En évoquant les révolutions en cours dans les pays de la région depuis quelques années, le monde arabe et moyen-oriental se réfère à ce qu'il appelle « le printemps arabe ».
Entre-temps, le Liban vit en léthargie. En effet, nous ressemblons à un malade placé aux soins intensifs. Tous les quelque temps, après une période d'euphonie politique, éclate un nerf essentiel de la composition libanaise. Puis, après une piqûre de rétablissement, nous récupérons sans que soit écarté pour autant le cauchemar des soins intensifs.
Inutile, le pouvoir tel qu'il se présente est inscrit aux abonnés absents.
Inutiles, les ministres qui se démènent dans leur ministère pour équilibrer leurs données.
Inutiles, les députés qui ne sont là que pour se pavaner et revendiquer, sans autre forme de procès, des lois votées et qui n'ont jamais été appliquées.
Tous ces inutiles resteront tant que les structures du pays seront ce qu'elles sont aujourd'hui.
Sans exagération, nous devons savoir que nous sommes voués à l'échec de la gestion d'un pays de 10 452 kilomètres carrés, sans son ingrédient essentiel : le citoyen.
Oui, le territoire de 10 452 kilomètres carrés qui est ce qu'on appelle le Liban a besoin d'une révolution que souhaitent sans restriction les sociétés civiles, composantes essentielles du pays.
Une révolution ? Quelle révolution ?
A.- Tout territoire qui constitue un pays compte une population qui, au Liban, n'est pas une population, mais des peuples appelés à vivre ensemble.
B.- Partant, ces peuples doivent recevoir une éducation répondant à leur ambition de devenir citoyens d'un pays, car à ce jour ils sont tous à la recherche de leur identité.
C.- Devenir citoyen d'une mosaïque aussi variée, c'est accepté une éducation basée sur :
a - la convivialité, qui consiste à vivre aux côtés d'autres gens qui appartiennent à une autre civilisation, à une autre religion ;
b - apprendre, grâce à cette éducation, à respecter l'autre dans ses traditions, sa religion, ses fêtes et les lois qui régissent différentes religions ;
c - cette éducation n'est jamais spontanée ; elle devra intéresser la famille d'abord, puis des lieux de prière (église, mosquée), puis au niveau du primaire, du secondaire et de l'universitaire ;
d - apprendre « le vivre ensemble » sur ce territoire est une question vitale et absolument nécessaire ;
e - séparer la religion de l'État, car les droits et devoirs du citoyen ne sont pas dictés par leur religion, mais par des lois qui gèrent leur vie citoyenne. Ces lois d'ailleurs sont établies par leurs représentants.
Le marchandage qui a porté sur l'élection présidentielle n'est-il pas la preuve irréfutable de l'inconscience des politiciens quant à leurs idées, leurs droits et devoirs en tant que citoyens ? Que peut-on donc attendre de représentants aussi pitoyables ?
Tout ce qui précède tient donc de l'utopie, dans les circonstances actuelles.
Jamais depuis l'indépendance n'a été établi un programme d'éducation de ces peuples pour leur apprendre à vivre ensemble, pour former une nation. Bien au contraire, ils ont eu recours aux étrangers pour leur construire des écoles, des routes, des universités, des hôpitaux, des dispensaires, etc. Dès lors, pourquoi s'étonner de voir ces peuples se retourner contre un soi-disant État, d'ailleurs inexistant, et les voir se proclamer citoyens d'un autre pays que le leur ?
Tout est là !
Le jour où le Liban trouvera l'homme-miracle qui saura présenter un programme de citoyenneté à une équation aussi complexe que celle du Liban, alors seulement on aura un pays.
Les dirigeants qui ont hérité d'un pays en déliquescence passent leur temps à colmater les brèches d'un quotidien sans cesse remis en question. Ils n'ont jamais eu le temps ni l'intelligence de se pencher sur le mal qui ronge le pays et qui continuera de le ronger tant qu'ils n'auront pas réalisé qu'ils ont besoin d'une révolution, ou d'une dictature, pour imposer à ces peuples du Liban un mode de vie qui leur apprenne à vivre honorablement ensemble.
Malheureusement, ce n'est pas demain la veille.
Fouad J. TABET
commentaires (3)
Fouad, j'espere que tu ne m'a pas entierement oublie, apres toutes ces annees.Tu as dit: "Jamais depuis l'indépendance n'a été établi un programme d'éducation de ces peuples pour leur apprendre à vivre ensemble, pour former une nation." Et pourtant, Fouad, en 2010, le Ministere de l'Education avait publie un Plan parraine par la Banque Mondiale qui se proposait d'inculquer toutes ces notions. Malheureusement il n'a jamais ete applique. Quand tu dis: "Les dirigeants qui ont hérité d'un pays en déliquescence passent leur temps à colmater les brèches... " Je te donne entierement raison, et je suggere, en outre,que certains Libanais pourraient faire quelque chose, s'ils le voulaient assez: http://www. des-velleites-et-des-feux-de-paille.blogspot.com
George Sabat
16 h 07, le 04 juin 2014