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Liban - Guerre

Un retrait définitif des jihadistes annoncé pour aujourd’hui à Ersal, la trêve reste bancale

La trêve décrétée mardi a été prolongée hier de 24 heures et trois des soldats pris en otages ont été libérés par les jihadistes. Ces derniers détiennent encore 19 militaires et 17 policiers, qu'ils promettent de libérer avant ce soir.

Avec le sang versé par ses soldats sur le champ d’honneur, l’armée, encore une fois, a sauvé la patrie malgré les dissensions politiques. Anwar Amro/AFP

La délégation des ulémas comprenant deux cheikhs sunnites a annoncé en fin de journée hier avoir obtenu un retrait total des jihadistes de la ville ainsi que la libération des soldats et policiers aux mains des assaillants.
« Le cessez-le-feu a été prolongé jusqu'à jeudi 19 heures à la suite d'un accord conclu entre le Premier ministre libanais, le commandement de l'armée et toutes les parties concernées. Les combattants présents à Ersal ont commencé à se retirer vers le territoire syrien », a déclaré à la presse le négociateur cheikh Hossam al-Ghali. « Nous ne connaissons pas leur nombre et nous n'avons pas les moyens de vérifier, mais le restant des effectifs miliciens s'est engagé à se retirer totalement de Ersal dans les 24 heures. Ils ont demandé à ne pas être la cible de tirs durant leur retrait et si c'était le cas cela remettrait en cause toute la négociation », a ajouté l'autre médiateur Samih Ezzedine. Les négociateurs ont par ailleurs annoncé que trois soldats ont été relâchés par les jihadistes, qui retiennent encore 19 militaires et 17 policiers. « Tous les prisonniers sont vivants et si les négociations sont difficiles, il y a des promesses claires et positives des groupes armés pour leur libération, et j'espère que cela sera réglé jeudi », a précisé cheikh Ezzedine.


Une source militaire avait pourtant affirmé en milieu de journée à l'AFP qu'« il ne s'agit pas d'un cessez-le-feu, mais d'une trêve ». « À chaque fois qu'ils tireront dans notre direction, nous riposterons et si nous voyons une cible, nous ne la raterons pas », a ajouté la source. Sitôt dit, sitôt fait, les accrochages ont repris en soirée hier à Aïn Ata et Wadi el-Re'yan, perturbant la deuxième trêve promise aux habitants.

 

(Voir aussi notre diaporama : Tombés pour le Liban)

 

« Les habitants cloîtrés chez eux... »
Si la première trêve conclue mardi n'a pas vraiment été respectée, la journée d'hier a toutefois été relativement plus calme que celle de la veille, tandis que les activités militaires se poursuivaient dans le jurd. Tôt dans la journée, les groupes armés s'étaient déployés de nouveau aux abords du village de Ersal en essayant de mener des attaques contre les positions de l'armée à Marj Hassan et Wadi el-Araneb. Vers 11 heures du matin, l'armée a réussi à repousser une attaque de jihadistes contre un de ses barrages dans la région de Aïn al-Chaab, à l'ouest de Ersal, infligeant de lourdes pertes dans les rangs des groupes armés, qui ont ensuite mitraillé une voiture civile faisant plusieurs blessés. Un obus de mortier a également fait des blessés parmi lesquels le directeur du camp de réfugiés al-Wafa', Hassan Hujeiri, et un membre de sa famille. Dans l'après-midi, l'aviation syrienne a bombardé les collines au-dessus du village.


Selon un résident de Ersal interrogé par L'Orient-Le Jour, les jihadistes auraient déjà entamé leur retrait mardi soir de la ville même pour se redéployer dans le jurd et il ne resterait donc qu'un petit groupe de jihadistes à Ersal. « Les habitants restent toutefois cloîtrés chez eux. J'ai même tenté de partir pour fuir les combats, mais j'ai finalement renoncé à cette option, explique-t-il, car aussi bien l'armée que les jihadistes tiraient sur tout ce qui bouge. L'armée n'est toujours pas entrée dans la ville et se trouve notamment à l'École technique de Ersal. » De son côté, le « moukhtar » Hassan Atrache a affirmé que « les jihadistes du Front al-Nosra ont quitté la ville mais ceux de l'État islamique y sont toujours présents ».


Pour sa part, le président du conseil municipal de Ersal, Ali Hujeiri, a fait état à l'AFP de la présence d'hommes en armes aux abords de sa ville. « Il y a eu un cessez-le-feu, mais il n'est pas respecté », a-t-il dit, en jugeant qu'il semblait y avoir eu un afflux d'activistes dans le secteur. « L'armée est toujours là, les hommes armés sont toujours là et ceux qui souffrent, ce sont les civils », a-t-il ajouté.

 

(Repère : Le Liban dans l'engrenage du conflit syrien)

 

Un convoi humanitaire bloqué
Dans l'après-midi, par ailleurs, un certain nombre de jeunes gens du village chiite de Laboué ont empêché un convoi transportant des produits alimentaires et des médicaments envoyés par des associations et organismes officiels de Turquie, du Qatar et de Koweit, de poursuivre sa route vers Ersal qui est, comme on le sait, une localité sunnite. Les protestataires ont estimé que ces aides seront véhiculées aux islamistes, et le convoi composé de 11 camions a dû rebrousser chemin.


Réaction immédiate à Tripoli, des jeunes de la région de Bab el-Tebbané ont alors coupé la route pour protester contre le blocage des aides humanitaires destinées à Ersal. L'autoroute de Jiyé a également été brièvement bloquée par des protestataires outrés par le comportement des habitants de Laboué. D'ailleurs, les camions du convoi humanitaire interdit d'entrée à Ersal ont été utilisés pour bloquer la route de Taalabaya-Chtaura dans la Békaa.


Des ambulances ont toutefois pu pénétrer dans la ville de Ersal dans l'après-midi et un véhicule militaire a évacué des habitants, tandis que le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, annonçait la formation d'une cellule de travail dont la mission serait de suivre de très près la situation des blessés. Abou Faour a également demandé au centre de santé dans la ville de Laboué d'accueillir les blessés et de leur donner les premiers soins urgents avant de les répartir dans les hôpitaux de la région. Ladite cellule a dressé d'ailleurs un hôpital de campagne avec la coopération de l'armée libanaise et la Croix-Rouge. Par ailleurs, des dizaines de familles de Ersal ont manifesté sur la grande place de la localité sinistrée pour protester contre cette guerre imposée.


Pour sa part, Bachir Khodr, mohafez de Baalbeck, a effectué une tournée à Laboué pour marquer sa solidarité avec les déplacés de Ersal, affirmant que « ces gens-là sont des victimes du terrorisme qui n'ont d'autre espoir que l'autorité de l'État ». M. Khodr a ensuite présidé une réunion du conseil de sécurité de la mohafazat, au cours de laquelle les participants ont mis l'accent sur « l'importance du travail préventif mené pour faire échec au complot des terroristes ».


Enfin, la classe politique unanime a appelé hier à une solution militaire définitive contre les terroristes à Ersal. Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a ainsi contacté le chef de l'armée Jean Kahwagi pour lui faire part de son soutien. Les députés Ahmad Fatfat et Alaeddine Terro ont appelé à la protection des civils et le député des Kataëb Élie Marouni a demandé un élargissement du champ d'action de la résolution 1701 et son application dans la Békaa, proposition revendiquée également par Samir Geagea. Quant au député du Hezbollah, Ali Khreiss, il a estimé que « toute personne en faveur d'une entente avec les terroristes n'est pas patriote ».

 

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La délégation des ulémas comprenant deux cheikhs sunnites a annoncé en fin de journée hier avoir obtenu un retrait total des jihadistes de la ville ainsi que la libération des soldats et policiers aux mains des assaillants.« Le cessez-le-feu a été prolongé jusqu'à jeudi 19 heures à la suite d'un accord conclu entre le Premier ministre libanais, le commandement de l'armée...

commentaires (2)

PAROLE D'HONNEUR... OU PAROLE D'HORREUR ?

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 18, le 07 août 2014

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Commentaires (2)

  • PAROLE D'HONNEUR... OU PAROLE D'HORREUR ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 18, le 07 août 2014

  • L’armée seule doit crier victoire et les jihadistes chassés de tout le Liban .

    Sabbagha Antoine

    08 h 37, le 07 août 2014

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