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Liban

II - Entre ténèbres et lumière, le parcours des prisonnières* : Dar al-Amal, une association d’espoir pour les détenues en quête de réinsertion

Photo prise au cours de la cérémonie de remise de diplômes à la prison de Baabda, dans le cadre du programme visant à renforcer les politiques et les pratiques des droits de l’homme dans les prisons des femmes au Liban. Ce projet est financé par l’Union européenne et l’Agence suédoise de coopération internationale au développement. Il est exécuté par quatre ONG au nombre desquelles figure Dar al-Amal.

La prison est un lieu qui concerne la société au plus haut point. Elle est un mal encore nécessaire, mais comment faire pour qu'elle soit efficace dans son rôle de protection du citoyen, tout en permettant d'œuvrer à la réinsertion de ceux qui y passent parfois une partie de leur vie? «Le monde pénitentiaire doit devenir plus efficient avec des objectifs de réinsertion, un programme encourageant les prisonniers qui en dépendent à être motivés, à mobiliser leurs efforts vers un avenir différent, meilleur. Et la société doit pouvoir espérer qu'un ex-détenu ne retourne pas en prison une fois libéré», déclare Hoda Kara, responsable de l'ONG Dar al-Amal. «Il est temps de concevoir la prison en fonction du regard de notre monde moderne et non plus seulement sous l'angle de la répression, et de travailler sur une législation des prisons conforme aux normes internationales. Ainsi, en partenariat avec l'Union européenne, l'Agence suédoise de coopération internationale au développement, Diakonia, Caritas, la Fondation Safadi, le RDFL, les Forces de sécurité intérieure...

Dar al-Amal intervient pour améliorer les conditions de détention, dans la perspective d'une bonne réinsertion sociale. L'action de cette association vise l'application de la Convention des droits de l'enfant, de la Déclaration des droits de l'homme; et s'occupe essentiellement de prévention de la délinquance juvénile, de réhabilitation et de réinsertion sociale des filles et femmes violentées, ainsi que des prisonnières pendant leur incarcération et après leur libération. Elle poursuit son projet (qui très prochainement deviendra réalité) consistant à installer un hébergement qui assurera la protection de ses protégées à Choueifat.

 

La réinsertion, un combat quotidien
«Bien que les moyens soient modestes et les besoins énormes, des équipes pluridisciplinaires, formées d'avocats, de psychologues, d'assistantes sociales... ne baissent pas les bras et continuent de se battre», poursuit Hoda Kara. « Les femmes en prison sont majoritairement issues de milieux défavorisés et souffrent fréquemment de problèmes liés à la violence, à la toxicomanie... Elles présentent souvent des antécédents de maltraitance physique et d'abus sexuels. Au regard de ces difficultés, l'association agit pour aider les femmes à mieux supporter leur enfermement, à préparer leur sortie, à les accompagner dès leur retour à la liberté dans leur recherche d'autonomie et à sensibiliser le grand public à la question carcérale. À cette fin, l'association a mis en place des sessions de formation professionnelle qui répondent le mieux au marché du travail, au terme desquelles un certificat sera remis à la détenue. Des activités de broderie sont à la disposition de toutes. Et des ateliers d'apprentissage permettent à celles qui le désirent l'initiation à certains métiers simples: coiffeuse, maquilleuse, manucure, serveuse. De plus, Dar al-Amal offre un suivi psychologique, un accompagnement basé sur le respect de la personne, sans discrimination ni jugement. Elle constitue "une passerelle" entre l'univers carcéral et le monde social, et essaie principalement d'aider les prisonnières à se reconstruire, à reconstruire une vie autonome afin d'assumer la gestion de leur vie au quotidien et d'exister en tant qu'individus conscients de leurs droits et devoirs. Par les rencontres, dans une relation d'égalité, par une parole sans tabou et une écoute sans préjugés. Ce qui les encouragera à tourner la page et à continuer d'exister», conclut-elle.


Salwa, 26 ans, condamnée pour vol, en est le témoin. «Grâce à ma nouvelle formation de coiffeuse, j'ai hâte de sortir, je rêve de travailler pour pourvoir à mes besoins et à ceux de mon fils naturel, délaissé même par ma famille, confie-t-elle. L'assistante sociale, la psychologue m'ont soutenue énormément, et leur écoute a opéré en moi un changement radical. Je sentais que j'étais prisonnière de ma propre personne. Aujourd'hui, rien ne me fait peur. Je sens que je suis plus forte, bien armée pour relever le défi, prête à faire face au monde extérieur et aux personnes qui se considèrent libres.»

 

Lire la première partie du dossier
Entre ténèbres et lumière, le parcours des prisonnières au Liban

 

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