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Culture - Festival

« Al-Sayyida » Magida el-Roumi défie la haine et embrase Beiteddine

La diva libanaise a interprété ses plus grands tubes devant un public conquis, lors de la soirée d'inauguration.

Une performance magistrale et généreuse, chargée de symboles, de Magida el-Roumi, jeudi soir à Beiteddine. Press Photo

Grandiose était, jeudi soir, le coup d'envoi du Festival international de Beiteddine. En choisissant d'inaugurer cette édition par une performance signée Magida el-Roumi, devenue aujourd'hui l'un des symboles modernes de la chanson libanaise classique et patriotique ainsi qu'une icône de la chanson arabe, les organisateurs de ce festival, qui aura bientôt 20 ans et qui est né dans des circonstances sécuritaires difficiles, ne savaient pas que cette soirée allait être une véritable opération de résistance culturelle. Faisant fi de tous les défis et de toutes les explosions, Magida s'est produite devant plus de 4000 spectateurs réunis dans la cour de l'émir Béchir, devant (et avec) lesquels elle a chanté ses plus grands classiques ainsi que ses nouveaux tubes pendant deux longues heures, accompagnée par 80 musiciens et choristes dirigés par le maestro Élie el-Alia.

Apparaissant au balcon aux alentours de 21h30, à l'ouverture de la petite porte en arcade, toute de blanc vêtue, Magida el-Roumi est descendue par l'escalier de pierre rencontrer le public en délire sous une pluie d'étincelles. Devant le palace présidentiel d'été, aujourd'hui vide de son hôte, la diva a choisi d'amorcer son concert par l'hymne Sayyidi al-Ra'is. Un cri venant du cœur à l'ombre de la vacance présidentielle et qui était retransmis en direct sur la MTV « pour faire taire les langues de vipères qui nous prédisent une mauvaise saison touristique», comme le répétait l'équipe de retransmission du concert. En fait, au premier rang, une chaise « présidentielle » vide, à côté d'un drapeau libanais.

« J'ai toujours chanté ce titre devant le président de la République, a clamé Magida el-Roumi. Aujourd'hui, c'est un appel aux responsables, un cri qui baigne dans les larmes, dans l'espérance, dans l'amour, sans aucune connotation politique. Je ne suis simplement qu'une citoyenne du Liban. Je crois en son État, en sa souveraineté, en son prestige, en ses institutions. Nous avons le droit, après tout ce que nous avons enduré, de rêver à un pays à la hauteur de nos souffrances, des sacrifices de nos martyrs.» Et d'ajouter: «Si mon appel reste sans écho auprès des responsables, il y a Dieu qui m'entend!» «J'ai subi de nombreuses pressions pour ne pas interpréter de chansons nationales, mais je n'ai pas pu céder. Tellement de martyrs tombent dans le monde arabe et chaque coin du monde arabe qui souffre me fait mal », a-t-elle ajouté, avant de saluer les martyrs du Liban et du monde arabe, et de leur dédier son Hymne aux martyrs.

Interprétant ensuite El-Alam Elna, titre figurant sur son dernier opus Ghazal et qu'elle a elle-même écrit sur la musique de la Valse numéro 2 de Chostakovich, Magida el-Roumi a ensuite repris quatre chansons de son ancien répertoire: Ouhebbouka An Toughanni, Am Yes'alouni Alayk el-Nass, Khedni Habibi et Matrahak bi Albi, repris en chœur par le public, avant de chanter deux titres de son come-back-album de l'année 2006, Habibi (Adagio) et Ouhebbouka Jeddan, composé par Marwan Khoury sur un poème-phare de Nizar Kabbani. Magida el-Roumi a également chanté deux titres parus sur son dernier album: Ebalni Hayk, dont elle a écrit les paroles, et le magique Wa'adtouka, qu'elle avait soutiré très amicalement au chanteur Kazem el-Saher qui avait tout d'abord mis en musique, pour lui, ce morceau de Nizar Kabbani.

Alternant chansons d'amour et chansons patriotiques, la fille du grand musicien Halim el-Roumi qui mène une carrière internationale depuis quatre décennies n'a pas par ailleurs oublié Am Behlamak Ya Helm Ya Lebnan, avec ses difficiles notes aiguës, et un medley libanais signé Zaki Nassif avec Layletna Men Layali el-Omr, qu'il lui avait écrit et composé en 1986, Tallou Hbabna et Raje' Yet'ammar Lebnan. Embrassant le drapeau libanais, Magida el-Roumi a également dévoilé son nouveau titre Al-Horiyya, écrit par Talal Haydar et composé par Salim Assaf. Un vrai coup de cœur du public qui n'a pas tardé à reprendre le refrain en chœur, réclamant un bis que Magida n'a pas refusé. La reprise a été saluée par une standing ovation, avant que le concert ne se termine sous de chaleureux applaudissements par les incontournables Kalimat, E'tazalt el-Gharam et Beyrouth, Set el-Dounia.

Une performance magistrale et généreuse pour Magida el-Roumi et un coup d'envoi réussi du Festival de Beiteddine qui accueillera, entre autres cette année, entre les mois de juillet et d'août, Joss Stone, Katie Melua, Wajdi Mouawad, le ballet national de Marseille et Kazim el-Saher. De quoi plaire à tous les goûts.


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