra

    06 h 46, le 09 août 2014

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