Achrafieh. Une ville fantôme. Une ville qui a connu la psychose de la peur et celle-ci est irréfléchie : on ne peut rien contre elle. De la circulation le matin, plus rien vers 14 heures, 16 heures ou, au plus tard, 18 heures. Une boutique de fleurs, un étalage de boîtes de conserve sur un trottoir, des marchands des quatre-saisons qui apparaissent comme par enchantement, un épicier qui ravitaille ses clients, le boulanger du coin de la rue, le glacier... Mais dès la nuit tombée, c'est la peau de chagrin. On rentre dans sa coquille dans l'attente...
De demain, de tout de suite... à l'affût des moindres rumeurs et Dieu sait si celles-ci, dans notre pays, vont à 1 000 à l'heure (...)
Mme P.S., rue Sassine, mère de famille : « (...) La vie aujourd'hui à Achrafieh? Jamais de ma vie je n'ai connu une telle solidarité, une charité plus belle (...) Bien sûr il y a l'ennui (...) Mais pour rien au monde et tant qu'il y aura un Liban libre, nous ne bougerons de notre maison » (...)
Ainsi ont parlé quelques irréductibles choisis au hasard. L'attachement à la maison, c'est surtout l'attachement à un petit bout de terre. Et au-delà de tout cela, à une patrie. Meurtrie, blessée certes, mais qui n'en demeure pas moins une patrie.
Marie-Thérèse ARBID
Liban - La mémoire des 90 ans
La vie à Achrafieh - Un quotidien triste, mais les irréductibles sont là
Dans « L'Orient-Le Jour » du 31 juillet 1978
OLJ / Par Marie-Thérèse ARBID, le 31 juillet 2014 à 00h00
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