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Moyen Orient et Monde - Conférence / Carnegie

Les Syriens apprendraient-ils à dialoguer ?

Il y a trois ans, les manifestations populaires dans le monde arabe bouleversaient la configuration politique de plusieurs pays de cette région, Tunisie, Libye, Égypte, Yémen en tête, en remettant en question le mythe de l'exceptionnalisme arabe. Depuis, force est d'admettre que les espoirs suscités n'ont pas résisté à l'évolution paradoxale de ces sociétés. En effet, ce qui devait être une période transitoire s'inscrit de plus en plus comme une dégénérescence globale et pose sérieusement la question de la capacité future qu'auront les ennemis d'aujourd'hui à coopérer ensemble dans une perspective de réconciliation nationale. En cela, le cas syrien est certainement le plus topique et devra impérativement s'inspirer des réussites et des échecs de l'expérience régionale.
C'est dans cette optique que Romy Nasr, coordinatrice de publications au centre Carnegie et chercheuse spécialisée dans les domaines de la justice transitionnelle et de la médiation de conflits, a invité Majid Almadhahi, Darine el-Hage, Wesam Jalahej et Oussama Safa. Ce dernier, directeur de la section Asie de l'Ouest pour la Commission économique et sociale aux Nations unies et spécialiste dans la résolution de conflits, a posé les jalons du débat en démontrant la nécessité pour chacun de ces pays de passer par un processus de dialogue national de réconciliation. Selon lui, l'initiative ne peut aboutir si les éléments comme la structure du dialogue, le nombre de participants ou la capacité de contraindre les acteurs à respecter leurs engagements ne sont pas pris en compte. Mais la question primordiale, sans laquelle toute tentative de dialogue est vaine, demeure celle de la représentation. En effet, au moment d'une guerre civile, qui possède une légitimité suffisante pour représenter les parties en conflit tout en garantissant une certaine objectivité sur celui-ci ?
Au regard de la situation syrienne, répondre à cette problématique apparaît très délicat, mais c'est pourtant ce à quoi s'est attelé M. Jalahej, responsable de la Ligue syrienne pour les citoyens et avocat spécialisé dans la défense des droits de l'homme. Selon lui, la possibilité d'instaurer un processus de réconciliation nationale en Syrie dépend de la tournure des évènements qu'il résume en quatre scénarios. Soit le régime sort vainqueur du conflit et il devra créer un comité de réconciliation nationale doté de fonds suffisants pour réparer les dommages causés aux victimes. Soit l'opposition radicale et extrémiste accapare le pouvoir et anéantit toute vraisemblance de réconciliation. Le cas où la partie la plus modérée de l'opposition l'emporte semble être celui où le dialogue a le plus de chance d'aboutir. Enfin, il est possible que les parties en conflit s'entendent autour d'un compromis même si l'expérience internationale, et particulièrement libanaise, a démontré la précarité de celui-ci. Les cas libyen, tunisien, yéménite présentés par Darine el-Hage, programmatrice régionale pour l'Institut américain pour la paix dans le Moyen-Orient et l'Afrique, et Majid lmadjahi, chercheur spécialisé dans l'activisme en faveur des droits de l'homme, démontrent la difficulté de s'entendre sur les termes et les enjeux du dialogue et de gérer la dépossession et l'isolation politique des « seigneurs de guerre ».

Il y a trois ans, les manifestations populaires dans le monde arabe bouleversaient la configuration politique de plusieurs pays de cette région, Tunisie, Libye, Égypte, Yémen en tête, en remettant en question le mythe de l'exceptionnalisme arabe. Depuis, force est d'admettre que les espoirs suscités n'ont pas résisté à l'évolution paradoxale de ces sociétés. En effet, ce qui devait...
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