Pharaon reste confiant quant à l’amélioration de la saison touristique

Dans un entretien accordé hier à L'Orient-Le Jour, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, s'est voulu rassurant quant à la situation sécuritaire dans le pays. « Il faut faire la distinction entre stabilité sécuritaire et risque terroriste, a-t-il insisté. Grâce aux services de renseignements et au parapluie arabe et international dont bénéficie le Liban, la stabilité sécuritaire se maintient au Liban depuis la formation du nouveau gouvernement. En ce qui concerne le risque terroriste, oui il est toujours présent et il faut continuer à le combattre, mais cela n'a rien à voir avec la situation de l'année dernière. Nous ne sommes pas dans un cycle de détérioration sécuritaire comme l'an dernier avec ce qui se passait dans la Békaa ou encore à Tripoli. »
Le ministre du Tourisme a en outre réitéré sa confiance quant à l'amélioration de la saison touristique.
« Nous nous sommes engagés à redresser le secteur et nous continuerons à tenir cet engagement, a-t-il insisté. Après une chute drastique du nombre de visiteurs au Liban entre 2010 et 2013, passant de 2 millions 300 000 touristes à 1 million 300 000, la mise en place du nouveau gouvernement et du plan de sécurité nous a permis d'anticiper une reprise du secteur touristique. Malgré les deux dernières explosions, les réservations pour le mois de ramadan se sont maintenues. Si aujourd'hui il est encore trop tôt pour pouvoir mesurer les conséquences de ces deux attentats sur le tourisme, nous nous engageons à poursuivre le travail effectué pour redresser le secteur. Mais pour cela, il ne faut pas céder à la panique et il faut relativiser le danger. »

Le retour des touristes arabes
Ils n'osaient pas se réjouir et ils avaient raison. Pour les professionnels du secteur, la désillusion de réaliser une belle saison estivale est réelle après les deux derniers attentats, tout comme l'espoir d'un nouvel été 2009.
Dimanche, les Émirats arabes unis avaient déjà demandé à leurs ressortissants de quitter immédiatement le pays du Cèdre et avaient appelé leurs citoyens à ne plus s'y rendre.
« Nous commencions à peine à retrouver le sourire, déplore Anna Maria, directrice de l'hôtel Étoile Suites au centre-ville. Avec la levée du boycott saoudien et l'accalmie au plan sécuritaire, nous misions beaucoup sur cet été, jusqu'à ces explosions... » La saison avait en effet bien débuté. « Nous avions recommencé à enregistrer des réservations en ligne, et cette tendance annonçait le retour des touristes après deux ans difficiles, souligne-t-elle. Mais avec les derniers événements et le ramadan qui arrive, nous ne savons plus à quoi nous attendre. »
Dans une des grandes boutiques de luxe du centre-ville, la déception est la même. « Nous commencions à peine à nous réjouir du retour des consommateurs arabes, souligne la vendeuse du magasin qui a préféré garder l'anonymat, puis les explosions ont recommencé. Il s'agissait de touristes saoudiens et koweïtiens. Je m'en souviens très bien car avant leur arrivée, cela faisait près de trois ans que nous n'avions plus travaillé. J'espère qu'ils ne vont pas avoir peur de revenir », conclut-elle sans trop y croire.
Notons que 60 % des dépenses touristiques au Liban proviennent des touristes du Golfe, selon les chiffres de l'Union des Chambres libanaises de commerce.
De son côté, Rita Saad, responsable marketing de l'hôtel Le Gray, surveille de près les annulations éventuelles et le rythme des réservations de son établissement. « Il est certain que les derniers événements font peur, affirme-t-elle, mais jusqu'à présent, nous n'avons heureusement pas constaté d'annulations et le rythme des réservations semble se maintenir. »
Selon Mme Saad, le taux d'occupation de l'hôtel se maintient toujours à 75 %, un chiffre réalisé grâce au fait que l'établissement a décidé de diversifier sa clientèle. « Nous comptons beaucoup d'hommes d'affaires et de touristes européens. Il faut cesser de trop miser sur les touristes arabes afin de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier », précise-t-elle.
Même son de cloche pour Anna Maria, à l'hôtel Étoile Suites : « Même si nous nous sommes réjouis du retour de la clientèle arabe, nous misons toujours sur une importante et fidèle clientèle corporative qui nous permet de maintenir notre taux d'occupation. Cela fait trois ans que nous travaillons au jour le jour, au gré des explosions, et nous sommes prêts à tout, touristes arabes ou pas. »
De son côté, le président du syndicat des établissements balnéaires, Jean Beyrouthi, indique ne pas avoir constaté d'annulations suite aux deux derniers attentats. « À l'approche du mois de ramadan, l'activité touristique a tendance à diminuer de 60 %, indique-t-il, les touristes arabes rentrant de toute manière jeûner dans leur pays. Pour l'instant, la saison estivale n'est pas encore partie en fumée », a-t-il conclu, soulignant que 186 festivals se tiendront cet été au Liban.