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Économie - Liban - Forum

L’avenir économique du Liban...un optimisme teinté de craintes

Priorités, politiques économiques et prévisions... Au Forum sur « l'avenir économique du Liban », tour à tour, responsables politiques et présidents d'organismes économiques se sont succédé pour lister les innombrables défis qui empêchent le pays d'aller de l'avant. Quid des solutions concrètes ?

De g. à d. : MM. Sabounjian, Gemayel, Choucair, Kassar, Machnouk, Salamé, Bassil et Itani. Photo Nasser Trabulsi

« Le Forum sur l'avenir économique du Liban a pour ambition d'être notre Davos à nous. » C'est sur ces mots teintés d'optimisme que l'ancien ministre de l'Industrie et coordinateur du Forum, Vrej Sabounjian, a accueilli les quelques centaines de personnalités du monde politique et économique présentes hier à l'événement, organisé par l'Union générale des Chambres de commerce arabes. Le mot d'ordre du Forum était donc de proposer des solutions et des idées concrètes pour permettre au pays – qui vit une de ses périodes économiques les plus difficiles depuis trois ans – de renouer avec le chemin de la croissance. Et pourtant, parmi les nombreuses interventions, rares sont celles qui ont véritablement respecté la règle du jeu, et pour cause : difficile de se projeter dans l'avenir avec une crise politique régionale à durée indéterminée, un vide politique interne dévastateur pour la confiance des investisseurs et des consommateurs, et une classe politique corrompue et gangrénée depuis des années.

 

L'économie, viscéralement liée à la politique
L'un après l'autre, les intervenants ont tous condamné le vide à la présidence, « qui ne peut avoir que des répercussions négatives sur l'avenir de l'activité économique du pays », comme l'ont affirmé le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, et le président des organismes économiques, Adnane Kassar. Même son de cloche du côté du président de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, qui a pointé du doigt « la dégradation des indicateurs économiques depuis la vacance présidentielle, alors qu'avec la déclaration ministérielle, ils avaient repris à la hausse ». Selon lui, l'élection d'un chef d'État est la condition sine qua non à toute reprise normale de la croissance.
Le président de la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIAB), Mohammad Choucair, va même plus loin. « Ce n'est pas uniquement la vacance présidentielle qui pose problème, mais la corruption et le populisme qui gangrènent l'ensemble de la classe politique et qui empêchent tout entrepreneur ou investisseur de se projeter dans l'avenir », a-t-il affirmé. Pour l'ancien ministre des Finances, Jihad Azour, « le problème est que les responsables politiques n'ont pas le courage de mener à bout les réformes économiques, pourtant nécessaires et urgentes pour sauver ce qui peut encore l'être et stopper l'hémorragie financière causée par le déficit public ».
Et même si la volonté et la bonne foi étaient présentes, « c'est d'un système de contrôle bien ficelé, qui puisse demander des comptes concernant les activités économiques et financières, dont a besoin le Liban », a affirmé le président de la commission parlementaire des Finances et du Budget, le député Ibrahim Kanaan.
« Et pour y arriver, il est impératif de séparer toute prise de décision économique ou sociale des intérêts politiques individuels », a-t-il poursuivi.

 

Besoin de réformes globales
« L'amélioration de la situation économique est dans l'intérêt de tous les Libanais, quel que soit le bord politique auquel ils appartiennent », a souligné le Premier ministre Tammam Salam, représenté par le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk. « D'ailleurs, le gouvernement d'union nationale l'a compris, en donnant naissance à la déclaration ministérielle qui a permis de stabiliser la situation sécuritaire et de redynamiser l'activité économique », a-t-il souligné.
L'urgence, elle tient aujourd'hui à plusieurs grands dossiers-clés, qui concernent aussi bien les infrastructures (télécoms, électricité...) que l'amélioration des conditions sociales de la population (salaires, retraite, Sécurité sociale...) ou de la productivité des produits libanais (baisse des coûts pour le secteur industriel, lutte contre le dumping social causé par l'afflux de la main-d'œuvre syrienne...).
« Mais il est inutile de penser réformer quoique ce soit sans envisager un plan global, avec une vision à long terme, afin d'éviter de revivre une situation inextricable, comme c'est le cas pour la grille des salaires », a de son côté affirmé le président de la CCIAB.
Dans le cadre de cette réforme économique globale, M. Chammas propose, quant à lui, que les droits économiques du citoyen, du commerçant, de l'entrepreneur soient protégés, au même titre que les droits sociaux et, à ce titre, clairement stipulés dans la Constitution.

 

« Ne pas attendre que ça aille mieux pour faire mieux »
Et pourtant, des promesses de réformes, les Libanais en ont entendu de toutes sortes de la part des responsables politiques, et c'est pour cette raison, à juste titre, qu'ils ne leur font plus confiance. Et ce n'est pas non plus demain la veille que la situation politique régionale s'apaisera et que les touristes reviendront en masse. Alors rester les bras croisés en se lamentant sur son sort ?
« Il est vrai que le pouvoir revient à la classe politique, mais il serait erroné de considérer que les organismes économiques n'ont aucun poids dans la prise des décisions, a soutenu M. Chammas. Les études chiffrées et les campagnes que nous menons pour défendre l'économie finissent quelquefois par porter leurs fruits », poursuit-il, se référant au dossier sur la grille des salaires.
« Il ne faut pas attendre qu'on vienne nous secourir, mais il faut plutôt prendre en main la situation et savoir profiter de nos ressources », a affirmé le président de l'Association des industriels libanais (AIL), Fady Gemayel. Selon lui, « le Liban a la capacité de s'extraire du rythme des crises régionales et internationales ». « Le secteur privé regorge de potentiel, sur le plan humain et financier, et peut, par lui-même, engendrer un cycle économique vertueux », a-t-il assuré.
« Les banques ont largement les moyens de financer les activités économiques du secteur privé, ainsi que les projets de l'État », a affirmé le président de l'ABL, François Bassil.
« La BDL, elle aussi, joue un rôle important dans ce processus, en injectant des liquidités dans le marché ou en accordant des prêts subventionnés à certains secteurs productifs-clés », a de son côté ajouté M. Salamé.
Le Forum sur l'avenir économique du Liban se termine donc sur une petite note d'espoir, mais le rendez-vous pour la deuxième édition est déjà fixé à l'année prochaine, en vue de résultats plus concrets.

 

« Le Forum sur l'avenir économique du Liban a pour ambition d'être notre Davos à nous. » C'est sur ces mots teintés d'optimisme que l'ancien ministre de l'Industrie et coordinateur du Forum, Vrej Sabounjian, a accueilli les quelques centaines de personnalités du monde politique et économique présentes hier à l'événement, organisé par l'Union générale des Chambres de commerce...

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