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À La Une - conflit

Le Soudan déchiré par les guerres, 25 ans après l'arrivée d'Omar el-Béchir

"Il y a la guerre au Darfour, au Kordofan-Sud et au Nil-Bleu, qu'ont-ils fait de bien pour le peuple?"

Une vue générale de Khartoum, la capitale du Soudan. AFP PHOTO / EBRAHIM HAMID

Un quart de siècle après avoir pris le pouvoir par un coup d'Etat militaro-islamiste au nom du "salut national", le régime du maréchal Omar el-Béchir n'a fait que détruire le Soudan, selon ses détracteurs.

M. Béchir, 70 ans, est accusé de crimes de guerre dans la région du Darfour et se maintient au pouvoir malgré les divisions internes au sein de son parti le Congrès national. Il dirige un pays où le nombre de personnes ayant besoin d'aide, y compris alimentaire, a augmenté de 40% l'an dernier alors que des millions d'habitants ont été déplacés par les conflits qui secouent la moitié des Etats du pays. L'image a été encore ternie en mai lorsqu'un juge a condamné à mort une Soudanaise chrétienne pour apostasie, un jugement qui a été ensuite annulé mais a provoqué un tollé international.

 

(Lire aussi: Soudan : la chrétienne libérée arrêtée en tentant de quitter le pays)


Le Soudan, internationalement isolé, croule sous une dette de plusieurs milliards de dollars et touche le fond dans le classement mondial en matière de développement humain, de corruption et de liberté de la presse.
De nombreux Soudanais, parmi les 34 millions d'habitants, vivent dans des maisons en brique alors que l'on s'active à mettre la dernière touche à un nouveau palais présidentiel sur les rives du Nil Bleu.

Omar al-Béchir a pris le pouvoir il y a 25 ans en renversant dans la nuit du 30 juin 1989 le gouvernement de coalition de Sadek al-Mahdi sans effusion de sang. Le gouvernement Mahdi avait marqué une rare expérience démocratique dans un pays qui a vécu des années sous le pouvoir des militaires.
Mais les sit-ins et les grèves ont paralysé l'économie sous ce gouvernement, plaçant le pays dans le besoin d'un "Ingaz" (salut), a rappelé récemment un conseiller de M. Béchir, Amin Hassen Omer, dans le quotidien arabe Asharq Al-Awsat.

Une économie non diversifiée
Al-Ingaz avait d'abord suscité l'espoir, selon un ancien haut responsable gouvernemental qui évoque les projets de développements mis en place en dépit des sanctions américaines instaurées en 1997.
Des routes ont été construites, les télécommunications étendues, les centres de soins et le système éducatif développés, assurait en mars à l'AFP Ibrahim Ghandour, le plus haut conseiller de M. Béchir.

"Les routes, ça se mange pas", rétorque Siddig Youssef, membre du comité central du Parti communiste soudanais, affirmant qu'al-Ingaz avait "tout détruit", notamment l'agriculture.

Le début de la production pétrolière à la fin des années 1990 a conduit à des années de croissance mais la naissance du Soudan du Sud en 2011 a privé Khartoum de 75% de cette production.
Depuis la livre soudanaise a perdu 60% de sa valeur et l'inflation tourne autour des 40%.
Ces pertes de revenus auraient cependant "pu être atténuées" si le gouvernement avait diversifié l'économie durant le boom pétrolier, indique un rapport du Programme de l'ONU pour le développement (PNUD) paru en mars.

Partition et conflits à répétition
L'argent et le pouvoir restent concentrés dans les régions centrales constituant le terreau des nombreuses rebellions qui s'estiment marginalisées par les élites arabe de Khartoum.

"Il y a la guerre au Darfour, au Kordofan-Sud et au Nil-Bleu, qu'ont-ils fait de bien pour le peuple?", s'interroge El Shafie Mohamed El-Makki de l'Univesité de Khartoum. Selon lui, la politique du régime a favorisé la partition du pays.

Sous le coup de mandats d'arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide dans le conflit du Darfour, le président Béchir aurait chercher à se maintenir au pouvoir pour éviter la confrontation avec la justice internationale, estiment des analystes.

Alors que le Darfour connaît actuellement ses pires violences en une décennie et que le conflit en cours depuis trois ans au Kordofan-Sud s'intensifie, la capitale elle-même n'est pas épargnée par les violences.
En septembre, des manifestations contre la décision de supprimer des subventions sur les carburants ont été durement réprimées, faisant environ 200 morts selon Amnesty International et entre 60 et 70 selon les autorités.
Pour répondre à cette contestation sans précédent et aux nombreux appels aux réformes, le président a lancé en janvier un "dialogue national", désigné comme une mascarade par de nombreux critiques.

 

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