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Moyen Orient et Monde - Scandale

Washington espionnait des responsables musulmans américains

« Le gouvernement fédéral prend pour cibles des Américains, même ceux qui ont servi pour leur pays dans l’armée ou le gouvernement, simplement à cause de leur foi ou de leur héritage religieux. » Kevin Lamarque/Reuters

Le FBI et l'agence de sécurité nationale NSA ont surveillé les communications électroniques de cinq importants responsables musulmans aux États-Unis pendant au moins six ans, révèle un rapport publié hier, suscitant les foudres des organisations de défense des libertés.

Le rapport, diffusé en ligne sur le site d'informations The Intercept, est codirigé par le journaliste américain Glenn Greenwald, célèbre pour avoir publié dans The Guardian les révélations d'Edward Snowden sur le vaste programme d'espionnage de la NSA. Citant de nouveaux documents fournis par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, le rapport révèle cinq noms de responsables musulmans, tous de nationalité américaine, identifiés grâce à leurs adresses email, figurant parmi les personnes espionnées sur autorisation du tribunal spécial chargé du renseignement classé secret défense (Fisc).

El-Qaëda, Hamas ou Hezbollah
Le rapport fait état de 7 485 adresses électroniques surveillées de 2002 à 2008. De nombreux courriels proviennent d'étrangers soupçonnés par l'administration Obama d'appartenir à el-Qaëda, au Hamas ou au Hezbollah. Y figure Anwar al-Aulaqi, l'imam américain tué dans une attaque de drone au Yémen en 2011.
Mais The Intercept précise avoir identifié plusieurs Américains parmi les adresses électroniques. Parmi eux, figure un responsable de l'administration Bush, Faisal Gill, ancien candidat du Parti républicain qui avait travaillé au département de la Sécurité intérieure sous George W. Bush. Il y a aussi Nihad Awad, directeur de la plus puissante organisation de défense des droits musulmans Cair (Council on American-Islamic relations). Mais également un avocat dans les affaires de terrorisme, Asim Ghafoor, ou encore des universitaires : Hooshang Amirahmadi, professeur irano-américain à la Rutgers University, et Agha Saeed, militant des droits de l'homme et ancien professeur à la California State University. « Tous les cinq démentent avec véhémence avoir jamais été impliqués dans le terrorisme ou l'espionnage, et aucun ne soutient le jihad violent », précise The Intercept.

 

(Pour mémoire: Des informateurs musulmans recrutés par la police de New York)

 

« Discrimination au faciès »
En réaction, une coalition de 44 organisations de défense des droits de l'homme, droits civiques et religieux, a envoyé une lettre au président Barack Obama pour réclamer « une pleine explication publique de ces pratiques ». « Votre administration doit répudier la notion de discrimination au faciès », mais aussi en fonction de la religion ou de l'origine en matière de sécurité nationale, écrit la coalition menée par la puissante Aclu de défense des libertés.
« Ce rapport confirme les pires craintes des musulmans américains, écrit l'organisation juridique de défense des musulmans Muslim Advocates. Le gouvernement fédéral prend pour cibles des Américains, même ceux qui ont servi pour leur pays dans l'armée ou le gouvernement, simplement à cause de leur foi ou de leur héritage religieux. »

« C'est complètement faux, a rétorqué l'administration Obama dans un communiqué, de dire que les agences américaines de renseignements font de l'espionnage électronique de figures politiques, religieuses ou militantes uniquement parce qu'elles sont en désaccord avec les politiques publiques ou parce qu'elles critiquent le gouvernement. » Ces communications n'étaient surveillées que pour « une raison légitime de renseignement à l'étranger et de contre-renseignement », et avec l'autorisation du Fisc, précise le communiqué.

Pour le Centre pour les droits constitutionnels (CCR) cependant, cette surveillance « est calquée sur celle que le FBI a menée sur Martin Luther King Jr., Ella Baker, Jesse Jackson, Malcolm X et d'autres leaders du mouvement des droits civiques ». « On les soupçonnait alors d'association avec le Parti communiste. Aujourd'hui, ils semblent s'appuyer sur des allégations non prouvées de lien approximatif avec le Hamas », poursuivent Vincent Warren, directeur du CCR, et Nihad Awad, directeur de Cair, l'un des cinq hommes visés, en évoquant le soutien pacifique de Cair à la cause palestinienne.
« Je ne comprends pas », a réagi Faisal Gill, l'homme politique républicain dont les boîtes électroniques AOL et Yahoo! ont été surveillées. « J'ai tout fait dans ma vie pour être un bon patriote », dit-il, cité par The Intercept.

 

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