Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Ukraine

« C’est un jour historique pour mon pays, le plus important depuis l’indépendance »

Kiev scelle son accord avec l'UE ; Moscou sommé d'apaiser la crise d'ici à trois jours ; quatre observateurs de l'OSCE libérés.

Le président ukrainien Petro Porochenko (centre), entouré du président de la Commission européenne José Manuel Barroso (à gauche) et du président du Conseil européen Herman Van Rompuy à Bruxelles après la signature de l’accord. Photo Reuters

L'Ukraine a scellé hier à Bruxelles un accord historique d'association avec l'Union européenne (UE), le même accord rejeté par Kiev en novembre dernier.
« C'est un jour historique pour mon pays, le plus important depuis l'indépendance », avait auparavant déclaré le président ukrainien Petro Porochenko à Bruxelles, avant la signature de l'accord essentiellement commercial, qui vise en particulier à lever les barrières douanières entre les États de l'UE et l'Ukraine, pays de quelque 45 millions d'habitants doté d'une forte industrie métallurgique et important exportateur agricole. « C'est un grand jour pour l'Europe (...) L'Union européenne se tient à vos côtés, aujourd'hui plus que jamais », a commenté pour sa part Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen.
Le président Porochenko a également décidé de proroger d'autant le cessez-le-feu qu'il a ordonné à ses troupes de mettre en œuvre dans les régions orientales. Il a exigé la libération d'otages, dont des observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), et la fin des « infiltrations » d'armes et de combattants, a révélé une source diplomatique européenne.
Les dirigeants de l'Union européenne, réunis à Bruxelles, ont quant à eux donné trois jours à la Russie pour engager des actions concrètes destinées à faire baisser les tensions dans l'est de l'Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions. L'UE pose quatre conditions devant être remplies d'ici à lundi à la mi-journée, dont « l'ouverture de négociations de fond sur l'application du plan de paix du président Porochenko », selon les conclusions du Conseil. Même son de cloche pour Angela Merkel : « Nous attendons des progrès dans les heures qui viennent. Si nous ne constatons aucune avancée sur les points retenus, nous sommes prêts à prendre des mesures drastiques », a déclaré la chancelière allemande à Bruxelles.

« Conséquences graves »
En Russie, les réactions ont aussitôt pris une tournure menaçante. « Le coup d'État anticonstitutionnel à Kiev et les tentatives d'imposer au peuple ukrainien un choix artificiel entre l'Europe et la Russie ont poussé la société vers une scission et une confrontation interne douloureuse », a déclaré M. Poutine à la télévision russe, soulignant au passage qu'il ne reconnaissait toujours pas la légitimité des autorités pro-européennes de Kiev. Avec l'accord signé à Bruxelles, qui s'ajoute à ceux similaires qu'ont paraphés le même jour la Géorgie et la Moldavie, s'évanouissent les rêves de Vladimir Poutine de voir entrer l'Ukraine dans l'Union économique qu'il a créée avec d'autres pays de l'ex-URSS, comme le Belarus et le Kazakhstan, au moment où il cherche à rétablir l'influence de Moscou dans cette zone. Le président russe a, au passage, souhaité un cessez-le-feu de « longue durée » en Ukraine, nécessaire pour des « discussions de fond ».
Un vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine a, lui, averti que cela aurait des « conséquences graves » sur les relations commerciales avec l'Ukraine. La Russie craint une arrivée de produits fabriqués dans l'UE, via ce pays, au détriment de sa production nationale, et estime que Kiev ne peut pas bénéficier de conditions commerciales privilégiées à la fois avec Bruxelles et Moscou. Et près de deux semaines après la coupure du gaz russe à l'Ukraine faute d'accord sur le remboursement d'une dette, le géant russe Gazprom a menacé hier de réduire ses livraisons aux compagnies européennes qui fournissent du gaz à l'Ukraine « en flux inversés » pour compenser l'interruption des livraisons russes. Le directeur général de Gazprom Alexeï Miller a aussi exigé que Kiev règle ses dettes avant d'envisager la poursuite de négociations.

Négociations indirectes
Le président Porochenko, milliardaire de 48 ans, a été élu le 25 mai sur la promesse d'orienter vers l'Europe l'Ukraine, ancienne république soviétique qui a accédé à l'indépendance en 1991. L'arrivée au pouvoir de pro-européens à Kiev et ses suites ont suscité une poussée de fièvre dans les relations entre Russes et Occidentaux sans précédent depuis la guerre froide. Le nouveau chef de l'État n'a pas caché qu'il comptait faire de cet accord un premier pas vers l'entrée de l'Ukraine dans l'UE, une perspective que les Européens ont pour l'instant écartée. Son premier volet, d'ordre politique, avait été signé en mars par le Premier ministre, Arseni Iatseniouk. La signature du document était initialement prévue pour novembre dernier, avant la volte-face du président prorusse Viktor Ianoukovitch, qui a préféré se tourner vers Moscou pour obtenir une aide économique, l'Ukraine connaissant une récession quasi permanente depuis plus de deux ans. Ce retournement de situation avait provoqué le mouvement de contestation qui a conduit à la chute de M. Ianoukovitch, suivie du rattachement de la Crimée à la Russie, et de la rébellion prorusse qui a entraîné en avril le déclenchement d'une opération militaire ukrainienne contre les insurgés. Plus de 400 personnes ont été tuées depuis et selon l'ONU, 54 400 personnes ont été déplacées en Ukraine tandis que 110 000 autres ont fui en Russie.
En attendant un règlement hypothétique de la situation, les représentants de Kiev et des responsables séparatistes ont poursuivi hier un troisième cycle de négociations indirectes à Donetsk, mais les combats ont continué ces derniers jours dans le bassin industriel russophone du Donbass. Selon l'armée, cinq soldats ukrainiens ont été tués la nuit dernière dans des attaques de rebelles.
Par ailleurs, quatre observateurs de l'OSCE enlevés le 26 mai par des prorusses ont été libérés dans la nuit, ce dont s'est félicitée l'OSCE, demandant la libération des autres observateurs. Une deuxième équipe d'observateurs, basée à Lougansk, est retenue quelque part dans l'Est depuis le 29 mai. Un chef rebelle de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk, Alexandre Borodaï, a affirmé que leur libération était une question de jours.

(Sources : agences)

L'Ukraine a scellé hier à Bruxelles un accord historique d'association avec l'Union européenne (UE), le même accord rejeté par Kiev en novembre dernier.« C'est un jour historique pour mon pays, le plus important depuis l'indépendance », avait auparavant déclaré le président ukrainien Petro Porochenko à Bruxelles, avant la signature de l'accord essentiellement commercial, qui vise en...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut