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Économie - Liban

Sécheresse : Les agriculteurs sont victimes de l’indifférence étatique, accuse Hoayek

L'Association des agriculteurs s'est rebiffée hier face à des autorités qui, selon elle, n'ont rien fait pour prévenir la catastrophe qui affecte des milliers de cultivateurs à travers le pays.

Moins d’un quart de la quantité d’eau habituellement utilisée pour l’irrigation et l’arrosage est aujourd’hui disponible, estime le président de l’Association des agriculteurs, Antoine Hoayek. Photo Bigstockphoto.com

L'Association des agriculteurs et son président, Antoine Hoayek, ont violemment critiqué hier l'inertie des autorités étatiques qui, ont-ils estimé, n'ont rien fait pour prévenir la vague de sécheresse qui frappe le pays, et ont appelé à ignorer leurs consignes.
Les propos de M. Hoayek, recueillis par L'Orient-Le Jour, sont intervenus alors que les agriculteurs sont durement affectés par une sécheresse qui perdure depuis le début de l'année ; selon le service météorologique de l'aéroport de Beyrouth, interrogé en juin, il n'est tombé à ce jour pas plus de 470 mm en 2014 au Liban, pour une moyenne annuelle de 824 mm.
« Les agriculteurs, toutes régions confondues, sont touchés ; certains en sont venus à arroser leurs arbres fruitiers, non pas en vue d'une récolte, mais simplement pour que ces derniers ne meurent pas », a poursuivi M. Hoayek. Et d'indiquer que « moins d'un quart » de la quantité d'eau habituellement utilisée pour l'irrigation et l'arrosage est aujourd'hui disponible.
Et encore, car des inégalités existent même à ce niveau. « Les cultivateurs qui ont la chance d'avoir à leur disposition un puits artésien sont mieux lotis que ceux qui n'ont que la possibilité d'accéder aux projets collectifs d'irrigation », a-t-il en effet relevé. Toutefois, a rappelé M. Hoayek, encore faut-il que le puits artésien soit exploitable – car autrement, il semblerait que le processus d'obtention d'une autorisation pour curer un puits soit relativement long et toute infraction sévèrement punie.


Ce qui a poussé l'Association des agriculteurs à appeler les autorités locales, par exemple dans la région du Chouf, à faire preuve de flexibilité en permettant aux cultivateurs d'approfondir leurs puits sans autorisation. Parmi les autres solutions proposées – en février dernier – par l'association, figuraient également l'indemnisation des agriculteurs affectés par la sécheresse et la création d'un organisme de protection des agriculteurs contre les catastrophes naturelles. « Le projet de création d'un tel organisme, la Mutuelle nationale agricole, est gelé depuis 2005 après sa lecture par la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice », avait d'ailleurs rappelé en avril l'Association des agriculteurs à l'occasion de la vague de froid qui avait décimé de nombreuses récoltes à travers le pays.

 

(Lire aussi : Deir el-Ahmar souffre d’une grave pénurie d’eau)

 

« Silence radio »
Interrogé au sujet des stratégies du ministère de l'Agriculture et des autorités concernées pour faire face à la crise, M. Hoayek les a accusés d'être restés « les bras ballants ». « C'est le silence radio. Et ce en dépit des mises en gardes réitérées de l'association qui, dès février, a publié un communiqué de presse appelant à prendre des mesures de prévention », a-t-il souligné lors d'un entretien téléphonique.
« Le ministère aurait apparemment distribué des tuyaux d'arrosage goutte à goutte (micro-irrigation) dans le cadre d'une campagne à l'échelle nationale, grâce à des subventions octroyées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (ou FAO)... Mais les 300 agriculteurs de mon village n'en ont pas vu trace », a-t-il noté. Contacté par L'Orient-Le Jour, le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, n'était pas immédiatement disponible.


Dans un communiqué paru hier, l'Association des agriculteurs a, en tout cas, appelé à ignorer des consignes éventuelles que pourrait donner l'État en matière de rationnement (stopper l'irrigation des récoltes pour que l'eau soit réservée à la consommation alimentaire). « Nos précédentes expériences en matière de dédommagements aux agriculteurs pour cause de dégâts (catastrophes naturelles) nous ont donné la preuve des mensonges proférés par les autorités ; par conséquent, nous n'avons aucune confiance en eux quoi qu'ils disent et quoi qu'ils décident », a expliqué en conclusion le communiqué.

 

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