Rechercher
Rechercher

Liban - Le commentaire

Préférer sa personne à sa patrie, l’exemple vient d’en haut

La Ligue maronite vient de mettre en garde contre les ventes massives par des maronites en particulier, et des chrétiens en général, de terrains de plus ou moins large superficie, ainsi que contre une spéculation foncière devenue de mode et qui semble plus lucrative que d'autres placements. Le diagnostic est pertinent et l'avertissement est parfaitement légitime, dans un petit pays comme le Liban où la terre a joué un rôle fondamental dans l'émergence d'une identité et d'une vocation historiques.
Mais pour être salutaire, l'avertissement reste insuffisant dans un pays où le sens de l'appartenance à une patrie est en déclin, et où l'avenir même du pays est mis en péril et comme bradé par pur opportunisme.
Beaucoup de Libanais, en effet, ont perdu le contact avec leur terre. L'urbanisation du pays et l'exode rural, ainsi que le recul de l'agriculture, ont provoqué une insensibilité à l'égard de la propriété terrienne. Au XIXe siècle, l'industrie de la soie avait fortement attaché le Libanais à sa terre. Au XXe siècle, la culture du tabac s'y est un moment substituée. Mais avec l'urbanisation croissante de la population et le recul de l'agriculture, ce lien a fini par se rompre, malgré un mouvement de retour à la terre frustré par les prix exorbitants des biens-fonds.
Malgré la gravité du phénomène, et ce qui est peut-être à l'origine de cette perversion du sens de la valeur de la terre, est la déperdition de la confiance que les Libanais ont placée dans un État juste et fort susceptible de défendre leurs droits et de leur assurer une vie digne. Pour beaucoup, la vente de biens-fonds et l'option de l'émigration par les Libanais sont fonction du désespoir que beaucoup éprouvent de pouvoir mener une vie digne dans un État qui leur assurerait leurs droits et leurs besoins fondamentaux.
Beaucoup de Libanais, en effet, ne croient plus que le Liban pourra jamais être maître de son destin, à l'ombre d'un État juste et fort. Ils considèrent que le clivage entre deux courants politiques radicalement opposés, que la persistance de la corruption au sein de l'administration, que la précarité des services publics, comme l'électricité, que la présence d'un parti militairement indépendant de l'État, ont provoqué des dommages irréparables au sentiment de confiance qu'ils avaient dans leur avenir et celui de leurs enfants.
La crise qui a provoqué la vacance présidentielle, et qui entretient le vide, est venue confirmer que le pays semble ingouvernable et a atteint un point d'anarchie irrémédiable, puisqu'un homme à l'ego surdimensionné bloque le processus constitutionnel. Comment, dans ce cas, si l'on est doté d'un minimum de bon sens, songer à rester ? Comment ne vendrait-on pas son lopin de terre, quand on voit l'un des puissants qui nous gouvernent préférer sa personne à sa patrie et se montrer individualiste jusqu'à la caricature.
Non, le problème n'est pas dans la vente des biens-fonds, mais dans la vente d'une patrie au plus offrant, et dans la double allégeance de certains partis qui ont vendu leur pays à l'étranger.
Kamal Joumblatt disait que « l'intégrité de l'unité nationale est plus importante que l'intégrité territoriale ». De son côté, un homme politique français affirmait que le Liban pourrait « imploser » par pur aveuglement, à cause de son refus de tirer les leçons de l'expérience et qui qui ajoutait que les catastrophes qui s'abattent sur des peuples ne s'abattent pas d'un coup. Le véritable problème avec les Libanais, c'est leur cécité, leur déraison, qui leur fait dire qu'il y a une rougeur, là où il y a en réalité un cancer.

La Ligue maronite vient de mettre en garde contre les ventes massives par des maronites en particulier, et des chrétiens en général, de terrains de plus ou moins large superficie, ainsi que contre une spéculation foncière devenue de mode et qui semble plus lucrative que d'autres placements. Le diagnostic est pertinent et l'avertissement est parfaitement légitime, dans un petit pays comme le...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut