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Culture - Exposition

L’art expérimental dans toute sa créativité

C'est un vrai voyage dans le monde fantasmagorique des artistes et de leur pensée que propose la galerie The Venue* aux Souks de Beyrouth. Une occasion pour les 70 artistes présents de laisser éclater leurs talents et leur imagination dans une série d'œuvres où l'objet est roi.*

Un coin de l’exposition. Photo Michel Sayegh

C'est la tendance de Marcel Duchamp et sa roue de bicyclette posée à l'entrée de son atelier qui a ouvert, au début du XXe siècle, la voie aux démarches artistiques les plus avant-gardistes et les plus extrémistes. Transgressant les coutumes traditionnelles de l'art, les artistes composent des œuvres à partir d'objets banals, utilisant tous les concepts des sciences de l'art pour créer une idée, vraie et originale, et non plus une simple toile. De l'art digital à l'art interactif, la sculpture ou l'assemblage des matériaux, une seule exigence dans cette exposition, à savoir «répondre aux normes des tendances postmodernes, avec l'objet comme principal source d'inspiration», explique le docteur Élias Dib, président de l'Association des artistes libanais.

L'illustration d'une idée
Derrière ces objets design qui, à première vue, paraissent décousus et déconstruits, il y a la pensée et les inquiétudes de ceux qui les ont conçus, devant l'essor d'une société matérialiste. Favorisant tout genre de matériaux (fer, bois, métal, verre...), l'artiste s'empare de ces objets, les accumule, les assemble, les détourne pour en créer une œuvre et un message. Ainsi, derrière la sculpture de l'homme habillé de stylos rouges et bleus, yeux et bouches bandés, d'Aline Kaytanjian Ohanian, c'est la «liberté de pensées» imposée aux écrivains qu'elle dénonce. Le palmier en acier et bois de Leila Kubba rend hommage à la vulnérabilité et la force du peuple irakien. Quant aux racines des troncs d'arbres de Jacqueline Ohanian, elles dévoilent la lutte de l'artiste «contre la modernisation qui détruit toute la beauté de la nature».
Des objets anodins, banals, souvent jetés prennent forme et surprennent par leur originalité et leur créativité. Même certaines œuvres qui semblent a priori saugrenues reflètent une pensée. À travers les 101 tasses de café posées au sol du peintre Fouad Chéhab, les 414 cuillères en acier inoxydable de Rasha el-Kassir disposées identiquement à la verticale à même le sol, la chaise délabrée de Thérèse Francis posée sur des chaussures usées de femmes et d'hommes, ou encore le Miroir de sables de Adnan Hakkani ramassés de plusieurs villages du Liban, ce sont des messages «d'unité, de silence, de don et de partage» qui se profilent derrière chaque œuvre.

Jeux d'ombre et de lumière
Tout sert de support pour valoriser l'objet: l'espace, l'ombre, la lumière qui font ressortir la beauté des matériaux utilisés (métal, verre, acier, bois...). Ainsi, usant du contraste de l'ombre et de la lumière, Raffy Tokatlian a mis en valeur ses «bustes humains» posés face au mur, faisant rejaillir leur ombre pour rappeler que c'est «derrière l'ombre que renaît l'espoir». Et c'est toujours à travers un jeu de lumière qui clignote doucement que David Kourani a mis en relief «les multiples pensées de l'homme qui jaillissent puis disparaissent».
Mais il faut certainement prendre le temps de scruter l'objet, d'aller au-delà du visuel, pour comprendre et rendre visible le concept qui anime la pensée de l'artiste. Un travail où originalité et créativité se conjuguent pour dénoncer le présent et construire l'avenir.

*Jusqu'à demain, jeudi 29 mai.

C'est la tendance de Marcel Duchamp et sa roue de bicyclette posée à l'entrée de son atelier qui a ouvert, au début du XXe siècle, la voie aux démarches artistiques les plus avant-gardistes et les plus extrémistes. Transgressant les coutumes traditionnelles de l'art, les artistes composent des œuvres à partir d'objets banals, utilisant tous les concepts des sciences de l'art pour créer...

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