Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Union sacrée autour de l’armée après l’invasion de Ersal

L'invasion jihadiste de Ersal et les combats engagés par l'armée depuis samedi ont fait l'union sacrée des Libanais autour de l'armée. Cette union sacrée s'est traduite par de nombreux communiqués et déclarations de soutien à la troupe venus des corps de métier et des milieux économiques. Elle se lit très clairement dans le communiqué publié après la réunion du Conseil des ministres et lu par le Premier ministre, Tammam Salam. « Pas de solution politique avec les takfiristes » et ses « pratiques pathologiques », a-t-il affirmé, coupant court aux spéculations sur une possible médiation du Rassemblement des ulémas musulmans, sur le mode de ce qui se passait entre deux flambées, dans les zones chaudes de Tripoli. Pas question notamment de libérer Imad Ahmad Jomaa, figure de proue de l'État islamique, dont l'arrestation a été le détonateur des affrontements, assure l'armée.
Toutefois, on apprenait tard dans la nuit qu'une délégation de ce rassemblement est arrivée à Ersal en mission d'apaisement, notamment pour obtenir la libération d'agents des forces de sécurité séquestrés à Ersal, laissant ainsi encore un peu d'espace à une solution politique, plutôt que militaire, de la crise. Mais les espoirs, dans ce domaine, sont plutôt minces... Car le combat, compte tenu des antécédents des forces jihadistes en présence, est sans aucun doute déterminant.

 

(Lire aussi : « Pour les jihadistes, l'objectif de l'offensive à Ersal est de s'implanter au Liban »)


« C'est l'existence même du Liban qui est en jeu », a affirmé Walid Joumblatt, qui s'est fait l'écho de ce que pensent beaucoup de responsables politiques. On peut s'attendre à ce que ce grave danger surgi sur le flanc du Liban accélère quelque peu le processus conduisant à l'élection d'un nouveau président de la République. En tout cas, des voix s'élèvent au Parlement pour réclamer qu'une session lui soit consacrée.
Condamnée au Liban à la quasi-unanimité, à l'exception des ultras du courant sunnite qui mettent en cause l'engagement du Hezbollah en Syrie, l'agression contre Esral a été dénoncée par l'Union européenne, la France et la Grande-Bretagne. La Syrie, elle, a fait preuve de solidarité en effectuant notamment des raids aériens contre des formations de jihadistes se dirigeant vers le Liban, selon des informations venues du terrain.


Les combats à Esral ont poussé M. Salam à demander l'accélération de la livraison des armes promises au Liban par la France, grâce à un fonds de 3 milliards avancé par l'Arabie saoudite. M. Salam a soulevé la question avec l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, Ali Aouad Assiri, assure notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane. D'urgence, le Liban réclame la livraison de munitions et d'hélicoptères de combat. Mais selon une source informée, la France réclamerait auparavant le paiement d'une partie au moins de la somme offerte par le roi Abdallah d'Arabie.

 

Sur le terrain
Sur le terrain, passé le moment de surprise qui a suivi la chute militaire de la ville de Ersal, « envahie » de dedans par des combattants surgis des camps de réfugiés – plus de 150 000 –, l'armée s'est ressaisie et a entrepris de reprendre des positions surplombant Ersal.
Hier soir, l'armée a affirmé dans un communiqué avoir consolidé des positions avancées autour de Ersal, assuré leur liaison les unes avec les autres et sécurisé leurs voies d'approvisionnement. Toutefois, la guerre que livrent les jihadistes n'est pas une guerre de position, mais une guérilla, dans laquelle certains font preuve d'un grand professionnalisme. Les médias ont été refoulés des zones trop rapprochées de Ersal, et le dernier point de contrôle de l'armée est situé aux abords du jurd qui entoure le village. Le village est situé dans un creux et entouré de zones rocailleuses et désertiques, dont les jihadistes et l'armée se disputent le contrôle.
L'un des axes de combat les plus critiques se situe à l'École technique de Ersal, où les combattants jihadistes auraient eu de lourdes pertes, selon un communiqué de l'armée, qui parle de « dizaines de tués ».
La troupe tente par ailleurs de contrôler Wadi el-Hosn afin de couper les voies arrière des jihadistes, mais la configuration du terrain ne se prête pas facilement à cette stratégie, et les combattants jihadistes semblent être en surnombre, quoique ne disposant pas de la puissance de feu de l'armée libanaise. Le contrôle de cette zone est également crucial pour l'approvisionnement en nourriture de Ersal, qui consomme quotidiennement, avec ses réfugiés, plusieurs milliers de paquets de pain environ.

 

(Lire aussi : Les funérailles de militaires tombés à Ersal)


En revanche, selon les habitants qui ont pu fuir, Ersal est totalement contrôlée, du dedans, par les groupes jihadistes relevant du Front al-Nosra et de l'État islamique, qui y font régner la terreur. Les jihadistes ont enrayé, par les armes, le mouvement d'exode de la population, et des habitants auraient payé de leur vie leur tentative de fuir. Déjà on parle de tribunaux de campagne et de l'exécution sommaire de cinq habitants de Ersal connus pour leur hostilité à l'État islamique. Pour le reste, la population est prise en otage et utilisée comme bouclier humain. Seules quelques positions avancées des jihadistes, à la périphérie de la ville, sont visées par l'artillerie, au prix de graves dommages provoqués aux habitations. Mais il est évident que la protection de la population civile libanaise a une priorité absolue pour l'armée.
Selon un communiqué de l'armée, 14 militaires auraient déjà payé de leur vie la bataille avec les jihadistes sunnites, sans compter 86 blessés et 22 militaires portés disparus, dont le commandement militaire tente de connaître le sort.

 

(Lire aussi : « Des hommes en cagoule se promènent depuis deux mois à Ersal »)


Le séisme Esral n'a pas manqué d'avoir des répliques dans le pays, notamment à Tripoli, où l'armée a réprimé, non sans provoquer une vive tension, une manifestation des projihadistes de Bab el-Tebbané qui cherchaient à s'installer sur la chaussée et où une grenade à main a explosé sans faire de blessés près d'un poste de l'armée.
À Beyrouth, et à titre préventif, le mouvement Amal a procédé à des contrôles d'identité et des fouilles dans le quartier de Hay el-Lija, entre Mousseitbé et Mar Élias, tandis que les forces de l'ordre faisaient de même à Nabatieh.
De Marjeyoun, une fusée de type Katioucha est partie en direction d'Israël, mais a finalement manqué son but et s'est écrasée en territoire libanais.

 

Lire aussi

Cynisme et cécité, la perspective de Michel Touma

Kahwagi a mis chacun face à ses responsabilités, l'éclairage de Scarlett Haddad

Le patriarche syriaque-orthodoxe dénonce les dangers qui menacent les chrétiens d'Orient

 

L'invasion jihadiste de Ersal et les combats engagés par l'armée depuis samedi ont fait l'union sacrée des Libanais autour de l'armée. Cette union sacrée s'est traduite par de nombreux communiqués et déclarations de soutien à la troupe venus des corps de métier et des milieux économiques. Elle se lit très clairement dans le communiqué publié après la réunion du Conseil...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut